Interview du Professeur Cécile Badoual, MD, PhD
12 septembre 2021
Diversité et inclusion : le genre Par Monique Remillieux
Nous donnons la parole à des femmes scientifiques et médecins. Le fait d'être une femme a-t-il impacté leur déroulement de carrière ?
Retour d'expérience :
Pr Cécile Badoual, MD, PhD
MD, PhD, Cécile Badoual est professeur au sein du service d’anatomo-pathologie de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, et rédactrice en chef des Annales de Pathologie S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Ses recherches portent sur la pathologie ORL et l’immuno-pathologie. Cécile Badoual a accepté de répondre à nos questions concernant la place des femmes en santé et en médecine.
Elsevier-Masson : Le fait d’être une femme a-t-il influencé votre carrière et, si oui, comment ?Pr Cécile Badoual : Plutôt que d'être une femme, je dirais que c'est le fait d'être mère qui a influencé ma carrière. La spécialité dans laquelle j'exerce, l'anatomo-pathologie, est déjà féminisée. Donc même si j'ai eu droit à des remarques ou comportements sexistes, être femme ne m'a pas empêchée d'être professeur et chef de service. En revanche, avoir des enfants lors de la construction de son parcours est un défi passionnant à relever, parfois ardu. Mais c’est aussi parce que j'ai accompagné mes enfants, que je me suis fortement impliquée en pédagogie à l'université !E.M. : Avez-vous appliqué des stratégies particulières pour développer votre carrière et, si oui, lesquelles ?C.B. : Les stratégies sont, pour moi, identiques pour tout le monde : travail, travail, travail. Puis, les personnes qui m'ont aidée et qui ont cru en moi, sans oublier une certaine opiniâtreté, ont fait le reste.E.M. : À votre avis, pourquoi y-a-t-il peu de femmes rédactrices en chef ou adjointes dans les comités de rédaction des revues médicales ?C.B. : Pour moi, il y a plusieurs raisons, la première est que, par habitude, la cooptation, le compagnonnage se font entre collègues et que certains hommes peuvent « oublier » de proposer la mission à des femmes. Une autre raison est que souvent les femmes manquent de temps : missions hospitalières, de recherche, vie familiale, etc. laissent peu d'espace au travail de rédactrice. Enfin, elles peuvent parfois ne pas se sentir capables, par manque de connaissance, d'accomplir cette mission.E.M. : Pensez-vous qu’une augmentation du nombre de femmes dans les comités des revues scientifiques changera quelque chose et, si oui, comment ?C.B. : Oui, les thèmes, les manières de traiter les sujets, les auteurs/autrices seront, pour certains, différents et donc complémentaires. Pour exemple, il y a maintenant plusieurs publications pour montrer que les femmes médecins traitent certaines pathologies (en particulier celles concernant les femmes, les enfants) avec un regard différent de celui conventionnellement présenté, ce qui fait avancer la recherche et le soin.Diversités S’ouvre dans une nouvelle fenêtreActualités S’ouvre dans une nouvelle fenêtrePage d'accueil S’ouvre dans une nouvelle fenêtre