Gestion du stress
France | 27 janvier 2020
Par Anne-Claire N
Nous vosu proposons de découvrir le chapitre 22 de l'ouvrage Les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles en 150 fiches S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Gestion du stress
Fiche 139 Objectifs et information de la gestion du stress
Il s’agit d’une intervention basée sur l’information et l’accompagnement psychologique des personnes sujettes au stress, qu’elles souff rent d’un trouble anxieux (trouble panique, agoraphobie, phobie sociale, etc.), de stress professionnel ou de tout autre environnement ou circonstance de vie anxiogènes ( Servant, 2012 ).
Ses objectifs sont : - l’aide à la résolution des problèmes rencontrés ; - l’aide pour faire face aux événements stressants de la vie ; - la modification des pensées et des perceptions négatives (sur soi, les autres, le monde, le passé, le présent, l’avenir, etc.) ; - le contrôle des réactions émotionnelles par une meilleure maîtrise physique ; - développer des attitudes et comportements plus appropriés à la situation.
Les principales indications des techniques de gestion du stress sont les suivantes : - le trouble d’anxiété généralisée (TAG) ; - le trouble de l’adaptation avec stress (événements de vie stressants, travail, famille, etc.) ; 6 - le trouble panique, l’agoraphobie ; - les phobies spécifiques ; - la phobie sociale ; - le trouble de stress post-traumatique ; - des affections organiques en lien avec le stress : coronaropathies, psoriasis, céphalées, allergies, etc.
Le principe général de la gestion du stress peut se schématiser en trois étapes : - information et éducation : étape indispensable à l’instauration d’une bonne alliance thérapeutique et lors de laquelle le thérapeute explique les concepts essentiels et donne un avant-goût des techniques proposées ; - évaluation des problèmes et de la réponse au stress ; - mise en application des techniques .
Information et éducation
Premier temps : la reconnaissance des symptômes. du stress. Le thérapeute écoute le patient formuler sa plainte avec empathie et demande des précisions au patient pour mieux contextualiser ses diffi cultés, par la méthode des 4R (fiche 45).
Deuxième temps : la réponse du thérapeute. Le thérapeute livre au patient sa vision du problème. En particulier, il établit le lien entre le stress/l’anxiété et le malêtre du patient, en reformulant les éléments anamnestiques recueillis précédemment.
Troisième temps : la présentation des techniques. Il s’agit d’expliquer au patient les diff érentes techniques utiles tout au long de la thérapie. Il s’agit également de responsabiliser le patient, car en TCCE., il doit appliquer lui-même les techniques suggérées par le thérapeute.
On peut également suggérer au patient de s’aider d’un self-help book (guide de pratique personnelle) (Servant, 2009).
Évaluation des stresseurs et de la réaction au stress
Il s’agit d’étudier les situations lors desquelles le stress et/ou l’anxiété survient ( fiche 35 ). On va demander au patient de préciser quelles sont les situations problèmes à l’origine du stress et comment il y réagit (sur le plan émotionnel, cognitif et comportemental).
Le but de cette étape est de faire réaliser au patient que son stress peut être provoqué par certaines situations (et/ou certains facteurs de stress) et de mieux reconnaître les manifestations du stress.
Puis on définit les objectifs de la thérapie, en fonction de l’analyse qu’on fait suite à cette évaluation initiale :
on hiérarchise les situations stressantes ;
on évalue avec le patient quelles sont les situations qui lui paraissent prioritaires à travailler ;
il s’agit de définir des objectifs réalistes, à atteindre à la fin de la thérapie.
Fiche 140 Apprentissage des techniques
Ces techniques vont porter soit sur les facteurs de stress en agissant sur l’environnement (techniques de résolution de problème), soit sur la réaction au stress en agissant soit sur les cognitions, les émotions, les réactions physiques et les comportements.
Techniques centrées sur les réponses physiologiques du stress :
contrôle respiratoire (apprentissage de la respiration abdominale) ;
relaxation (musculaire progressive de Jacobson, par suggestion de Schultz, etc.).
Techniques centrées sur les réponses cognitives au stress :
autoévaluation des ruminations (colonnes de Beck) ;
restructuration cognitive ;
exposition aux pensées ;
techniques de la thérapie ACT.
Techniques centrées sur la réponse émotionnelle au stress :
autoévaluation des émotions ;
exposition aux émotions (évocation, visualisation, etc.) ;
induction d’émotions positives ;
méditation de pleine conscience.
Techniques centrées sur les réponses comportementales :
résolution de problèmes ;
gestion du temps ;
communication et affirmation de soi.
Nous ne revenons pas ici sur les techniques de contrôle respiratoire et de relaxation, de méditation, de restructuration cognitive, d’exposition, de résolution de problème et d’affirmation de soi qui sont par ailleurs développées dans cet ouvrage. Détaillons néanmoins certaines techniques plus spécifiques à la gestion du stress et de l’anxiété.
Gestion des réponses émotionnelles
Après avoir aidé le patient à identifi er et nommer ses émotions négatives (peur, colère, tristesse et anxiété), on analyse :
le contenu de ces émotions et la façon dont il les exprime : on pointe la légitimité de l’émotion mais aussi la possibilité pour le sujet de les exprimer autrement et de façon plus adaptée ;
les conséquences de l’émotion : quel est leur eff et sur le bien-être du patient ? Sur son environnement ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ?
la description d’autres modes émotionnels dans des circonstances analogues ;
l’« après-coup » et les émotions qui font suite à la crise (par exemple, le regret faisant suite à la colère).
Il convient ensuite de s’adapter au patient et à sa façon d’exprimer ses émotions :
certains patients ont-ils tendance à réprimer excessivement leurs émotions en situation de stress ? Dans ce cas, il peut être préférable d’aider le patient à verbaliser davantage son ressenti, lui donner le droit de s’exprimer, voire de se « laisser aller » ;
d’autres patients vont au contraire avoir tendance à s’exprimer de façon trop explosive (crises de colère, agressivité, cris, menaces, théâtralisme, etc.). On peut aider le patient à en prendre conscience et à en étudier l’impact.
Gestion des réponses comportementales
Tout d’abord, on eff ectue une analyse fonctionnelle détaillée du comportement, qui doit préciser au minimum : les situations ou contextes à l’origine de stress, le comportement (on peut aussi y inclure ses pensées et émotions mais ici on se focalise sur le comportement) et les conséquences du comportement. Cette analyse doit permettre de réfl échir à de nouveaux comportements, qu’on espère plus adaptés aux situations de stress.
La gestion du temps : quand le patient peine à établir des priorités dans les activités à effectuer (il « s’éparpille »), il peut être salutaire de l’inciter à réfl échir à comment mieux organiser son temps : s’organiser, planifi er, déléguer, se dégager des temps de loisir ou de repos, etc.
Les habitudes de vie. Certaines règles hygiénodiététiques sont importantes à respecter dans le cadre de problématiques liées au stress :
prévoir davantage de temps pour dormir ;
faire du sport ;
diminuer la consommation de substances psychoactives (tabac, alcool, thé, café, etc.) ;
développer des activités de loisir.
Développer des réponses nouvelles au stress : après avoir aidé le patient à identifier et comprendre la mécanique de ses propres réponses, on peut discuter avec lui la possibilité d’eff ectuer certaines tâches entre les séances de thérapie, visant à installer de nouveaux comportements. On peut ici se montrer créatif.
Intervention sur les facteurs de stress
On peut intervenir de différentes façons sur les facteurs de stress :
La modification de l’environnement stressant : en effet, dans certains cas, il peut être préférable de chercher à modifier le contexte dans lequel le stress se produit, par exemple si les approches psychothérapeutiques précédentes n’ont pas apporté suffisamment de résultats. Parfois, également, selon la situation rencontrée, on peut amener le patient à faire preuve de résilience, d’adaptation ou un travail sur le deuil ;
enfin, les techniques de résolution de problème peuvent être utilisées (fiche 90).
Vous venez de découvrir un extrait de l'ouvrage Les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles en 150 fiches S’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Clément Lecomte Psychiatre, assistant des hôpitaux à l’Établissement public de santé mentale de Lille-Métropole (EPSM), thérapeute praticien en thérapies comportementales et cognitives, diplômé de l’Association française de thérapie comportementale et cognitive (AFTCC) Dominique Servant Psychiatre, responsable de la consultation spécialisée sur le stress et l’anxiété, service de psychiatrie adulte, centre hospitalier universitaire, hôpital Michel-Fontan, Lille, directeur d’enseignement à la faculté de médecine de Lille
Collection Pratiques en psychothérapie Sous la direction de Dominique Servant
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