Anévrisme de l’aorte
29 août 2018
Par Anne Claire Nonnotte
Il existe très peu de contre-indications formelles aux manipulations viscérales, le seul vrai danger est de négliger un anévrisme de l’aorte. Tout au long de ce livre nous vous faisons part des signes qui doivent vous alerter sur des pathologies qui nécessitent immédiatement une autre prise en charge. Nous allons d’abord étudier l’anévrisme de l’aorte abdominale puis évoquer ses signaux d’alerte.
Présentation
L’anévrisme de l’aorte abdominale est une dilatation permanente segmentaire de l’aorte abdominale (figure 4.1). Cette dilatation va devenir la cible de chaque battement cardiaque.
Localisations les plus courantes
Pour la partie abdominale de l’aorte, les anévrismes siègent plutôt : * au départ des artères rénales, juste sous l’origine de l’artère mésentérique supérieure, entre L1 et L2 ; * juste en dessous des artères rénales, c’est le cas le plus fréquent.
Étiologie
* Sexe masculin : les hommes sont bien plus affectés par ce problème * Âge ( > 60 ans) * Athérosclérose * Hypercholestérolémie * Hypertension artérielle * Traumatismes de l’abdomen et du dos * Tabac * Adhérences post-chirurgicales * Antécédents familiaux * Maladies systémiques, diabète, dysplasie fibromusculaire… * Anévrisme de l’artère poplitée : il est souvent annonciateur d’un anévrisme de l’aorte abdominale
Symptomatologie
Les symptômes sont le plus souvent absents au début et, en tout cas, discrets. On note : * des dorsalgies ou lombalgies : comme ce sont les motifs les plus fréquents de consultation en ostéopathie, à nous d’être vigilants ; * des douleurs abdominales sourdes siégeant plutôt à gauche où au centre de l’abdomen. Elles apparaissent spontanément et progressivement sans facteurs déclenchants. Elles peuvent être accompagnées de dyspnée et/ou dysphagie.
Évolution
La rupture de l’anévrisme provoque pratiquement toujours la mort du patient.
Palpation de l’aorte abdominale
Profondeur de l’aorte
Le patient est en décubitus, jambes tendues ( figure 4.2 ). Les jambes tendues permettent de mettre la colonne lombaire en lordose, ce qui rend plus facilement palpable et accessible l’aorte et les différents organes de l’abdomen. Y a-t-il des organes derrière l’aorte abdominale ? Hormis les organes qui sont plus postérieurs et latéraux, comme les reins, les autres sont placés en avant de l’aorte ; l’estomac, le duodénum, le pancréas, le jéjunum sont donc beaucoup plus superficiels qu’il n’y paraît. C’est grâce aux jambes tendues que nos manœuvres sont légères et non douloureuses.
Palpation de l’aorte
En principe, l’aorte abdominale est à gauche de la ligne xypho-ombilicale. Au-delà de l’ombilic, l’aorte se scinde en deux artères iliaques communes. Situé à droite du patient, enfoncez progressivement et délicatement vos pouces et vos index, en faisant des mouvements alternativement vers la droite et vers la gauche. À chaque fois, vous vous dirigez un peu plus profondément. Quand vous sentez le pouls abdominal, entourez l’aorte de part et d’autre de vos doigts. Le calibre de l’aorte est de 35 mm, le fait d’entourer l’aorte et non de la sentir uniquement sagittalement permet d’apprécier la largeur de l’aorte, elle donne l’impression d’un tube pulsatile. Si la largeur dépasse 4 cm et que vous avez l’impression d’une masse battante et expansive, conseillez au patient de faire une échographie. Surtout ne l’affolez pas et expliquez-lui que vous recommandez systématiquement cet examen par principe de précaution. En général, le diagnostic n’est pas difficile à porter, on perçoit nettement la masse pulsatile.
Piège
Très fréquemment, on perçoit chez les patients un battement aortique très fort. Ce n’est pas un signe d’anévrisme mais plutôt une réaction d’anxiété. L’aorte est entourée d’un riche plexus sympathique très réactif. Souvent les patients n’ont pas l’habitude d’être palpés et sont inquiets de ce que vous allez leur dire et leur faire, ce qui explique cette réaction d’anxiété.
Attention ! En cas d’anévrisme de l’artère poplitée, demandez au patient de faire une échographie abdominale pour inspecter l’aorte abdominale. Un anévrisme de l’aorte poplitée demande de vérifier l’état de l’aorte abdominale.
Les Auteurs
Jean-Pierre Barral, Ostéopathe DO, diplômé de l’European School of Ostheopathy (Maidstone, Royaume-Uni) et de la faculté de médecine Paris-Nord, département ostéopathie et médecine manuelle.
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