Entorses du doigt
France | 18 octobre 2021
Par Anne-Claire Nonnotte
Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage Échographie musculosquelettique S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Entorse de la métacarpo-phalangienne du pouce
La stabilité du pouce dépend en grande partie du ligament collatéral ulnaire (LCU) de l'articulation MCP. Ce ligament peut être lésé au décours d'une entorse en abduction forcée. L'échographie permet de démembrer quatre types de lésions du LCU reprises par la classification d'Ebrahim (fig. 7.27) :
premier stade lésionnel : simple épaississement du LCU (fig. 7.28);
deuxième stade : rupture partielle ;
troisième stade : rupture complète du LCU avec ou sans arrachement osseux mais sans anomalie de rapport avec l'aponévrose de l'adducteur (fig. 7.29). Les manœuvres dynamiques à type d'abductions passives douces sont parfois utiles pour démasquer la solution de continuité qu'elle soit complète ou partielle ;
dernier stade : lésion de Stener (fig. 7.30), rupture complète de l'insertion distale du LCU avec rétraction de ce dernier et interposition de l'aponévrose de l'adducteur empêchant la cicatrisation ligamentaire
Les performances de l'échographie sont excellentes pour l'effet Stener.
Le signe du «yo-yo» est toujours retrouvé :
rétraction en boule du LCU (yo-yo), en regard de la tête du premier métacarpien, secondaire à sa désinsertion distale ;
interposition de l'aponévrose de l'adducteur entre le moignon ligamentaire et son insertion théorique (figurant ainsi la ficelle du yo-yo).
Les manœuvres dynamiques (flexion passive de l'IP) montrent que l'aponévrose de l'adducteur ne glisse plus à la surface du ligament mais s'interpose bel et bien en aval du moignon ligamentaire. Ce dernier stade impose une réparation chirurgicale rapide. Dans le cas d'une rupture complète sans effet Stener, la prise en charge est le plus souvent orthopédique, mais la chirurgie se discute dans des cas particuliers (travailleurs de force, sportifs de haut niveau). Dans tous les autres cas, le traitement orthopédique est la règle (immobilisation par attelle 4 semaines). NB : le ligament collatéral ulnaire n'est pas la seule structure potentiellement lésée dans une entorse du pouce ; il conviendra d'évaluer systématiquement le ligament collatéral radial et les sésamoïdes de la MCP
Entorse de la métacarpo-phalangienne des doigts longs
Il existe trois zones de faiblesses de la MCP :
l'insertion proximale de la plaque palmaire sur le col du métacarpien (zone de faiblesse antérieure);
le plan ligamentaire latéral (zone de faiblesse latérale);
l'extenseur et le plan capsulaire dorsal (zone de faiblesse postérieure).
La luxation dorsale de la MCP entraîne une rupture proximale de la plaque palmaire, le risque étant son incarcération dans l'interligne.
Deux cas particuliers de lésions des ligaments collatéraux des MCP
Rupture d'un ligament collatéral de la MCP avec effet Stener-like (fig. 7.31) Le mécanisme est dans un premier temps celui d'une entorse d'un ligament collatéral de la MCP en abduction forcée. Si l'énergie du traumatisme est suffisante, le ligament collatéral se rompt et vient s'incarcérer en sous-cutané entre la bandelette sagittale elle-même lésée et la dossière des interosseux. La visualisation directe de ces structures est possible en échographie en coupe coronale oblique. Le ligament collatéral radial du 5e rayon est le plus souvent touché (55 %), suivi du ligament collatéral radial du 4e rayon (21 %). Cliniquement, le patient présente une déviation permanente de la MCP dans le plan frontal (déviation ulnaire pour le 5e rayon), une tuméfaction et une laxité en flexion et en extension
Blocage des MCP en flexion par incarcération du faisceau palmaire du ligament collatéral radial (le plus souvent) sous une proéminence constitutionnelle ou un ostéophyte (fig. 7.32) Le tableau clinique est le suivant : blocage de survenue brutale, souvent douloureux, à 30° de flexion de la MCP d'un doigt long ; l'extension passive et active de la MCP est impossible mais la flexion est conservée, et la mobilité des interphalangiennes reste normale. Les deuxième puis troisième rayons sont le plus souvent touchés (80 % des cas). L'échographie permet difficilement de prouver l'incarcération ligamentaire, mais pourra mettre en évidence les ostéophytes de la tête du métacarpien et éliminera une lésion tendineuse, un corps étranger bloqué dans un récessus articulaire, ou une lésion de la plaque palmaire.
Entorse de l'interphalangienne proximale des doigts longs
Les entorses latérales sont fréquentes (traumatisme latéral, doigt en extension). L'articulation est tuméfiée, l'échographie retrouve un épaississement des éléments capsuloligamentaires latéraux (fig. 7.33). L'évolution vers la «raideur articulaire» et la déformation en flessum est fréquente. Les lésions de la plaque palmaire résultent d'un traumatisme en hyperextension. L'échographie peut montrer un petit arrachement osseux de la base de P2, une rupture partielle ou complète de la plaque palmaire (fig. 7.34). La luxation dorsale (la plus fréquente) entraîne une désinsertion de la plaque palmaire et une rupture d'un ligament collatéral.
Imagerie médicale pratique
Échographie musculosquelettique S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Les Auteurs :
Nicolas Sans Professeur des universités, praticien hospitalier, Service de radiologie et d'imagerie médicale, CHU Purpan – Hôpitaux de Toulouse
Franck Lapègue Praticien hospitalier des hôpitaux de Toulouse, Ancien chef de clinique des hôpitaux de Lille Radiologue des cliniques Médipole Garonne et Occitanie à Toulouse
Marie Faruch-Bilfeld Professeur des universités, praticien hospitalier, Service de radiologie et d'imagerie médicale, CHU Purpan – Hôpitaux de Toulouse
Denis Jacob Médecin attaché au CHU de Dijon Radiologue praticien à Dole
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