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Référentiel Anatomie et cytologie pathologiques édition 2023

France | 21 de agosto de 2023

Par Monique R

Référentiel Anatomie et cytologie pathologiques édition 2023

Référentiel Anatomie et cytologie pathologiques édition 2023

Nous vous invitons à découvrir le chapitre 6 Pancréas de l'ouvrage Anatomie et cytologie pathologiques dans la collection Les Référentiels des Collèges.

Anatomie et cytologie pathologiques

Anatomie et cytologie pathologiques

Table des matières

Connaissances

I . Notions générales concernant les examens d'anatomie et de cytologie pathologiques intervenant dans la juste prescription (chapitres 1 à 3)

II. Pathologie digestive (chapitres 4 à 6)

III. Pathologie gynécologique  (chapitres 7 à 9)

IV. Pathologie urologique (chapitres 10 à 13)

V. Néphrologie - Amylose - Maladie de Horton et vascularites (chapitres 14 à 18)

VI. Pathologie thoracique - Pneumologie (chapitres 19 à 23)

VII. Tête et cou (chapitres 24 à 26)

VIII. Dermatologie (chapitres 27 à 29)

IX. Hématologie (chapitres 30 à 33 )

X. Divers - Cancérologie (chapitres 34 à 36)

Entraînements  (chapitres 37 et 38)

liste des chapitres et items

  1. Introduction générale

  2. Item 293 – Le médecin préleveur de cellules et/ou de tissus pour des examens d’anatomie et cytologie pathologiques

  3. Item 292 – Diagnostic des cancers : signes d’appel et investigations paracliniques ; caractérisation du stade ; pronostic

  4. Foie Items 304 -167

  5. Tube digestif Items 271-272-273-282-285-305-301-303

  6. Pancréas Item 308

  7. Item 300 – Tumeurs du col utérin, tumeur du corps utérin

  8. Item 306 – Tumeurs de l’ovaire

  9. Item 312 – Tumeurs du sein

  10. Item 310 – Tumeurs de la prostate

  11. Item 311 – Tumeurs du rein de l’adulte

  12. Item 313 – Tumeurs du testicule

  13. Item 314 – Tumeurs vésicales

  14. Item 261 – Néphropathie glomérulaire

  15. Atteinte rénale au cours du myélome

  16. Item 263 – Néphropathies vasculaires

  17. Item 195 – Artérite à cellules géantes

  18. Item 193 – Connaître les principaux types de vascularite systémique, les organes cibles, les outils diagnostiques et les moyens thérapeutiques

  19. Item 159 – Tuberculose de l’adulte et de l’enfant

  20. Item 211 – Sarcoïdose

  21. Item 309 – Tumeurs du poumon, primitives et secondaires

  22. Item 210 – Pneumopathie interstitielle diffuse

  23. Item 206 – Épanchement pleural liquidien .

  24. Item 298 – Tumeurs de la cavité buccale, nasosinusiennes et du cavum, et des voies aérodigestives supérieures

  25. Item 241 – Goitre, nodules thyroïdiens et cancers thyroïdiens

  26. Item 90 – Pathologie des glandes salivaires .

  27. Item 112 – Dermatose bulleuse touchant la peau et/ou les muqueuses externes

  28. Item 194 – Lupus systémique. Syndrome des antiphospholipides (SAPL)

  29. Item 302 – Tumeurs cutanées, épithéliales et mélaniques

  30. Item 318 – Leucémies lymphoïdes chroniques .

  31. Item 319 – Lymphomes malins

  32. Item 320 – Myélome multiple des os

  33. Item 220 – Adénopathie superficielle de l’adulte et de l’enfant

  34. Item 297 – Cancers de l’enfant : particularités épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques

  35. Item 299 – Tumeurs intracrâniennes

  36. Item 307 – Tumeurs des os primitives et secondaires

  37. Dossiers progressifs

  38. Questions isolées

Pancréas Item 308 – Tumeurs du pancréas

Charlotte Dufour, Florence Renaud

I. Prérequis II. Généralités III. Adénocarcinome du pancréas  IV. Tumeurs neuroendocrines du pancréas

Hiérarchisation des connaissances

Rang

Rubrique

Intitulé

Descriptif

A

Définition

Connaître les deux principaux types histologiques des tumeurs du pancréas

Adénocarcinome, tumeur neuroendocrine

B

Prévalence

Épidémiologie et facteurs de risque de l’adénocarcinome du pancréas et des tumeurs neuroendocrines

Comprenant l’indication de la consultation d’oncogénétique

A

Diagnostic positif

Connaître les principaux signes cliniques de l’adénocarcinome du pancréas et des tumeurs neuroendocrines

De l’adénocarcinome

A

Examens complémentaires

Connaître les indications des examens de biologie devant une tumeur du pancréas

Si douleurs abdominales ou ictère : échographie abdominale transpariétale en 1re intention. La découverte de la dilation des voies biliaires amène alors à la réalisation d’un scanner abdominal. Lorsqu’une tumeur est fortement suspectée (ictère nu avec altération de l’état général), c’est le scanner thoraco-abdomino-pelvien qui est l’examen de 1re intention. En cas de doute ou de lésion isodense au scanner, l’IRM permet parfois d’obtenir une meilleure visibilité de la tumeur. Si un doute diagnostique persiste ou si une chirurgie n’est pas indiquée en 1re intention, l’échoendoscopie permet de voir la tumeur et d’en faire des biopsies pour confirmation histologique.*

B

Si douleurs abdominales ou ictère : échographie abdominale transpariétale en 1re intention. La découverte de la dilation des voies biliaires amène alors à la réalisation d’un scanner abdominal. Lorsqu’une tumeur est fortement suspectée (ictère nu avec altération de l’état général), c’est le scanner thoracoabdomino-pelvien qui est l’examen de 1re intention. En cas de doute ou de lésion isodense au scanner, l’IRM permet parfois d’obtenir une meilleure visibilité de la tumeur. Si un doute diagnostique persiste ou si une chirurgie n’est pas indiquée en 1re intention, l’échoendoscopie permet de voir la tumeur et d’en faire des biopsies pour confirmation histologique.*

Connaître les indications des examens d’imagerie d’une tumeur du pancréas

Rechercher un cancer du pancréas et faire le bilan d’extension local (envahissement tumoral des axes vasculaires péripancréatiques) et à distance (essentiellement sous forme de métastases hépatiques ou d’une carcinose péritonéale). Avant tout geste endoscopique, bilan d’opérabilité. Avant toute décision de résection chirurgicale, une IRM hépatique avec imagerie de diffusion est recommandée pour éliminer des métastases hépatiques occultes.*

B

Prévalence, épidémiologie

Épidémiologie descriptive d’une tumeur kystique du pancréas

I. Prérequis

Le pancréas est une glande mixte, endocrine et exocrine (fig. 6.1).

Fig 6.1

Fig 6.1

  • Le pancréas exocrine est constitué de cellules acineuses, formant des acini regroupés en lobules, sécrétant les enzymes pancréatiques, drainées par les canaux excréteurs (canaux intralobulaires, puis interlobulaires et canaux collecteurs, jusqu’au canal de Wirsung). Le canal de Wirsung est également appelé conduit pancréatique principal tandis que les autres canaux correspondent aux conduits pancréatiques secondaires.

  • Le pancréas endocrine est représenté par les îlots de Langerhans, dispersés au sein des lobules pancréatiques. Ces îlots sont constitués de différents types de cellules qui se distinguent par l’hormone qu’elles sécrètent (insuline, glucagon, somatostatine, polypeptide pancréatique).

II. Généralités

(rang A)

Le pancréas peut être le siège de différents types de tumeurs épithéliales :

  • bénignes ou malignes ;

  • solides ou kystiques ;

  • de nature endocrine ou exocrine.

L’adénocarcinome pancréatique est la tumeur la plus fréquente du pancréas (90 % des cas). Il se développe à partir des cellules des canaux excréteurs et est également connu sous le nom d’adénocarcinome excréto-canalaire pancréatique.

Les tumeurs neuroendocrines, bien que plus rares, sont les deuxièmes tumeurs les plus fréquentes.

Il existe également d’autres types de tumeurs épithéliales, beaucoup plus rares (carcinome à cellules acineuses, tumeur pseudo-papillaire solide et kystique, etc.).

III. Adénocarcinome du pancréas

A. Épidémiologie

(rang B)

En France, l’incidence annuelle du cancer du pancréas est estimée à 14 000 nouveaux cas. Depuis plus de 10 ans, on assiste à une forte augmentation de son incidence. Le cancer du pancréas est ainsi passé au deuxième rang des cancers digestifs.

L’âge de survenue se situe le plus souvent entre 60 et 70 ans et la prévalence est identique dans les deux sexes.

Le diagnostic est souvent tardif, à un stade non résécable dans plus de 80 % des cas.

Le pronostic est très péjoratif avec une survie globale à 5 ans de 5 à 10 %, tous stades confondus.

B. Facteurs de risque

Le tabac est le seul facteur de risque environnemental (exogène) clairement reconnu. Les facteurs de risque endogènes identifiés sont le diabète de type 2 (ancien), l’obésité et la pancréatite chronique (d’origine alcoolique ou héréditaire).

Par ailleurs, le risque de survenue est très significativement augmenté en cas d’antécédent familial du 1er degré de cancer du pancréas. Il existe également des syndromes de prédisposition génétique au cancer du pancréas (rares). La suspicion d’un syndrome de prédisposition génétique au cancer du pancréas doit amener à proposer une consultation d’oncogénétique.

C. Lésions tissulaires précancéreuses

Il existe plusieurs types de lésions précancéreuses à risque de dégénérescence vers un adénocarcinome pancréatique :

  • la néoplasie intra-épithéliale pancréatique (aussi appelée PanIN pour pancreatic intraepithelial neoplasia) (fig. 6.2). Ces lésions sont par définition de petite taille et non détectables par les méthodes d’imagerie. (rang C) Elles sont uniquement visibles en microscopie, principalement observées sur pièces opératoires, en périphérie ou au sein d’un foyer d’adénocarcinome pancréatique. Elles sont généralement multifocales, intéressant les conduits secondaires et/ou le conduit principal. Elles correspondent à des modifications néoplasiques des cellules bordant les canaux excréteurs. La dysplasie peut être de bas grade ou de haut grade, en fonction du degré d’atypie cytonucléaire et de la complexité architecturale ;

  • (rang B) la tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse du pancréas (TIPMP) (fig. 6.3). (rang C) C Histologiquement, il s’agit d’une prolifération épithéliale développée au sein des canaux excréteurs, constituée de cellules produisant du mucus et formant des papilles. À l’inverse des lésions de PanIN, cette tumeur est visible en macroscopie et donc en imagerie, en raison de la dilatation kystique des canaux causée par l’accumulation endoluminale de mucus. Elle s’accompagne de lésions de dysplasie épithéliale, de bas grade ou de haut grade. Cette prolifération peut être focale (segmentaire) ou diffuse et se développer au sein du conduit principal et/ou des conduits secondaires. Le risque de transformation en carcinome infiltrant est plus important en cas d’atteinte du conduit pancréatique principal ;

  • (rang B) La tumeur kystique mucineuse (ex-cystadénome mucineux) (fig. 6.4). Il s’agit d’une lésion kystique, sans connexion avec les canaux excréteurs, à l’inverse des TIPMP. (rang  C )Cette tumeur est bordée par un épithélium mucosécrétant, présentant des lésions de dysplasie de bas grade ou de haut grade. Le revêtement épithélial repose sur un tissu fibreux ressemblant au tissu conjonctif ovarien (« stroma ovarien »). Un foyer d’adénocarcinome invasif est associé dans 15 à 30 % des cas.

(rang B) La TIPMP et la tumeur kystique mucineuse restent cependant des lésions rares qui ne précèdent qu’une faible proportion des adénocarcinomes du pancréas.

Fig 6.2 - 6.3

Fig 6.2 - 6.3

Fig 6.4

Fig 6.4

D. Diagnostic

(rang A) Le diagnostic d’adénocarcinome du pancréas est suspecté devant une symptomatologie évocatrice (signes généraux et/ou symptômes en lien avec la localisation de la tumeur) et la mise en évidence d’une lésion à l’imagerie. En cas de forte suspicion clinique de tumeur (ictère nu avec altération de l’état général), le scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection de produit de contraste est l’examen de référence pour mettre en évidence la lésion, évaluer son extension locale (rapport avec les axes vasculaires péripancréatiques) et à distance (métastases hépatiques, carcinose péritonéale, etc.).

En cas de tumeur typique résécable chez un patient opérable, l’exérèse chirurgicale est souvent proposée sans biopsie préalable et le diagnostic histologique se fait sur la pièce d’exérèse chirurgicale.

En revanche, une preuve histologique par biopsie doit être obtenue en cas de tumeur non résécable, de doute diagnostique persistant entre adénocarcinome et tumeur bénigne, ou lorsqu’un traitement néoadjuvant est envisagé. Un site métastatique peut être biopsié (métastase hépatique par exemple). En l’absence de site métastatique, la lésion pancréatique peut faire l’objet d’une ponction sous échoendoscopie.

Le compte rendu anatomopathologique permet de poser le diagnostic d’adénocarcinome et de préciser éventuellement le sous-type histologique. Les adénocarcinomes excréto-canalaires pancréatiques sont des cancers épithéliaux classés en fonction de leur différenciation (bien/ moyennement/peu différenciés) (fig. 6.5).

Fig 6.5

Fig 6.5

E. Principes du traitement et anatomopathologie

(rang C) L’exérèse chirurgicale avec limites de résection saines est le seul traitement à visée curative possible. Au diagnostic, seuls 15 à 20 % des patients y sont éligibles d’emblée (absence de métastase ou d’envahissement trop important des axes vasculaires péripancréatiques). Après chirurgie, une chimiothérapie adjuvante est recommandée.

Une chimiothérapie d’induction avant potentielle chirurgie est proposée dans certains cas, notamment en cas d’adénocarcinome pancréatique localement avancé ou de tumeur « limite » pour la chirurgie d’emblée.

  1. Exérèse chirurgicale avec envoi de la pièce en anatomie pathologique Le type d’exérèse chirurgicale est fonction de la localisation de la tumeur :

    1. duodénopancréatectomie céphalique (DPC) avec curage ganglionnaire en cas de tumeur de la tête du pancréas (le plus fréquent) (fig. 6.6) ;

    2. splénopancréatectomie gauche avec curage ganglionnaire en cas de tumeur du corps ou de la queue du pancréas. Au cours de la chirurgie, la tranche de section pancréatique est généralement envoyée en anatomopathologie pour examen extemporané, afin de s’assurer de l’absence d’infiltration tumorale. Durant une DPC, la tranche de section de la voie biliaire principale peut également faire l’objet d’un examen extemporané. L’encrage des limites (vasculaires notamment) par le chirurgien sur pièce de DPC permet d’optimiser l’évaluation des limites d’exérèse.

Fig 6.6

Fig 6.6

  1. Examen anatomopathologique de la pièce opératoire L’analyse histopathologique de la pièce opératoire est standardisée ; un nombre suffisant de ganglions doit être examiné et l’étude des limites avec mesures de la marge minimale est indispensable.

Éléments de l’examen anatomopathologique (données minimales définies avec l’INCa, 2011)

  • Type de résection et localisation de la tumeur

  • Type histologique suivant la classification de l’OMS en vigueur

  • Grade histologique (différenciation pour les adénocarcinomes en l’absence de traitement néoadjuvant)

État des limites chirurgicales de résection

  • État de la limite de résection pancréatique (saine/envahie). Si saine : marge minimale (en mm) ;

  • État de la limite de résection biliaire si DPC (saine/envahie). Si saine : marge minimale (en mm) ;

  • État des limites rétropéritonéale et vasculaires (au contact de l’axe veineux mésentérico-porte et de l’artère mésentérique supérieure) : saine/envahie. Si saine : marge minimale (en mm).

Pour les adénocarcinomes canalaires, lésions de néoplasie intra-épithéliale pancréatique (PanIN) : présentes/ absentes.

Autres facteurs pronostiques et prédictifs

  • Emboles vasculaires tumoraux : non/oui

  • Engainement périnerveux tumoraux : non/oui

Critères permettant de déterminer le pT/pN

  • Critères relatifs à la tumeur :

    • taille tumorale (cm)

    • extension tumorale au-delà du parenchyme pancréatique

    • atteinte des gros vaisseaux (tronc cœliaque, artère mésentérique supérieure, axe veineux mésentérico-porte)

  • Critères relatifs aux ganglions : nombre de ganglions envahis/nombre de ganglions examinés

Stade pTNM (selon l’édition en vigueur)

IV. Tumeurs neuroendocrines du pancréas

(rang A) Il s’agit de tumeurs épithéliales, développées à partir des cellules des îlots endocrines pancréatiques. Les cellules tumorales ont des caractéristiques morphologiques et phénotypiques (expression protéique et hormonale) ressemblant à celles des cellules endocrines normales. Ces tumeurs sécrètent des hormones peptidiques par l’intermédiaire de grains sécrétoires cytoplasmiques et expriment des protéines communes avec le système nerveux, d’où le terme de cellules neuroendocrines.

A. Épidémiologie

(rang B) Les tumeurs neuroendocrines sont les deuxièmes tumeurs les plus fréquentes du pancréas, représentant un peu moins de 5 % des tumeurs pancréatiques. Elles restent globalement rares avec une incidence annuelle d’un peu moins de 1/100 000 habitants.

B. Facteurs de risque

Dans 90 % des cas, les tumeurs neuroendocrines pancréatiques sont sporadiques. Les facteurs de risque, surtout exogènes, restent mal connus.

Dans environ 10 % des cas, elles se développent dans un contexte de syndrome de prédisposition génétique aux tumeurs neuroendocrines pancréatiques. Les plus fréquents sont la néoplasie endocrinienne multiple de type 1 et le syndrome de Von Hippel-Lindau (VHL). La suspicion d’un syndrome de prédisposition génétique doit amener à proposer une consultation d’oncogénétique.

C. Diagnostic et examen anatomopathologique

(rang C)  Les tumeurs neuroendocrines pancréatiques peuvent être de découverte fortuite, parfois dans le cadre du bilan ou de la surveillance d’un syndrome de prédisposition génétique. Elles peuvent aussi être révélées par des manifestations cliniques en lien avec la localisation de la tumeur. Dans 25 % des cas, il s’agit de tumeurs fonctionnelles (sécrétantes), responsables de symptômes en lien avec une sécrétion hormonale. Les tumeurs fonctionnelles les plus fréquentes sont l’insulinome et le gastrinome.

L’examen anatomopathologique de la tumeur (sur biopsie par échoendoscopie ou sur pièce d’exérèse) permet de poser le diagnostic positif de tumeur neuroendocrine et d’en déterminer son grade.

1. Diagnostic positif Le diagnostic positif repose sur des arguments morphologiques, complétés par une étude immunohistochimique (fig. 6.7). La nature neuroendocrine d’une tumeur est d’abord suspectée devant un aspect histologique évocateur, puis confirmée par l’expression d’au moins deux marqueurs de différenciation neuroendocrine. Les marqueurs les plus fréquemment utilisés sont la synaptophysine, la chromogranine A et le CD56 (fig. 6.7)

Fig 6.7

Fig 6.7

2. Détermination du grade tumoral Le grade tumoral est déterminé en fonction de la différenciation de la tumeur et de son activité proliférative (tableau 6.1). Il s’agit d’un facteur pronostique majeur.

Tableau 6.1. Détermination du grade tumoral 

Diagnostic et grade

Différentiation

Index mitotique

Index de prolifération Ki-67 (%)

Tumeur neuroendocrine G1

Bien différenciée

< 2

< 3

Tumeur neuroendocrine G2

Bien différenciée

2-20

3-20

Tumeur neuroendocrine G3

Bien différenciée

> 20

>20

Carcinome neuroendocrine (G3)

Peu différenciée

> 20

> 20

Une tumeur neuroendocrine peut être bien ou peu différenciée. Une tumeur est dite « bien différenciée » lorsque sa nature endocrine est facilement reconnaissable. Les tumeurs neuroendocrines bien différenciées sont constituées de nids, de petits amas, de travées ou de pseudo-glandes (cf. fig. 6.7). Les cellules tumorales ont un aspect identique les unes par rapport aux autres (aspect monotone). Leur cytoplasme est plutôt abondant et leur noyau souvent rond, avec une chromatine granuleuse, d’aspect « poivre et sel ». Lorsqu’une tumeur neuroendocrine est peu différenciée, il s’agit d’une tumeur hautement maligne. On parle alors de carcinome neuroendocrine. Dans ce cas, la tumeur est constituée de plages de cellules tumorales très irrégulières. De la nécrose tumorale est parfois présente. Parmi ces tumeurs, on distingue les carcinomes à petites cellules et les carcinomes à grandes cellules. L’activité proliférative de la tumeur est évaluée par le compte mitotique (nombre de mitoses pour une surface de 2 mm2) et par l’estimation de l’index de prolifération Ki-67, par technique d’immunohistochimie (fig. 6.8) compté dans la zone la plus marquée sur un nombre minimal de 2 000 cellules. Le Ki-67 marque toutes les cellules en cycle, c’est-à-dire toutes les cellules sauf celles en G0.

Fig 6.8

Fig 6.8

3. Autres facteurs pronostiques

Un autre facteur pronostique majeur est le stade tumoral (pTNM), évalué sur pièce d’exérèse (la classifi cation pTNM des tumeurs neuroendocrines bien différenciées du pancréas est différente de celle utilisée pour les adénocarcinomes pancréatiques). Le stade tumoral prend en compte la taille et l’extension locale de la tumeur (T), la présence de ganglions régionaux métastatiques (N) et la présence de métastase à distance (M).

Une tumeur neuroendocrine bien différenciée peut tout à fait présenter des métastases.

Le compte rendu anatomopathologique, en particulier sur pièce d’exérèse, doit également préciser la qualité d’exérèse et la présence ou non d’emboles vasculaires tumoraux et d’engainement périnerveux tumoraux.

4. Réseau de relecture spécialisé

En France, les tumeurs neuroendocrines du pancréas font l’objet d’une relecture systématique par un réseau anatomopathologique labélisé par l’INCa (TENpath).

points clés

  • L’adénocarcinome pancréatique est la tumeur la plus fréquente du pancréas. Son incidence est en forte augmentation.

  • Le tabac est le seul facteur de risque environnemental (exogène) clairement reconnu.

  • Les tumeurs neuroendocrines sont les deuxièmes tumeurs les plus fréquentes du pancréas.

  • En cas de tumeur typique résécable chez un patient opérable, l’exérèse chirurgicale est souvent proposée sans biopsie préalable et le diagnostic histologique se fait sur la pièce d’exérèse chirurgicale.

  • Une preuve histologique par biopsie doit être obtenue en cas de tumeur non résécable, de doute dia‑ gnostique persistant entre adénocarcinome et tumeur bénigne ou lorsqu’un traitement néoadjuvant est envisagé. Un site métastatique peut être biopsié. En l’absence de site métastatique, la lésion pancréatique peut faire l’objet d’une ponction sous échoendoscopie.

Anatomie et cytologie pathologiques © 2023, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Auteurs

Sous l’égide du Collège français des pathologistes (CoPath)

Coordination :

Pr Dominique Wendum, Sorbonne Université, AP-HP, hôpital Saint-Antoine, Paris Pr David Buob, Sorbonne Université, AP-HP, hôpital Tenon, Paris Dr Florence Renaud, Sorbonne Université, AP-HP, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris

Anatomie et cytologie pathologiques Rôle clé dans le diagnostic, l'évaluation pronostique et le traitement Collège Français des Pathologistes (CoPath) ISBN 9782294778308 4e édition, 2023

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