23EME GRAND PRIX EDITORIAL DU SPEPS : une promotion féminine !
France | 4 décembre 2022
Par Monique Remillieux
Pr CLAIRE LEJEUNNE remporte le prix du meilleur éditorial
C’est avec beaucoup de bonheur que nous avons appris que le Pr CLAIRE LEJEUNNE a remporté le prix du SPEPS (Syndicat de la Presse et de l’Edition des Professions de Santé) du meilleur éditorial 2022 pour son article intitulé : Plafond de verre et carrière des femmes médecin, article que bien évidemment nous avions déjà signalé dans notre espace « Diversités S’ouvre dans une nouvelle fenêtre ».
Cet éditorial est disponible ici. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
L’essentiel des réponses de Claire LE JEUNNE au Dr Dr Alain DUCARDONNET, animateur de la cérémonie, au sujet de son article « Plafond de verre et carrière des femmes médecins » (Prix du meilleur éditorial 2022).
Alain Ducardonnet (AD)-Tout à l'heure notre présidente disait que le plafond de verre est en train de se fragmenter. Qu’a été ce « plafond de verre » dans votre carrière ? En fin de compte c'est du machisme direct ; est-ce le fait de vos collègues hospitaliers hommes -ou peut-être femmes aussi d'ailleurs ? Ou de la partie administrative ?
Claire Le Jeunne (CL) - Ce plafond de verre, je n'en ai pas eu la conscience immédiate pendant toute ma carrière. Ce qui m'a fait vraiment réfléchir – et c‘est ainsi débute mon article – ce sont les réponses de mes internes lorsque, devenue chef de service, je leur demandais ce qu’ils voulaient faire plus tard. Les jeunes femmes répondaient « praticien hospitalier, pas forcément dans un CHU ; je veux bien aller en hôpital général » alors que les garçons disaient « eh bien moi je veux être PUPH ! ».
AD. C'était un problème d'ambition personnelle ?
CL. Non, plutôt « ça va être trop dur, je n'y arriverai pas ». Au moment de mon départ en retraite, on m'a demandé de réfléchir à ma carrière, à ce qui l’avait marquée ; on commençait à imposer la parité. Je me suis posé beaucoup de questions ; au final, je trouve que la parité c’est dégradant.
AD. Vous donnez une ou deux anecdotes dans l'article.
CL. Oui, et qui relèvent du machisme primaire. Quand j'ai passé l'oral de l'agrégation, l’un des membres du jury m’a dit à l'issue de l'épreuve : « c'était bien que vous soyez en robe aujourd'hui, - c'est quand même plus agréable ».
AD. Aujourd’hui ce ne serait plus pensable…
CL. La façon de voir les choses état un peu différente d’aujourd’hui.
AD. Je vous propose de regarder sur youtube l’interview de Claire Le Jeunne tout à fait intéressante et passionnante, qui montre que le climat est en train de s'améliorer.
Pr Claire Le Jeunne - Parcours d'une Professeure en Médecine Interne, Cheffe de service
AD. Quel conseil vous donneriez à une jeune PUPH ; que doit-elle faire pour s'imposer, quelles sont les règles du jeu ?
CL. La solidarité féminine : je crois que c'est vraiment important. Ensuite, ne pas avoir peur de s'affirmer et de dire ce qu'on a à dire. Souvent, je l’ai constaté par moi-même, on a l'impression qu'une femme qui élève la voix est « un peu hystérique », alors qu'un homme qui parle fort « a du caractère ». On entend très souvent des expressions du style « elle a ses règles, elle n’est pas bien », alors qu’un homme, lui, « s'affirme, et il a raison » !
AD. Dernière question, quelle est le quota actuel des femmes médecins à haute responsabilité ?
CL. Je l’ai précisé dans mon article ; on doit être à 30% actuellement. Et surtout, grande nouveauté : il y a 6 femmes doyens maintenant. Il y a 4-5 ans il n'y en avait aucune.
La liste des lauréats 2022 est disponible ci-dessous. Cette année, les 14 prix du SPEPS ont récompensé 36 lauréats, parmi lesquels une majorité de femmes.