Examen clinique devant une urgence
France | 11 juillet 2017
Par Anne Claire Nonnotte
Examen clinique et sémiologie : l'essentiel
Découvrez un extrait de l'ouvrage
« Aucune maladie n’est plus propice à susciter l’humilité du médecin que l’anévrisme de l’aorte. » Sir William Osler (1849–1919)
Au cours de votre formation, on vous demandera de devenir un expert dans la prise en charge des urgences cardiaques, et ce savoir doit régulièrement être remis à jour.
Quand vous voyez un patient qui va manifestement très mal, la première chose à faire est de demander : « Est-ce que ça va ? »
* Si le patient ne réagit pas quand on le secoue doucement, vérifiez si les voies aériennes sont libres et si le patient respire, puis évaluez la circulation.
– Commencez une réanimation cardiopulmonaire si le patient ne respire pas ou qu’il n’a pas de pouls, et envoyez quelqu’un chercher de l’aide. – Examinez le patient à la recherche de signes d’hémorragie ou d’un autre traumatisme : si le patient n’a pas besoin d’être réanimé, procédez à une évaluation plus détaillée.
* Si le patient répond de façon appropriée aux questions et que sa peau est normalement colorée, chaude et sèche, il est souvent moins urgent d’intervenir, et il est possible de procéder à l’interrogatoire du patient et à un examen physique ciblé.
– Collectez les données essentielles, à savoir :
* allergies ; * médicaments actuels et les plus récents ; * antécédents médicaux ; * dernier repas ; * événements ayant précédé l’incident actuel.
– En cas de tachypnée, vérifiez l’oxymétrie de pouls et commencez l’oxygénothérapie, s’il n’y a pas de contreindications connues. – En cas de bradycardie ou de tachycardie, vérifiez la pression artérielle et effectuez un électrocardiogramme (ECG). – Si le patient est hypotendu, envisagez une administration de liquides intraveineux et mesurez la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la fréquence respiratoire et la diurèse horaire (si nécessaire en posant une sonde urinaire). Évaluez le temps de remplissage capillaire : exercez une pression sur l’ongle d’un doigt ou d’un orteil jusqu’à ce qu’il blanchisse, puis notez le temps nécessaire à la recoloration, qui dure habituellement moins de 2 secondes. Un temps de remplissage capillaire allongé est possible au cours d’un choc hypovolémique ou cardiogénique. – Examinez le thorax du patient à la recherche de signes de pneumothorax sous tension(caractérisé par une dyspnée, une tachycardie, une absence de bruits respiratoires du côté du pneumothorax sous tension et une déviation de la trachée à distance du côté affecté, et éventuellement par une distension de la veine jugulaire). Examinez le patient pour détecter une tamponnade cardiaque (qui peut se manifester par une distension des veines du cou, par une faible pression artérielle et par un pouls paradoxal). Prenez la température du patient ; si elle est élevée, envisagez des prélèvements sanguins et urinaires pour culture (avant de commencer un traitement antibiotique). – Si le patient présente une altération du niveau de conscience au cours de l’examen, vérifiez à nouveau les voies aériennes, la respiration et la circulation, contrôlez la glycémie (il ne faut pas passer à côté d’une hypoglycémie) et posez immédiatement une voie veineuse.
Astuces des auteurs
« A-B-C » : Airway (voies aériennes) ; Breathing (ventilation) ; Circulation (circulation). N’oubliez pas : si le patient est en arrêt cardiaque (il ne réagit pas), vous devez d’abord démarrer rapidement une réanimation cardiopulmonaire (RCP) de qualité, en vous concentrant d’abord sur la circulation (compressions thoraciques rapides), puis sur les voies aériennes et enfin sur la respiration [selon la nouvelle séquence recommandée : « C-A-B »]. Vous devez maîtriser la prise en charge des urgences cardiaques. Remarque : En cas de fibrillation ventriculaire chez un patient sous monitorage cardiaque, celui-ci doit, si possible, bénéficier immédiatement d’une cardioversion par choc électrique. La cardioversion ne doit pas être différée pour pouvoir démarrer la RCP.
Évaluez le niveau de conscience du patient à l’aide de l’échelle ÉPADONO: * Éveil (état normal). * PArole (réponse aux stimuli verbaux). * DOuleur (réponse aux stimuli douloureux). * NOn réactif. Effectuez une évaluation formelle du patient à l’aide de l’échelle du coma de Glasgow (encadré 14.1). Notez les résultats en indiquant le score total (par exemple : GCS 10/15) et les scores aux trois paramètres (par exemple : E3, M5, V2).
ECOS – Mise en situation clinique1 « Urgences »
« Cet homme a présenté des épisodes de perte de connaissance brutale. Examinez-le. »
a. Évaluez son niveau de conscience, sa réponse aux ordres ou à la douleur, et les mouvements spontanés des membres. b. S’il est conscient, testez l’orientation par rapport au temps, à l’espace et aux personnes. c. Examinez sa démarche, puis ses membres et ses nerfs crâniens, à la recherche de signes neurologiques focaux (accident vasculaire cérébral, tumeur intracrânienne). d. Notez la présence d’une morsure de la langue (crises convulsives). e. Prenez son pouls (arythmies, dont la fibrillation atriale ou les blocs cardiaques) et sa pression artérielle en positions allongée et assise (hypotension orthostatique). f. Examinez la région précordiale (signes de nouveaux souffles, tamponnade). g. Prenez sa température et recherchez une raideur de la nuque (sepsis, syndrome méningé). h. Effectuez un contrôle de la glycémie au doigt (en particulier chez le diabétique). i. Faites la synthèse et présentez vos conclusions.
1 Note de l’éditeur : ECOS (examen clinique objectif structuré) est la traduction d’OSCE, épreuve pratique anglo-saxonne destinée à former et à évaluer l’art de l’interrogatoire et de l’examen clinique. Les astuces développées ici pour passer cette épreuve ont été préservées à la traduction au vu de leur intérêt pédagogique pour les mises en situations cliniques en France. Voir « Avertissements : les ECOS » en début d’ouvrage.
Examen clinique et sémiologie : l’essentiel. 1re édition, de Nicholas J. Talley et Simon O’Connor. Révision française du texte : Dr Olivier Allain
Notes Les indications et posologies de tous les médicaments cités dans ce livre ont été recommandées dans la littérature médicale et concordent avec la pratique de la communauté médicale. Elles peuvent, dans certains cas particuliers, différer des normes définies par les procédures d’AMM. De plus, les protocoles thérapeutiques pouvant évoluer dans le temps, il est recommandé au lecteur de se référer en cas de besoin aux notices des médicaments, aux publications les concernant et à l’Agence du médicament. L’auteur et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables des prescriptions de chaque médecin.
Les auteurs
Nicholas J. Talley MD (NSW), PhD (Syd.), MMedSci (Épi. clin.) (Newc.), FAHMS, FRACP, FAFPHM, FRCP (Lond.), FRCP (Edim.), FACP, FACG, AGAF Laureate Professor of Medicine, faculté de santé et de médecine et Pro Vice-Chancellor (Recherche globale), université de Newcastle, Australie Senior Staff Specialist, hôpital John-Hunter, Newcastle, Australie Professor of Medicine et Professor of Epidemiology et Joint Supplemental Consultant Gastroenterology and Health Sciences Research, Mayo Clinic, Rochester, Minnesota, États-Unis
Simon O’Connor FRACP, DDU, FCSANZ Cardiologiste, hôpital de Canberra, Clinical Senior Lecturer, faculté de médecine de l’université nationale australienne, Canberra, Australie
Révision française : Olivier Allain Médecin généraliste, France