Dyspnée aiguë: une fiche de soins infirmiers
11 mai 2017
Par Monique Remillieux
Objectifs
Déterminer l’origine, en particulier cardiaque ou pulmonaire.
Oxygénothérapie afin d’assurer une SpO2 supérieure à 92 %, en privilégiant les lunettes.
Traitement étiologique rapide car risque d’épuisement.
Définition
La dyspnée se définit par la sensation consciente de difficulté respiratoire, qui résulte d’un désaccord entre la demande ventilatoire et la possibilité mécanique du système thoracoabdominal.
Étiologies
1. Elles sont différentes des patients jeunes.
2. La prévalence des pathologies cardiaques et respiratoires est élevée et elles sont souvent intriquées.
3. Le recueil des antécédents, des différentes ordonnances et des comptes-rendus d’examens ou d’hospitalisation est primordial.
4. On retrouve comme principales étiologies et facteurs de risque:
insuffisance cardiaque (OAP)
infection (bronchite, pneumopathie, pleurésie)
troubles de la déglutition ou fausse route (pneumopathie d’inhalation, obstruction des voies aériennes par un corps étranger)
décompensation aiguë d’une pathologie chronique (bronchopneumopathie chronique obstructive [BPCO], cancer pulmonaire, etc.)
alitement prolongé, chirurgie récente (embolie pulmonaire)
autres causes: anémie, morphine, diabète, intoxication au monoxyde de carbone (CO) ou aux fumées, pneumothorax, etc.
A savoir : La prise en charge doit être particulièrement rapide chez le sujet âgé du fait des modifications physiologiques du vieillissement pulmonaire et/ou d’un terrain polypathologique qui peuvent entraîner un épuisement.
À l’accueil des urgences
PA, pouls, température, SpO2, fréquence respiratoire +++ et débit expiratoire de pointe (DEP) si le patient est asthmatique.
1. Signes de gravité à rechercher: | 2. Signes associés: |
SpO2inférieure à 88% fréquence respiratoire supérieure à 30/min ou inférieure à 10/min pouls supérieur à 120 bpm PAS inférieure à 80 mmHg marbrures cyanose polypnée sueurs tirage troubles de la conscience agitation flapping impose: déchocage, monitorage, oxygénothérapie pour assurer une saturation supérieure à 92%. | toux expectorations sales hémoptysie confusion douleur thoracique fièvre dyspnée d’effort ou de repos nocturne ou de décubitus |
Premiers gestes
Libérer les VAS +++ (penser entre autres à ôter les éventuelles prothèses dentaires).
Position demi assise.
Mettre le patient sous oxygène immédiatement si signes de gravité au masque à haute concentration ou aux lunettes (si < 6 l/min)
Attention : si patient BPCO, ne pas mettre un débit supérieur à 2 l/min !
Aspirations trachéales si besoin.
A savoir : Que faire en cas d’obstruction des voies aériennes par un corps étranger? Le patient ne respire plus, c’est-à-dire que le corps étranger obstrue totalement les voies aériennes (attention, si le patient tousse, c’est qu’il respire !), mettre en place les manœuvres suivantes: * commencer par cinq claques vigoureuses avec le plat de la main entre les omoplates * si cela ne suffit pas, effectuer la manœuvre de Heimlich (le patient est laissé dans la position où il se trouve, debout ou allongé, le soignant effectue des compressions abdominales afin de permettre la libération des voies aériennes) (Fig. 77.1) *arrêter toutes les manœuvres si désobstruction (expulsion du corps étranger, toux, reprise de la respiration).
Bilan sanguin et examens complémentaires en fonction de l’étiologie suspectée:
– réaliser un ECG – poser une voie d’abord et faire le bilan sanguin (numération formule sanguine [NFS], hémostase, ionogramme, peptide natriurétique de type B [BNP], hémocultures, gaz du sang, etc.) en fonction des prescriptions médicales – examen cytobactériologique des crachats (ECBC) si crachats sales ou hémoptoïques – radiographie pulmonaire – scanner thoracique, angioscanner, etc.
Traitement
1. Symptomatique: | 2. Étiologique: |
---|---|
oxygénothérapie antipyrétique antalgique ventilation non invasive (VNI) intubation et ventilation mécanique | antibiothérapie diurétique dérivés nitrés anticoagulant corticoïdes aérosols de B2 mimétiques |
Surveillance
Clinique : rechercher l’amélioration ou la détérioration des signes cliniques,en particulier des signes de gravité (trouble de la conscience ++).
Paramètres vitaux (fréquence respiratoire ++).
Transmission.
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Coordinateurs de l’ouvrage Tristan Cudennec Praticien Hospitalier, Gériatre Service de médecine gériatrique, Hôpitaux Universitaires Paris Île-de-France Ouest, site Ambroise Paré, AP–HP, Boulogne-Billancourt
Christophe Guénot Coordonnateur général des soins Hôpitaux Universitaires Paris Île-de-France Ouest, AP–HP
Auteurs de cette fiche
Laurence Arrouy Praticien Hospitalier, Urgentiste Service d’accueil des urgences, Hôpitaux Universitaires Paris Île-de-France Ouest, site Ambroise Paré, AP–HP, Boulogne-Billancourt
Erwan Daumont Infirmier Service d’accueil des urgences, Hôpitaux Universitaires Paris Île-de-France Ouest, site Ambroise Paré, AP–HP, Boulogne-Billancourt
Flavie Jaquemet Infirmière Service d’accueil des urgences, Hôpitaux Universitaires Paris Île-de-France Ouest, site Ambroise Paré, AP–HP, Boulogne-Billancourt