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Aller au-delà de ce que nous savons ou le défi de l’interdisciplinaire

6 septembre 2023

Le professeur Jarka Glassey, directeur de recherche en génie chimique, s’exprime sur le risque de s’aventurer au dela des cloisonnements des disciplines universitaires pour affronter les problèmes du globe. Par Ian Evans (traduit de l'anglais)

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Les personnes qui rejoignent actuellement la communauté scientifique devront relever les futurs défis auxquels le monde sera confronté. Pour y parvenir, ils devront maitriser un large éventail de disciplines, comprendre comment elles interagissent entre elles et dépasser les cloisonnements inhérents aux structures traditionnelles du monde académique.

Jarka GlasseyS’ouvre dans une nouvelle fenêtre, professeur de génie chimique à l'Université de NewcastleS’ouvre dans une nouvelle fenêtre, vice-président de la société savante des ingénieurs chimistes (S’ouvre dans une nouvelle fenêtreInstitution of Chemical Engineers (IChemES’ouvre dans une nouvelle fenêtre), et rédacteur en chef de la revue Education for Chemical EngineersS’ouvre dans une nouvelle fenêtre, croit que l’éducation interdisciplinaire et une collaboration plus étroite entre les filières aideront les chercheurs à relever les défis du futur. En tant que directrice de recherche à l’université, rédactrice de revues et membre du conseil d’administration de plusieurs sociétés savantes, le Pr Jarka Glassey a des idées claires sur le rôle que chacun de ses vecteurs peut jouer :

Prof. Jarka Glassey, PhD

Si vous observez n’importe quelle profession, vous verrez que les futures générations sont formées par des personnes qui ont elles-mêmes suivies une éducation classique. En tant qu’enseignant –  et je suis désolée de le dire – nous avons tendance à transmettre uniquement ce que nous savons. A la Société des Ingénieurs Chimistes IchemE nous essayons de remettre en question ce principe. Nous souhaitons que les enseignants examinent des faits qui leurs sont inconnus.

Selon le Pr Glassey, c’est en travaillant de manière interdisciplinaire et en partageant connaissances et nouvelles perspectives que les chercheurs seront mieux formés pour affronter les problèmes du globe. Elle cite les 17 objectifs des Nations Unies pour un développement durableS’ouvre dans une nouvelle fenêtre comme exemple de démarche interdisciplinaire permettant d’atteindre des objectifs :

A la Société des Ingénieurs Chimistes IchemE, nous avons aligné notre activité sur les objectifs de développement durable pour nous en rapprocher. Nous nous intéressons à une multitude de domaines qui vont de l’énergie à la santé, de l’assainissement de l’eau à la production de vaccins. Nous jouons un rôle dans tous ces domaines et dans beaucoup d’autres. En tant que représentant d’une profession, nous opérons dans ces secteurs mais pour réussir dans le respect des objectifs de développement durable, nous devons travailler de façon interdisciplinaire.

Les sociétés savantes et revues scientifiques ont recours à différents modes de communication pour mettre leurs communautés en contact avec de nouvelles idées et des concepts qui ne leur sont peut-être pas familiers. En encourageant consciemment l'introduction et l'exploration d'idées provenant d'autres disciplines, les rédacteurs de revues et les dirigeants de sociétés peuvent rendre cet apprentissage interdisciplinaire encore plus fructueux. Le Pr Glassey poursuit

Les institutions doivent faire des efforts pour faire tomber les barrières entre les filières. Si l’on regarde comment nos universités et nos sociétés sont organisées, on constate qu’elles sont parfaitement séparés. On a l’association des ingénieurs à côté des sociétés des beaux arts et ainsi de suite.

Mais selon Jarka Glassey, cette séparation offre également une opportunité. Même si nos sociétés sont organisées par discipline, elles fournissent une structure qui peut être utilisée pour promouvoir la recherche interdisciplinaire. Ainsi, elles peuvent favoriser une approche interdisciplinaire qui ne se produirait pas autrement :

Récemment j’ai participé à une table ronde lors d’un événement organisé par la « Société RoyaleS’ouvre dans une nouvelle fenêtre », avec des invités du monde de l’art et du design qui s’exprimaient sur le rôle central que joue la créativité pour les sciences – tout en expliquant qu’à l’inverse combien les arts peuvent se nourrir des sciences

Les universités ont également un rôle clé à jouer, a poursuivi le Pr Glassey :

À l’Université de Newcastle nous avons récemment créé des centres d’excellence qui n’obtiennent pas de financement à moins de collaborer dans trois facultés différentes. Cela peut être considéré comme une approche brutale mais c’est une façon d’amener les gens à se parler dans un contexte ou les cloisons sont très enracinées. La recherche interdisciplinaire  n’est possible que si elle est soutenue et encouragée. Nous acceptons d’être cloisonnés, mais je vois de plus en plus de moyens pour les universités de favoriser cette collaboration croisée.

Très clairement, quand un projet arrive sur mon bureau de la Société des Ingénieurs Chimistes, je ne veux pas voir que seuls des ingénieurs chimistes sont impliqués.

Inviter des points de vues divers à participer aux projets permet d’assurer une meilleure intégration d’aspects humaines et éthiques. Les sociétés et leurs revues offrent l’occasion de les introduire auprès de leur communauté respective :

Ce que nous souhaitons c’est de voir les étudiants intègrer également l’aspect éthique pour le mettre en pratique. Je suis ingénieur en génie biochimique, je vais donc confronter mes étudiants en génie chimique aux questions éthiques liées à la technique de l’ADN recombinant par exemple. Que pensent-ils des thérapies géniques cellulaires ? Est-il approprié de manipuler le génome?  Et si vous avancez dans cette voie quels sont les garde-fous à mettre en place ?

En tant qu’enseignants, rédacteurs de revues, membres d’un conseil d’administration d’une société savante, nous pouvons soutenir cette approche et ainsi aider les chercheurs à réaliser qu’ils mènent des réflexions qui sont la spécialité d’autres disciplines telles que les sciences humaines et sociales.

Comme lors de l’événement commun arts/sciences, le Pr Jarka note que l’échange de connaissances marche dans les deux sens :

L’une des revues de la société des ingénieurs chimistes est un journal de développement durable. Nous devons et pouvons donc participer au dialogue entre disciplines – non seulement parce que nous devons étudier comment le génie chimique peut s’exercer de façon durable, mais aussi parce que l’expertise des ingénieurs chimistes permet de dire ce qui est techniquement possible dans le cadre d’une réflexion sur le développement durable.

La société des ingénieurs chimistes s’interroge également sur la dimension éthique dans la mise en place l’intelligence articificielle en ingénierie, et utilise une fois de plus son rôle de société savante pour promouvoir le partage des connaissances et l’enseignement interdisciplinaire. Le Pr Glassey explique :

Avec l’intelligence artificielle, le point de vue de l’industrie se limite souvent à une question de rentabilité. Donc, d’un point de vue des métiers d’ingénierie, nous devons fournir des informations sur la disponibilité des outils. Mais nous voulons engager la réflexion éthique. Sur le plan stratégique, nous parlons alors de cet aspect avec nos membres, et notre leadership ici est reconnu par d’autres domaines d’ingénierie.

C’est encore une fois quelque chose pour lequel nous travaillons en équipe et ce faisant, nous pouvons avoir un impact réel.

Un article de

Ian Evans

Ian Evans est directeur du contenu de la communication internationale chez Elsevier. Auparavant, il y était rédacteur en chef du service de presse. Basé à Oxford, il a rejoint Elsevier il y a six ans après avoir travaillé pour un petit éditeur de science grand public et de fiction.

Ian Evans