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Anatomy Trains : les règles du jeu

France | 28 décembre 2022

Par Anne Claire Nonnotte

Anatomy Trains - les règles du jeu

Anatomy Trains - les règles du jeu

Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage  Anatomy TrainsS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Les règles du jeu

Même si les méridiens myofasciaux sont conçus comme une aide pratique pour les cliniciens, les méridiens des Anatomy Trains sont plutôt présentés comme une sorte de réseau ferré dans le cadre de cette métaphore ferroviaire. Il existe quelques règles simples, destinées à aiguiller notre réflexion, au milieu de la myriade de connexions myofasciales possibles, vers celles qui ont une signification clinique commune (fig. 2.1).

Anatomy Trains

Anatomy Trains

Puisque les continuités myofasciales décrites ici ne sont pas exhaustives, le lecteur peut utiliser les règles ci-dessous pour construire des lignes supplémentaires non explorées dans le contenu de cet ouvrage. Les patients qui présentent des anomalies structurelles graves – par exemple les victimes d'AVC, les scoliotiques ou les amputés – créeront des lignes uniques de transmission myofasciale autres que celles du schéma habituel du corps. Pour résumer, les méridiens myofasciaux actifs doivent circuler dans une direction et à une profondeur régulière via les connexions fibreuses directes aptes à transmettre une force. Cliniquement, il est également utile de noter là où les trains fasciaux s'attachent, se réunissent, se séparent ou choisissent des itinéraires alternatifs. De temps en temps, nous trouverons des lieux où nous devrons faire une entorse à ces règles ou même les outrepasser (vidéo 1.4). Ces infractions aux règles seront qualifiées de «déraillements» et nous proposerons une justification pour expliquer notre obstination en dépit de ces infractions.

Fig 2.1

Fig 2.1

1. Sur les «voies » les trains circulent dans une direction constante sans interruption

Pour rechercher un Anatomy Train, nous recherchons des «voies» composées d'unités de tissu myofascial ou conjonctif (à savoir des muscles et des ligaments – qui sont des distinctions humaines, et non pas des entités divines, évolutionnistes ni même anatomiquement distinctes). Ces structures doivent montrer une continuité de fibres fasciales formant des lignes de transmission des forces traversant le myofascia. Ainsi, comme une vraie voie ferrée, ces lignes doivent s'étirer presque tout droit ou ne changer de direction que progressivement. Certaines connexions myofasciales ne sont redressées que dans une certaine position ou sous l'effet d'activités spécifiques. De même, étant donné que le fascia du corps est agencé en plans, sauter d'une profondeur à une autre entre les plans équivaut à sauter par-dessus les voies. Les changements radicaux de direction ou de profondeur ne sont donc pas autorisés (sauf si l'on peut démontrer que le fascia lui-même agit réellement sur plusieurs niveaux); ne sont pas autorisés non plus les «sauts» d'une articulation à l'autre ou au travers de lames fibreuses circulant à contre-courant des voies. N'importe lequel de ces «sauts» annulerait la capacité du fascia soumis à une traction de transmettre cette force d'un maillon de la chaîne au suivant.

A. Direction

À titre d'exemple, les muscles petit pectoral et coracobrachial sont indubitablement reliés entre eux par un fascia au niveau du processus coracoïde (fig. 2.2A, et voir chapitre 7). Mais cette liaison ne peut pas fonctionner comme continuité myofasciale lorsque le membre inférieur est relâché le long du corps parce qu'il y a un changement radical de direction entre ces deux structures myofasciales. (Nous abandonnerons ce terme incommode en faveur de celui de «muscles», plus pratique, si le lecteur veut bien se souvenir que les muscles ne sont que de la banale viande hachée sans les fascias qui les entourent, les remplissent et les attachent.) Lorsque le membre supérieur est tenu en l'air, fléchi comme dans un service au tennis ou pendu à une barre fixe ou à une branche comme le singe de la figure 2.2B, alors les deux structures s'alignent l'une avec l'autre et agissent de fait comme une chaîne qui relie les côtes au coude (et au-delà dans les deux directions – de la Ligne Brachiale Antérieure Profonde à la Ligne Antérieure Superficielle – du pouce au bassin).

L'utilité de la théorie devient évidente lorsque l'on comprend que le problème provoqué par un service au tennis ou des tractions en supination à la barre fixe peut se manifester dans le fonctionnement de l'un de ces deux muscles ou au niveau de leur point de connexion, tout en ayant sa source dans des structures bien en amont ou en aval des voies. La connaissance du «réseau ferré» permet au praticien de prendre des décisions holistiques raisonnées en termes de stratégie thérapeutique, quelle que soit la méthode employée. Par ailleurs, les structures fasciales elles-mêmes peuvent, dans certains cas, véhiculer une force de traction dans les courbures étroites. Le muscle court fibulaire prend certes un virage serré autour de la malléole latérale, mais personne ne met en doute le maintien de la continuité d'action myofasciale (fig. 2.3). Ce type de poulies, lorsque le fascia en fait usage, est certainement autorisé par nos règles.

Fig 2.2 - 2.3

Fig 2.2 - 2.3

B. Profondeur

Bien que nous vivions au sein d'un seul réseau fascial, celui-ci s'est replié encore et encore au cours du développement embryonnaire pour former différents plans fasciaux (fig. 2.4). Chaque méridien myofascial reste dans son plan fascial propre sans sauter d'un plan à l'autre.

Fig 2.4

Fig 2.4

Tout comme les changements brusques de direction, les changements brusques de profondeur (passer, par exemple, d'un plan fascial superficiel à un plan fascial plus profond) sont désapprouvés. Observons, par exemple, le torse de face : la suite logique, en termes de direction, lorsqu'on part du muscle droit de l'abdomen et du fascia sternal et que l'on remonte sur la face antérieure des côtes, semble être les muscles infrahyoïdiens remontant sur la face antérieure de la gorge (fig. 2.5A). Créer ce «réseau ferré» devient une erreur manifeste lorsque nous comprenons que les muscles infrahyoïdiens s'insèrent sur la face postérieure du sternum et sont donc reliés à un plan fascial antérieur plus profond à l'intérieur de la cage thoracique (faisant partie de la Ligne Antérieure Profonde). En réalité, le plan superficiel se continue jusqu'au crâne via le muscle sternocléidomastoïdien (fig. 2.5B).

Fig 2.5

Fig 2.5

C. Plans intermédiaires

Résistez à la tentation de faire passer un Anatomy Train par un plan intermédiaire de fascia qui circule dans une autre direction, car comment la force de traction pourrait-elle être communiquée au travers d'une telle paroi? Un exemple  : le muscle long adducteur descend jusqu'à la ligne âpre du fémur et le chef court du muscle biceps fémoral continue dans la même direction en partant de la ligne âpre. Cela constitue-t-il obligatoirement une continuité myofasciale? Non, car il y a le plan intermédiaire du muscle grand adducteur qui interrompt toute communication directe de traction entre les muscles long adducteur et biceps fémoral (fig. 2.6). Il se peut qu'il y ait une certaine connexion mécanique entre ces deux muscles par l'intermédiaire de l'os, mais la transmission myofasciale de la force est neutralisée par cette paroi fasciale qui les sépare.

Fig 2.6

Fig 2.6

2. Ces voies s'arrêtent au niveau de «gares » ou attaches osseuses

Dans le concept des Anatomy Trains, les attaches musculaires (« gares») sont considérées comme des lieux où certaines fibres sous-jacentes de l'épimysium ou du tendon du muscle sont enchevêtrées ou en continuité avec le périoste de l'os qui les accompagne ou, moins souvent, avec la matrice de collagène de l'os lui-même. En d'autres termes, une « gare» est un lieu où l'enveloppe myofasciale externe s'attache sur l'enveloppe « ostéoarticulaire» interne. Visiblement, les fibres plus superficielles de l'unité myofasciale circulent en direction de l'élément suivant de la voie myofasciale et communiquent avec lui. Par exemple, à la figure 2.7, nous pouvons voir que certaines des fibres à l'extrémité du myofascia, sur la droite, sont manifestement liées à l'enveloppe périostée entourant la scapula, tandis que d'autres fibres se prolongent pour emprunter la « voie» suivante du myofascia. Il reste une lame solide et importante de tissu biologique qui relie le muscle splénius aux muscles rhomboïdes puis au muscle dentelé antérieur. Cela permet de dire que les séparer en muscles distincts est une invention commode.

Fig 2.7

Fig 2.7

Ainsi, par exemple, les muscles ischiojambiers s'insèrent sur la face postérieure des tubérosités ischiatiques. Tout aussi nettement, certaines fibres du myofascia des ischiojambiers s'étendent en supéromédial du ligament sacrotubéral et remontent sur le sacrum (fig. 2.8). Ces connexions permanentes (« gares») ont été négligées dans la plupart des textes contemporains qui ont tendance à traiter les muscles ou les structures fasciales de manière indépendante selon leurs actions depuis leur origine jusqu'à leur insertion, et les illustrations musculosquelettiques contemporaines ont tendance à renforcer cette impression.

La plupart des « gares» communiquent avec la chaîne myofasciale suivante plutôt par leurs fibres superficielles que par leurs fibres plus profondes : le ligament sacrotubéral en est un très bon exemple. Les couches plus profondes unissent clairement un os à un autre et ont un mouvement ou une communication très limités au-delà de ces points d'union. Plus nous remontons vers la surface, plus il existe une communication avec les autres voies myofasciales (fig. 2.9). Trop de mouvement dans les couches plus profondes s'apparente à une «hyperlaxité ligamentaire»; à l'inverse, trop peu de mouvement fournit aux tissus un terrain propice aux lésions en raison d'une raideur ou d'une immobilité qui réduit la capacité de notre corps de s'adapter avec souplesse aux mouvements.

Fig 2.9

Fig 2.9

3. Les voies se rejoignent et se séparent au niveau des «aiguillages » et de l'occasionnelle « rotonde»

Les plans fasciaux s'enchevêtrent fréquemment, se rejoignant et se séparant les uns des autres, ce que nous appellerons des « aiguillages» pour continuer avec notre métaphore ferroviaire. Les lames fasciales des muscles abdominaux, par exemple, partent ensemble des processus transverses lombaires, se divisent au niveau du raphé latéral pour donner les trois aponévroses des muscles oblique externe, oblique interne et transverse dont les faisceaux de fibres et le périmysium n'ont pas la même taille, puis se séparent uniquement autour du muscle droit de l'abdomen, avant de se rejoindre pour ne former plus qu'une au niveau de la ligne blanche, l'ensemble du processus se répétant en sens inverse du côté opposé (fig.  2.10) pour compléter la « ceinture». Autre exemple : de nombreuses lames de fascia s'entremêlent dans la région thoracolombaire et sacrée, où elles se fondent en lames plus solides, souvent non séparables à la dissection.

Fig 2.10

Fig 2.10

Les aiguillages imposent au corps – et parfois au thérapeute – de faire des choix. Les muscles rhomboïdes s'étendent des processus épineux jusqu'au bord médial de la scapula. Au niveau de la scapula, on note une connexion fasciale nette, d'une part avec le muscle dentelé antérieur (notamment à partir du fascia sur la face profonde des muscles rhomboïdes), qui poursuit son trajet sous la scapula jusqu'à la cage thoracique, et d'autre part (à partir de la couche fasciale sur la face superficielle des muscles rhomboïdes), avec le muscle infra-épineux, dont le trajet se poursuit vers le bras (fig. 2.11). Nous verrons souvent les plans fasciaux et myofasciaux se diviser ou se confondre et la transmission de force empruntera une voie plutôt que l'autre en fonction de la position du corps et des forces extérieures. Le choix de l'Anatomy Train à utiliser dans une posture ou une activité donnée n'est pas un choix volontaire, même si des modes individuels de contraction musculaire jouent un rôle et si des ajustements – disons pour prendre une posture de yoga particulière ou soulever un poids – modifient la voie exacte de transmission de la force. En général, la quantité de force transmise en aval le long d'une voie donnée est déterminée par la physique de la situation. Une «rotonde» est le lieu où de nombreux vecteurs de force myofasciale se rencontrent et/ou se croisent; l'os pubien et l'épine iliaque antérosupérieure en sont de parfaits exemples (fig.  2.12). Compte  tenu des tiraillements concurrentiels sur ces rotondes, qui sont souvent des repères osseux, le relevé de leur position est essentiel pour l'analyse structurelle des Anatomy Trains.

Fig 2.11 - 2.12

Fig 2.11 - 2.12

4. «TGV» et «TER»

Les muscles poly-articulaires (qui croisent plus d'une articulation) abondent à la surface du corps. Ces muscles recouvrent souvent une série de muscles mono-articulaires (une seule articulation), dont chacun reproduit une seule partie de la fonction globale du muscle poly-articulaire. Lorsque cette situation se produit dans un Anatomy Train, nous appellerons les muscles poly-articulaires des «TGV» et les muscles mono-articulaires sous-jacents, des «TER». Par exemple, le chef long du muscle biceps fémoral circule depuis la partie supérieure de l'articulation de la hanche jusqu'à la partie inférieure de celle du genou; c'est donc un TGV qui concerne les deux articulations. En profondeur par rapport à celui-ci, on trouve deux TER : le muscle grand adducteur –  un TER mono-articulaire croisant la hanche et réalisant l'extension et l'adduction de celle-ci – et le chef court du muscle biceps fémoral – un muscle mono-articulaire croisant uniquement l'articulation du genou pour permettre sa flexion et sa rotation (fig. 2.13). Selon nous, l'« ajustement» postural général est moins déterminé par les TGV superficiels que par les TER plus profonds, qui sont trop souvent ignorés parce qu'ils sont «loin des yeux, loin du cœur». Cela laisserait supposer qu'une bascule antérieure du bassin (posture de flexion de hanche) céderait mieux au relâchement dans les muscles pectiné et iliaque (fléchisseurs mono-articulaires de la hanche) qu'au relâchement dans les muscles droit fémoral ou sartorius. Autre exemple, une flexion chronique du coude serait traitée plus favorablement par le relâchement du muscle brachial plutôt qu'en concentrant toute notre attention sur les deux chefs du muscle biceps brachial plus évidents et plus accessibles.

Fig 2.13

Fig 2.13

Résumé des règles et des recommandations

Nous avons tenté d'être relativement exhaustifs dans notre présentation des principaux grands méridiens myofasciaux à l'œuvre dans le corps humain (fig.  2.14). Les lecteurs pourront trouver et construire les leurs en suivant ces règles (certains étudiants et collègues ont tenté de dessiner un méridien myofascial convaincant, la «Ligne Postérieure Profonde», selon ces règles, mais l'auteur demeure sceptique) :

  • suivez l'orientation et le profil du tissu conjonctif, en maintenant une direction relativement constante, sans sauter de niveaux ou traverser des plans intermédiaires de fascia ;

  • notez les gares où ces voies myofasciales s'attachent aux tissus sous-jacents;

  • notez les autres voies éventuelles qui divergent ou convergent avec la ligne;

  • recherchez les muscles mono-articulaires sous-jacents susceptibles d'affecter le fonctionnement de la ligne.

Fig 2.14

Fig 2.14

Ce que les Anatomy Trains ne sont pas

Une théorie exhaustive du traitement par manipulation

Cet ouvrage et la théorie des Anatomy Trains traitent uniquement du «feuillet externe» du myofascia pariétal comme décrit dans l'Annexe 1. Le domaine complet de la manipulation articulaire est laissé aux écrits des ostéopathes et des chiropracteurs et est hors du champ du concept des méridiens myofasciaux. Nous avons trouvé que, très certainement, la mise en équilibre des lignes relâche la tension articulaire et pourrait, de ce fait, prolonger la vie des articulations. Toutefois, l'attention au «feuillet interne» des tissus péri-articulaires ainsi qu'aux complexes de tissu conjonctif des cavités postérieure et antérieure (manipulation crâniale et viscérale) est essentielle, conseillée et tout simplement non couverte par cet ouvrage.

Une théorie exhaustive de l'action musculaire

La théorie des Anatomy Trains n'est pas destinée à remplacer les autres données sur la fonction musculaire, mais à s'y ajouter. Le muscle infra-épineux est toujours considéré comme un muscle permettant la rotation latérale de l'humérus, empêchant une rotation médiale excessive et stabilisant l'articulation de l'épaule. Nous ajoutons ici simplement l'idée qu'il agit également en tant que partie de la Ligne Brachiale Postérieure Profonde, un méridien de myofascia connecté fonctionnellement qui s'étend du petit doigt (auriculaire) jusqu'au rachis thoracique et cervical. Par ailleurs, si cet ouvrage inclut dans ses lignes la plupart des muscles nommés du corps, certains ne trouvent pas facilement leur place dans cette métaphore. Les rotateurs latéraux profonds de la hanche, par exemple, sont construits, d'un point de vue fascial, comme faisant partie de la Ligne Antérieure Profonde. Mais ils ne se prêtent toutefois pas vraiment à faire partie d'une quelconque longue ligne de transmission fasciale. Ces muscles sont plutôt dépeints comme s'associant à d'autres autour de la hanche pour présenter une série de trois éventails interconnectés [1]. Ces muscles non cités dans la carte des Anatomy Trains sont de toute évidence actifs en coordination avec d'autres muscles du corps, mais ils pourraient ne pas être opérationnels le long de chaînes myofasciales.

Une théorie exhaustive du mouvement

Si certains mouvements se déroulent précisément le long des lignes méridiennes, tout ce qui est plus complexe que le réflexe ou le geste le plus simple défie toute description en termes d'action d'une ligne unique. Fendre du bois à la hache implique un raccourcissement de la Ligne Antérieure Superficielle associé à un allongement de la Ligne Postérieure Superficielle, mais faire passer la hache en arrière et sur votre côté dominant pour donner un nouveau coup de hache implique un complexe de lignes différent – Spirale, Fonctionnelles, Latérale. Les actions globales impliquées dans la fixation d'une articulation ou la stabilisation du tronc ou dans les étirements de l'ensemble du corps relèvent plus de l'analyse des Anatomy Trains et se conforment aisément aux méridiens. Le système se prête ainsi à une analyse posturale, qui dépend principalement de la fixation. Chaque méridien décrit une ligne de traction très précise à travers le corps et la majorité des mouvements complexes traversent bien entendu le corps, changeant d'angle de traction d'une seconde à l'autre (par exemple le footballeur qui tape dans un ballon ou le lanceur de disque). Si une analyse des mouvements complexes peut probablement être faite grâce aux Anatomy Trains, il n'est pas certain que cela apporterait beaucoup à la discussion kinésiologique contemporaine. En revanche, analyser précisément quelles lignes limitent la réponse du corps au mouvement primaire ou le stabilisent pour permettre ce même mouvement –  autrement dit, quelles lignes de stabilisation sont hypertendues, inutilement maintenues, non engagées ou dangereusement relâchées – est très utile et débouche sur de nouvelles stratégies de déploiement structurel pour atteindre l'équilibre.

La seule façon d'analyser la structure corporelle

De nombreuses formes d'analyse structurelle existent partout dans le monde [2–4]. La méthode décrite au chapitre 11 s'est révélée utile dans la pratique et elle a l'avantage d'être psychologiquement neutre. Certaines approches appliquent une grille, un fil à plomb ou une forme de «norme» platonicienne sur les diversités du physique humain. Nous préférons conserver le cadre de référence aux relations dans l'individu seulement.

Un manuel d'anatomie complet

Même si cet ouvrage a pour objet les relations musculosquelettiques, il ne prétend pas être un manuel d'anatomie exhaustif. Les Anatomy Trains pourraient être décrits comme une «anatomie longitudinale». L'utilisation de n'importe quel bon atlas d'anatomie organisé par régions en parallèle du texte et des illustrations proposés ici est recommandée [5–9] (www.anatomytrains.com –  réf vidéo  : Myofascial Meridians).

Une théorie étayée scientifiquement

Les concepts de cet ouvrage sont étayés par les preuves empiriques issues d'années de pratique et par le succès de leur application par les thérapeutes dans bon nombre de disciplines différentes. Les preuves ci-incluses apportées par la dissection sont une indication première à l'appui des idées, non encore confirmées par une dissection détaillée ou par un autre type d'évaluation scientifiquement fiable. Avertissement au lecteur : les Anatomy Trains sont un travail toujours en cours.

Comment nous présentons les lignes

La présentation de l'anatomie tridimensionnelle vivante et mouvante sur une page bidimensionnelle immobile a tourmenté les professeurs d'anatomie depuis la Renaissance, lorsque Jan Stefan van Kalkar a commencé à dessiner pour André Vésale. Les méridiens myofasciaux peuvent être décrits de diverses façons  : comme une ligne unidimensionnelle stricte, comme une chaîne articulée de myofascia, comme représentant un plan fascial plus large ou comme un espace volumétrique (voir fig. 1.20 à 1.22). Nous avons tenté de mêler ces quatre descriptions dans cet ouvrage, dans l'espoir de capter l'imagination du lecteur avec l'une au moins d'entre elles. La carte n'est pas toujours le moyen de représentation idéal du territoire, mais elle peut néanmoins être utile. Les lignes précises, avec leurs « voies» et leurs « gares», avec des résumés de la fonction posturale et du mouvement, sont exposées au début de chaque chapitre; les chaînes articulées de myofascia sont décrites dans le corps du chapitre. Les questions plus larges relatives aux lignes sont discutées à la fin de chaque chapitre; les questions plus restrictives sont signalées par des pictogrammes. La première ligne décrite (chapitre 3, la Ligne Postérieure Superficielle) expose la terminologie et les concepts utilisés dans tout le reste des chapitres et mérite donc d'être étudiée en premier. Chaque chapitre contient également un guide pour la palpation et le mouvement de la ligne, conçu comme un guide commun au grand public et au praticien. Si certaines approches cliniques sont discutées, les techniques individuelles, dont nombre sont issues de la bibliothèque de l'Intégration Structurelle [2], sont peu détaillées, pour plusieurs raisons. Premièrement, les Anatomy Trains peuvent être appliqués avec succès dans de nombreuses techniques manuelles et de mouvement; la présentation d'un ensemble donné de techniques exclurait inutilement les autres. L'intention de l'auteur pour cette théorie est de contribuer au dialogue et à la pollinisation croisée au-delà des frontières techniques et professionnelles. Présenter une technique vivante dans un livre fixe des limites; or, l'auteur préfère enseigner en direct, ce qui permet de bénéficier d'un ressenti intangible dans un ouvrage. Si le lecteur est mis en appétit pour les techniques de traitement des modèles révélés par l'analyse des méridiens, c'est tant mieux. Il lui faut alors rechercher une formation ou un mentor – même si, malgré les limites, nombre des techniques mentionnées sont traitées dans un ouvrage parallèle [10]. Une formation en ligne concernant nos techniques de relâchement fascial est disponible à l'adresse www.anatomytrains.com. Les chapitres  10 et 11 présentent des utilisations spécifiques du système en termes d'analyse structurelle et du mouvement de certaines applications, relativement bien connues de l'auteur. Nous espérons ardemment que les praticiens d'autres disciplines réaliseront ce type d'analyse dans leur propre domaine d'expertise.

Thomas W. Myers Licensed Massage Therapist (LMT) Nationally Certified in Therapeutic Massage and Bodywork (NCTMB) Certified Rolfer® (ARP) Praticien et maître de conférence Directeur, Anatomy Trains LCC Maine, États-Unis Illustrations par Graeme Chambers Debbie Maizels Philip Wilson Traduction de la 3e édition IPAC GROUPE INTERNATIONAL – KRAUS BIOMEDICAL Relecture scientifique Philippe Gadet, D.O Traduction de la 4e édition Florence Le Sueur Almosni, Dr Vet. Relecture scientifique Philippe Gadet, D.O. Floriane Guilbaud, D.O.

© 2022 Elsevier Masson SAS

Références

1. Myers T. Fans of the hip joint. Massage Magazine No. 75, 1998. 2. Rolf I. Rolfing. Rochester, VT: Healing Arts Press; 1977. 3. Aston J. Aston Postural Assessment Workbook. San Antonio, TX: Therapy Skill Builders; 1998. 4. Keleman S. Emotional Anatomy. Berkeley, CA: Center Press; 1985. 5. Netter F. Atlas of Human Anatomy. 2nd ed. East Hanover, NJ: Novartis; 1997. 6. Clemente C. Anatomy: A Regional Atlas. 4th ed. Philadelphia: Lea and Febiger; 1995. 7. Biel A. Trail Guide to the Body. Boulder, CO: Discovery Books; 1997. 8. Ross L, Lamperti E. Atlas of Anatomy. New York: Thieme; 2006. 9. Gorman D. The Body Moveable. Guelph, Ontario: Ampersand Press; 1978. 10. Earls J, Myers T. Fascial Release for Structural Balance. 2nd ed. Berkeley: North Atlantic; 2017. Vous venez de découvrir un extrait de l'ouvrage Anatomy® TrainsS’ouvre dans une nouvelle fenêtre Les méridiens myofasciaux en thérapie manuelle et du mouvement

Thomas W. Myers Licensed Massage Therapist (LMT) Nationally Certified in Therapeutic Massage and Bodywork (NCTMB) Certified Rolfer® (ARP) Praticien et maître de conférence Directeur, Anatomy Trains LCC Maine, États-Unis Illustrations par Graeme Chambers Debbie Maizels Philip Wilson Traduction de la 3e édition IPAC GROUPE INTERNATIONAL – KRAUS BIOMEDICAL Relecture scientifique Philippe Gadet, D.O Traduction de la 4e édition Florence Le Sueur Almosni, Dr Vet. Relecture scientifique Philippe Gadet, D.O. Floriane Guilbaud, D.O.

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