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Les différents tissus de l’organisme

France | 14 juin 2018

Découvrez en accès libre un extrait de l’ouvrage Anatomie et physiopathologie en soins infirmiers :  S’ouvre dans une nouvelle fenêtreles 10 premières pages du chapitre 4 Les différents tissus de l’organisme

Anatomie et Physiopathologie en soins infirmiers

Anatomie et Physiopathologie en soins infirmiers

Les différents tissus de l’organisme

4.1 Notions fondamentales

  • Un tissu est une structure composée de cellules qui effectuent une même tâche pour l’ensemble de l’organisme. Il est possible de différencier quatre types de tissus fondamentaux en s’appuyant sur leur mode de développement, leur structure et leur fonction (tableau 4.1).

(Cliquez pour agrandir le tableau)

  • Un organe est formé de différents types de tissus : – le parenchyme : composé des cellules responsables de la fonction propre de l’organe ; – le stroma ou compartiment interstitiel (du latin interstitium, compartiment intermédiaire) : forme l’ossature de l’organe, il contient du tissu conjonctif (TC), plus rarement du tissu épithélial et des cellules musculaires, ainsi que des vaisseaux et des nerfs.

  • L’espace intercellulaire est rempli d’une substance intercellulaire ou 

    matrice extracellulaire→ échange de substances entre le sang et les cellules, fonction mécanique (tissu conjonctif et de soutien 4.3).

4.2 Tissu épithélial

Structure cellulaire superficielle ; recouvre les surfaces externes et internes du corps, des cavités organiques et des conduits et canaux (tissu de revêtement). Il en existe diverses formes ( fig. 4.1).

Fig. 4.1 Localisation et fonction des principaux épithéliums (épithéliums sensoriels  9). La ligne noire à la base de chaque dessin correspond à la membrane basale.

4.2.1 Membrane basale

Membrane basale (MB) : (environ 1 μm) sépare l’épithélium du tissu conjonctif sous-jacent.

REMARQUE Importance lors de tumeur maligne : si la MB n’est pas encore rompue (carcinome in situ) → pas de communication avec les vaisseaux sanguins ou lymphatiques → pas de métastases, très bon pronostic.

4.2.2 Contacts intercellulaires

Les épithéliums ont souvent une fonction de protection et de barrière → ils forment des contacts intercellulaires particuliers :

  • desmosomes (macula adherens) : jonction mécanique formée par l’épaississement de segments membranaires de deux cellules voisines, associée à la présence d’un ciment intermembranaire ;

  • zonula adherens: similaire d’un point de vue structurel, elle réunit des cellules épithéliales ;

  • jonctions serrées (zonula occludens) : proches des surfaces libres, elles empêchent les échanges incontrôlées de substances ;

  • jonctions communicantes (nexus) : petits « canaux de liaison » qui traversent l’espace intercellulaire → contrôlent les échanges de substances.

4.2.3 Polarité des cellules

L’aspect des cellules épithéliales n’est pas le même du côté apical (près de la surface) que du côté basal (proche de la MB). Explication : ces deux côtés ont des fonctions différentes :

  • pôle basal : liaison mécanique avec le tissu conjonctif sous-jacent ;

  • pôle apical : dépend de la fonction de la cellule épithéliale : par exemple microvillosités

    (bordure en brosse) → réabsorption ; ou cils mobiles (kinétocil) → épithélium cilié → transport (15.4).

4.2.4 Épithélium superficiel (de revêtement)

Les épithéliums superficiels (de revêtement) recouvrent les faces interne et externe de l’organisme :

  • épithélium cutané : protège des influences environnementales et de la perte d’eau ;

  • les épithéliums de revêtement de l’intérieur du corps : tapissent entre autre les organes creux et les canaux excréteurs des glandes : → protègent les tissus de l’organisme situés plus en profondeur des substances agressives ; → contiennent souvent des cellules sécrétrices ainsi que des glandes → forment des muqueuses (tunique muqueuse ou muqueuse, du latin mucus, mucus).

Types d’épithéliums

  • Ils se différencient par la forme de leurs cellules : – épithélium pavimenteux ; – épithélium cubique (cellules aussi larges que hautes) ; – épithélium prismatique ou cylindrique (cellules plus hautes que larges).

  • Ils se différencient par l’agencement des cellules : – simple (une seule couche de cellules) : toutes les cellules sont en contact avec la MB ; – pseudostratifié : toutes les cellules sont en contact avec la MB, mais elles n’atteignent pas toutes la surface de l’épithélium ; – stratifié : seule la couche cellulaire inférieure est en contact avec la MB (fig. 4.1).

Fonctions

  • Épithélium pavimenteux simple (une seule couche de cellules) : surface lisse ; s’observe au niveau des alvéoles pulmonaires, de la plèvre, du péritoine, du péricarde, des cavités cardiaques (endocarde) et des vaisseaux sanguins (endothélium) (fig. 14 1).

  • Épithélium prismatique stratifié : tapisse les voies respiratoires, présence le plus souvent de cils apicaux.

  • Épithélium pavimenteux stratifié : protège des influences mécaniques, chimiques et thermiques : – kératinisé : épiderme (7.1) ; – non kératinisé: cavité buccale, nasopharynx, œsophage, vagin.

  • Épithélium prismatique simple: tapisse le tube digestif de l’estomac au rectum ainsi que la vésicule biliaire. Sous forme d’un épithélium cilié dans les petites bronches ainsi qu’en partie dans l’utérus et les oviductes.

REMARQUE L’épithélium transitionnel (urothélium) représente une forme particulière d’épithélium des voies urinaires : pendant le remplissage de la vessie (dilatation), l’épithélium épais (plusieurs couches de cellules) se transforme en un épithélium plat.

4.2.5 Épithélium glandulaire

REMARQUE Glandes Ensemble de cellules épithéliales spécialisées qui produisent des sécrétions.

Les glandes sont différenciées en :

  • glandes exocrines : forment le plus souvent un ensemble complexe d’ acini dotés d’un système de canaux excréteurs qui permettent l’élimination des sécrétions à la surface de la peau et des muqueuses ; – si les sécrétions sont aqueuses → glande séreuse; si elles sont muqueuse → glande muqueuse. Il existe des glandes mixtes.

  • glandes endocrines (sécrétion hormonale) : elles n’ont pas besoin d’avoir de canaux excréteurs. Leurs sécrétions (hormones 10.1) atteignent les cellules cibles en passant dans le courant sanguin par diffusion au travers des capillaires sanguins ou agissent localement (sécrétion paracrine, action à courte distance fig. 4.2).

Fig. 4.2 Différentes glandes. En haut : glandes exocrines avec ses canaux excréteurs qui amènent les sécrétions à la surface du tissu. Au milieu : glande endocrine de type vésiculaire (ou folliculaire). Les sécrétions de ces glandes s’accumulent dans les cavités formées par les cellules glandulaires et sont déversées dans le sang en cas de besoin (par exemple thyroïde). En bas : glandes endocrines sans formation de follicule. Les sécrétions sont déverséesdans les capillaires (par exemple surrénales, antéhypophyse) ou dans l’espace intercellulaire (sécrétion paracrine).

4.3 Tissus conjonctif et de soutien

Le tissu conjonctif et le tissu de soutien → donnent la forme de l’organisme et permettent son maintien. Tissu conjonctif (TC) : peut être lâche, dense, réticulaire ou adipeux. Tissu de soutien : cartilage et os.

  • Composition cellulaire : le TC contient peu de cellules, qui sont très éloignées les unes des autres et sont incorporées dans la matrice extracellulaire. Une exception : le tissu adipeux.

  • Principales cellules du TC (par exemple fibroblastes) : produisent la matrice extracellulaire.

  • Cellules libres mobiles : appartiennent principalement au système des phagocytes mononucléés (monocytes et macrophages) → défense (12.2.2).

  • Matrice extracellulaire : confère aux différents tissus conjonctifs et de soutien leurs propriétés mécaniques, leur résistance, leur forme et leur solidité ; tous les échanges de substances passent par elle.

  • Substance fondamentale (solution visqueuse formée principalement d’eau, de protéines et de composés glucidiques).

  • Fibres : chaque type de tissu conjonctif se caractérise par un mélange d’un ou de plusieurs types de fibres ainsi que par une substance fondamentale spécifique.

4.3.1 Substance fondamentale

  • Masse visqueuse, homogène, produite par les cellules du tissu conjonctif. Réservoir des liquides extracellulaires, échanges de substances entre les cellules et le sang.

  • Composée des liquides intercellulaires, de glycoprotéines et de protéoglycanes (molécules géantes ayant une forte teneur en polysaccharides et une faible teneur en protéines ; les protéoglycanes fixent l’eau des tissus → la substance fondamentale est de ce fait visqueuse à solide). Tissus de soutien (cartilage, os) : principalement une fonction mécanique.

4.3.2 Fibres

  • Fibres de collagène : présentes partout et en particulier dans les tendons et les ligaments des articulations. Forte résistance à la traction → fonction de maintien. Faible élasticité.

  • Fibres réticulaires (fibres de réticuline) : elles sont formées d’un sous-type de collagène. Leur résistance à la traction est plus faible que celle des fibres de collagène ; elles ont donc une certaine élasticité (limitée). Elles forment un réseau ramifié → s’adaptent à différentes formes. Elles sont présentes principalement dans les organes ayant un TC réticulaire (moelle osseuse,amygdales, lymphonoeuds, rate) et participent à leur soutien. Elles représentent un composant important de la membrane basale.

4.3.3 Tissu conjonctif

  • Tissu conjonctif lâche : pauvre en fibres, agencement lâche des fibres de collagène, contient peu de fibres élastiques et réticulaires. Comble, sous la forme du stroma, les espaces séparant les organes ; comble également les espaces séparant les différentes parties des organes ; maintient la forme des organes et du corps ; entoure les vaisseaux et les nerfs ; sert de réserve d’eau et de couche de glissement. Contient de très nombreuses cellules inflammatoires et immunitaires → processus de défense et de régénération.

  • Tissu conjonctif dense : riche en fibres.

  • Tissu conjonctif fibreux dense non orienté : les fibres de collagène forment un tissu dense ressemblant à du feutre, par exemple la sclérotique de l’œil (9.7.1), la dure-mère (8.11.1), les capsules entourant les organes.

  • Tissu conjonctif fibreux régulier orienté, à fibres parallèles : dans les tendons.

  • Fibroblastes : principales cellules des tissus conjonctifs lâches ou denses ; elles sont fusiformes et pourvues de prolongements. Les fibrocytes sont des fibroblastes au repos.

  • Tissu conjonctif réticulaire (ou réticulé) : ressemble au tissu conjonctif embryonnaire indifférencié. Les cellules réticulées, en forme d’étoile, forment un réseau tridimensionnel. Elles sont plaquées contre les fines fibres réticulées. Observé principalement dans la moelle osseuse et les organes lymphatiques.

4.3.4 Tissu adipeux

Tissu adipeux : forme particulière du tissu conjonctif réticulaire. Cellules principales : adipocytes.

NOTION MÉDICALE Graisse Réserve énergétique du corps : stockage de gouttelettes lipidiques, composées de graisses neutres (triglycérides) et d’eau, dans les adipocytes. Si le corps consomme moins d’énergie qu’il n’en absorbe, les gouttelettes lipidiques augmentent de taille et s’arrondissent.

Les fibres du tissu conjonctif regroupent des adipocytes en petits lobules. Le tissu adipeux est formé de nombreux lobules graisseux. Il est alimenté par un réseau vasculaire issu des capillaires.

  • Graisses de réserve : mise en réserve de l’énergie excédentaire → mobilisation en cas de déficit énergétique.

  • Graisse de soutien : rembourrage de certaines régions corporelles mécaniquement sollicitées (comme la voûte plantaire, les fesses) et couche isolante thermique. Beaucoup d’organes sont maintenus en place par de la graisse de soutien (graisse périrénale, graisse orbitaire). Lors de dégénérescence organique, le tissu adipeux peut remplir les espaces laissés vides (par exemple l’involution adipeuse de la moelle osseuse, c’est-à-dire le remplacement par des adipocytes de la moelle osseuse qui n’est plus utilisée pour l’hématopoïèse). En cas de famine, le tissu adipeux de soutien n’est attaqué qu’après l’épuisement de la totalité du tissu adipeux de réserve.

4.3.5 Cartilages

Les cartilages font partie des tissus de soutien. Ils sont particulièrement résistants à la compression → ils résistent aux contraintes mécaniques, en particulier aux forces de cisaillement.

  • Chondrocytes (cellules cartilagineuses) : sont regroupés en petits amas (logettes).

  • Périchondre (membrane cartilagineuse) : maintient le cartilage. Trois types de cartilages peuvent être différenciés selon leur proportion en fibres et en substance fondamentale (matrice) cartilagineuse (fig. 4.3).

Fig. 4.3 Schéma des trois types de cartilages. Cartilage hyalin : aussi résistant à la pression qu’élastique, recouvre les surfaces articulaires, forme le cartilage des côtes, du larynx, des anneaux de la trachée et des parties du septum nasal (cloison nasale). Cartilage élastique : forte élasticité car composé en grande partie d’un réseau fibrillaire élastique, typiquement de couleur jaune. S’observe au niveau de l’épiglotte et du pavillon de l’oreille. Cartilage fibreux : très riche en fibres de collagènes organisées en une structure dense → très résistant aux sollicitations mécaniques. S’observe au niveau des disques intervertébraux du rachis, des ménisques (cartilages en forme de croissant de l’articulation du genou) et de la symphyse pubienne (qui relie les os du pubis).

REMARQUE Le cartilage fait partie des tissus bradytrophes ayant une très faible activité métabolique. Il est alimenté uniquement par diffusion ( 3.7.1) des nutriments et de l’oxygène à partir des tissus voisins et du périchondre. Du fait de sa faible capacité de régénération → très mauvaise cicatrisation d’une lésion du cartilage articulaire ou d’un ménisque.

NOTION MÉDICALE Arthrose Trouble mécanique de la surface des cartilages articulaires. Arthrite Inflammation articulaire qui s’observe principalement lors de maladie systémique de type rhumatismal ( 5.2.2), mais aussi lors de la colonisation bactérienne d’une articulation. Toute arthrite peut entraîner une arthrose par destruction ou usure prématurée de la surface articulaire. À l’inverse, une articulation arthrosique peut présenter une inflammation (arthrose active, arthrite dégénérative).

4.3.6 Os

Tissu de soutien le plus différencié de l’homme, résistant à la pression, à la flexion et à la torsion (rotation autour du grand axe) du fait des propriétés de sa matrice extracellulaire, la matrice osseuse : une grande quantité de sels de calcium se trouve entreposé entre les fibres de collagène résistantes à la traction.

REMARQUE Ostéocytes : principales cellules du tissu osseux. Ostéoblastes : ostéocytes ayant la capacité de se diviser. Entourés de toute part par la matrice osseuse. Comportent beaucoup de fins prolongements → sont en contact avec les vaisseaux sanguins. Fonction métabolique : réserve de calcium et de phosphate.

Il existe deux types de tissus osseux.

  • L’os lamellaire compact ou fibrillaire (fig. 4.4) : prédomine dans le squelette des adultes. Les fibres de collagène de la matrice osseuse forment de fines lamelles (quelques fractions de millimètres d’épaisseur seulement) dans le tissu lamellaire → se disposent de manière cylindrique autour des canaux de Havers dans lesquels cheminent les vaisseaux nourriciers → très grand nombre de petits cylindres (systèmes de Havers ou ostéons). Les 

    ostéons sont généralement orientés longitudinalement et assurent ainsi la résistance de l’os à la flexion. Principe de la construction légère : le corps économise la masse et le poids des os : les os longs sont fabriqués comme des travées et sont formés à l’extérieur de couches d’os compact (la corticale, os cortical) et à l’intérieur d’un tissu spongieux lâche comportant des cavités (os spongieux). Près des articulations, les cavités de l’os spongieux hébergent la moelle osseuse (MO) rouge hématopoïétique. Les os font partie des tissus fortement vascularisés → ils présentent de bonnes capacités de régénération. Les vaisseaux entrent dans les os par le périoste (enveloppe de l’os) et entrent en relation avec les capillaires des canaux de Havers en cheminant dans des canaux perpendiculaires à ces derniers, les canaux de Volkmann.

  • L’os réticulaire (ou os non lamellaire) : prédomine chez les nouveau-nés. Il est remodelé progressivement en os lamellaire plus complexe et de meilleure qualité. Structure fondamentale : travées osseuses lâches entrelacées (trabécules) → moins stable que l’os lamellaire.

Fig. 4.4 Formation d’un os lamellaire. À l’extérieur se trouve la corticale composée d’ostéons cylindriques entourant l’os spongieux situé au centre. Les lamelles circonférentielles externes de grande taille entourent l’ensemble des os longs et forment la limite avec le périoste. Les vaisseaux sanguins traversent les os en passant dans les canaux de Volkmann et se rencontrent au niveau des canaux de Havers.

Anatomie et physiopathologie en soins infirmiers © 2018, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

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Auteurs

Compilation sous la direction de Karin Beifuss Avec la collaboration de Julia Beifuss Basé sur les textes publiés par Hubert Hasel, Maren Koop, Nicole Menche, Katharina Munk, Herbert Renz-Polster, Bernd Guzek, Hamburg Schémas de Gerda Raichle, Ulm Traduction française Florence Le Sueur Almosni Relecture scientifique Sophie DupontKompaktwissen. Anatomie – Physiologie – Erkrankungen 1. Auflage 2014 © Elsevier Gmb H, München Der Urban & Fischer Verlag ist ein Imprint der Elsevier GmbH

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