Interview d'Agnès Geantot CSS IADE
13 décembre 2021
Rédactrice en chef adjointe de la revue Oxymag Par Monique Remillieux
Elsevier soutient les femmes professionnelles de santé
Agnès Geantot est Cadre Supérieure de Santé – Infirmière Anesthésiste (CSS IADE) au CHU Dijon (21).
Elle est aussi Rédactrice en chef adjointe de la revue Oxymag S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Nous l'avons interrogée sur la place des femmes en médecine et dans les comités de rédaction.
Retour d'expérience :
Agnès Geantot, CSS IADE
Elsevier-Masson : Le fait d’être une femme a-t-il influencé votre carrière et, si oui, comment ?A.G. :Oui ! Bien que très jeune militante féministe, je ne me suis pas autorisée à suivre des études plus longues….E.M. : Avez-vous appliqué des stratégies particulières pour développer votre carrière et, si oui, lesquelles ?A.G. : Beaucoup de travail et d’exigence vis-à-vis de moi-même ! J’ai dû tout au long de ma carrière faire mes preuves et travailler bien davantage que les hommes pour accéder à des postes à responsabilité parfois équivalents tout en ayant conscience que je n’avais pas le droit à l’erreur. Parce que je suis une femme.À votre avis, pourquoi y-a-t-il peu de femmes rédactrices en chef ou adjointes dans les comités de rédaction des revues médicales et scientifiques ?A.G.: Même si elle se féminise, la médecine demeure très patriarcale. Les hommes accèdent plus facilement aux postes à responsabilité (professeur des Universités, chef de service, chef de Pôle etc. ). Par conséquent ils représentent majoritairement le corps médical dans les publications scientifiques et les sociétés savantes, alors que le ratio hommes/femmes est en train de s’inverser. Et… ils se choisissent et se parrainent entre eux pour accéder à des postes de rédacteur.E.M. : Pensez-vous qu’une augmentation du nombre de femmes dans les comités des revues scientifiques changera quelque chose et, si oui, comment ?A.G. :Donner davantage la parole aux femmes permettra de se libérer d’un mode de pensée paternaliste et patriarcal. Le peu de sociétés matriarcales qui existent dans le monde sont plus égalitaires, plus innovantes. Cela permettrait davantage d’échanges, d’ouverture et moins de compétitivité. Mais cela suppose également que les femmes se libèrent des règles imposées par la société patriarcale. A ce titre, la féminisation des noms des métiers est plus qu’un symbole ; c’est essentiel. Il est fort regrettable que les pharmaciennes se fassent toujours appeler « pharmacien » sous prétexte que la pharmacienne ne serait que la femme du pharmacien ! Les mots ont de l’importance et en disent longs sur l’ancrage de la domination masculine.