Passer au contenu principal

Votre navigateur n’est malheureusement pas entièrement pris en charge. Si vous avez la possibilité de le faire, veuillez passer à une version plus récente ou utiliser Mozilla Firefox, Microsoft Edge, Google Chrome, ou Safari 14 ou plus récent. Si vous n’y parvenez pas et que vous avez besoin d’aide, veuillez nous faire part de vos commentaires.

Nous vous serions reconnaissants de nous faire part de vos commentaires sur cette nouvelle expérience.Faites-nous part de votre opinionS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Elsevier
Publier avec nous
Connect

Homéopathie et médecine chinoise

22 décembre 2022

Par Anne Claire Nonnotte

Homéopathie et médecine chinoise

Homéopathie et médecine chinoise

Nous vous proposons de découvrir l'introduction de l'ouvrage Homéopathie et médecine chinoiseS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Homéopathie et médecine chinoise

Homéopathie et médecine chinoise

Introduction

Malgré la prépondérance de la médecine occidentale dans le monde entier, d'autres médecines continuent d'exister voire de se répandre. C'est le cas de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et de l'homéopathie. Trop souvent qualifiées de médecines douces, il n'en demeure pas moins que celles-ci disposent d'un réel effet thérapeutique. Au pire, elles pourront être des médecines complémentaires, mais dans un bon nombre de cas, elles peuvent avoir la même place que la médecine classique pour la prise en charge d'affections courantes. Bien sûr, la médecine moderne a permis des progrès considérables que ce soit en médecine ou en chirurgie, notamment dans le traitement des maladies lésionnelles irréversibles et graves, où elle demeure indispensable, prioritaire et prépondérante.

Malgré plusieurs tentatives d'abolition, la médecine traditionnelle chinoise reste appliquée à plusieurs millions d'individus en Chine et dans bien d'autres pays. Âgée de plusieurs millénaires, elle est l'une des plus vieilles médecines. Les premières traces écrites remontent au Ve siècle avant J.-C. avec l'ouvrage intitulé Huang Di Nei Jing au temps du Royaume des Combattants. Mais l'origine semble être encore plus ancienne. Des ossements gravés datant de la Chine antique et contenant des informations relatives à la médecine chinoise ont été retrouvés. L'origine de la découverte des points d'acupuncture et du réseau énergétique reste encore aujourd'hui un mystère. La MTC fut introduite bien plus tard dans les pays occidentaux. Les premiers commentaires ont été faits par les Jésuites au XVIIe siècle. Ce n'est que dans les années 1930 que l'acupuncture fera sa réelle entrée en Europe avec les premières traductions des traités chinois par Soulié de Morant. Depuis, cette médecine ne cesse de se répandre, allant même jusqu'à intégrer le secteur hospitalier. L'homéopathie est une médecine bien plus jeune, puisqu'elle n'est âgée que de deux siècles environ. Elle a pris naissance un peu par hasard en Allemagne en 1790 avec Samuel Hahnemann suite à une expérimentation qu'il a menée sur lui-même. En effet, c'est au cours de cette année qu'il va entreprendre la traduction d'un ouvrage intitulé Lectures on the materia medica (Lectures de la matière médicale). Il n'était pas tout à fait d'accord sur les effets pharmacologiques inscrits dans cet ouvrage concernant le quinquina (quinine). Il décida de s'administrer des doses de quinquina pour vérifier l'exactitude de ce qui était mentionné dans cet ouvrage. Il constata alors qu'en ingérant de la quinine, il reproduisait certains signes cliniques censés être guéris par la quinine. Il décida de diluer la quinine pour limiter les effets secondaires après son ingestion. C'est alors qu'il s'aperçut que, paradoxalement, plus la dilution était élevée, plus les effets secondaires étaient importants et durables. Il écrit le premier ouvrage fondamental d'homéopathie en 1812 intitulé l'Organon (Exposition de la doctrine médicale homéopathique ou Organon de l'art de guérir) qui reste encore aujourd'hui le texte de référence concernant les principes de l'homéopathie. Cette médecine a, elle aussi, été souvent malmenée. Même si le mystère de la dilution et de la dynamisation persiste, l'observation des modifications linguales, lors des différentes pathogénésies, nous indique que l'homéopathie agit sur le même système que la médecine traditionnelle chinoise, à savoir sur le système énergétique. En effet, ces deux médecines reposent sur la notion d'énergie. Les Chinois l'ont appelé le « Qi », Samuel Hahnemann la « Force vitale ». La vie ne peut exister sans « cette dynamique énergétique », disait-il. Le bon fonctionnement de l'organisme en dépend et la maladie naît d'une perturbation de celle-ci :

« Il n'y a que la force vitale désaccordée qui produise les maladies. Les phénomènes morbides accessibles à nos sens expriment donc en même temps tout le changement interne, c'est-à-dire la totalité désaccordée de la puissance interne. » Samuel Hahnemann

Bien entendu, la MTC est allée bien plus loin dans l'analyse de ce système énergétique avec, notamment, la description des méridiens et l'énumération des différentes énergies, qu'elles soient «héréditaires » ou « acquises »

Le deuxième point commun est leur conception de la maladie. La maladie est une perturbation de la Force vitale ou du Qi et l'ensemble des symptômes n'est que le reflet d'une seule perturbation :

«Le désaccord invisible pour nous de la force qui anime notre corps ne fait qu'un, en effet, avec l'ensemble des symptômes que cette force provoque dans l'organisme…» Samuel Hahnemann

La MTC et l'homéopathie sont toutes les deux fondées sur une sémiologie riche et un interrogatoire poussé à la recherche d'un maximum de symptômes qu'elles considèrent faire partie d'une même perturbation. L'acupuncteur recueille tous les symptômes d'un patient afin d'élaborer un diagnostic de syndrome qui correspond au désordre énergétique d'un organe, d'un viscère ou du Sang. Le praticien homéopathe fait rigoureusement la même chose lorsqu'il collecte l'ensemble des symptômes d'un patient à la quête du traitement de fond ou Similimum, censé contenir tous les symptômes du patient (ou la majorité des symptômes). Cette «quête des symptômes » représente l'un des trois grands principes de l'homéopathie : celui de la globalité (les deux autres étant la similitude et l'infinitésimalité). Sans le savoir, le praticien homéopathe effectue un diagnostic de syndrome. C'est une fois le dérèglement identifié que le praticien pourra traiter l'origine de la maladie car l'éradication complète ne pourra se faire qu'en traitant la cause, c'est-à-dire la racine de la maladie :

«La guérison, c'est-à-dire la cessation de toute manifestation maladive, a pour condition et suppose nécessairement que la force vitale soit rétablie dans son intégrité et l'organisme entier ramené à la santé. » Samuel Hahnemann A lire aussi : Le Diagnostic en médecine chinoise de Giovanni Maciocia - La forme du corps d’une personne est déterminée par sa constitution prénatale et sa nutrition postnatale ultérieure ; pour cette raison, la forme du corps peut nous donner une indication à la fois sur sa tendance constitutionnelle à une certaine pathologie et sur une pathologie effective résultant d’influences postnatales. En savoir plus En dehors de l'interrogatoire, pour arriver à percevoir ce déséquilibre interne, la MTC s'appuie sur la prise du pouls et l'examen de la langue. Ces deux paramètres sont les piliers fondamentaux du diagnostic en MTC car ils sont le reflet objectif du déséquilibre énergétique interne. Hahnemann n'avait pas connaissance des concepts de la MTC lorsqu'il énonça ses principes sur la Force vitale et pourtant il avait intuitivement compris l'importance de ce système énergétique. Les différentes matières médicales qui décrivent les signes cliniques censés être guéris par les traitements homéopathiques ont fait une description détaillée et précise des anomalies linguales observées pour chaque remède homéopathique. Les différentes modifications linguales observées lors des pathogénésies confirment bien que ces deux médecines agissent sur un système commun. Le dernier point qui rapproche ces deux médecines est la notion de terrain. Toutes les deux s'efforcent de traiter une personne dans sa globalité. Soigner une personne dans sa globalité revient à identifier sa fragilité de base, sa prédisposition à faire un certain type de maladie. Bien que le système décrit dans ces deux médecines soit différent, elles s'accordent toutes les deux à dire que, pour une grande partie des individus, il existe une prédisposition innée à  faire un certain type de maladie. Cette notion de terrain repose en homéopathie sur les quatre diathèses que sont la Psore, la Sycose, la Luèse et le Tuberculinisme. En MTC, elle est fondée sur les typologies dont le pivot central est la théorie des 5 Éléments (ou 5 Mouvements). Les diathèses homéopathiques et les typologies ont quelques points communs qui seront exposés dans le chapitre 3 de ce livre. C'est en assistant à un cours sur la stagnation du Qi du Foie que l'idée d'un rapprochement entre ces deux médecines m'est venue. J'étais à l'époque encore étudiant en acupuncture. L'énumération par l'enseignant des symptômes inclus dans la stagnation du Qi du Foie m'a tout de suite fait évoquer la matière médicale d'Ignatia amara. Je me suis par la suite penché sur la question. J'ai cherché à faire correspondre un maximum de remèdes homéopathiques aux syndromes et j'ai cherché à savoir pourquoi telle souche homéopathique contenait tel ou tel syndrome. J'étais, alors, étonné de constater qu'il existait parfois un lien entre la souche homéopathique et les 5 Éléments chinois. C'est pourquoi, dans ce livre, j'ai classé les remèdes en fonction de leur appartenance aux 5  Éléments et consacré une importance particulière à la  description de l'histoire de la souche homéopathique. Bien connaître la souche permet de mieux comprendre ses indications. C'est un peu comme si les dilutions et dynamisations successives gardaient en mémoire les caractéristiques de la souche ainsi que son histoire. La pathogénésie de Stannum métal illustre à merveille cette correspondance. Sa pathogénésie évoque de toute évidence un tropisme pulmonaire avec un vide de Qi du Poumon. Comme son nom l'indique, Stannum métal est un métal. Or, l'élément correspondant au Poumon, en MTC, est le Métal. Et presque tous les métaux de la matière médicale possèdent des symptômes pulmonaires. Pour schématiser, nous pouvons résumer le rapprochement des Éléments et des souches homéopathiques comme ceci :

  • les graines (qui ont une toxicité neuromusculaire) sont le plus souvent en relation avec le Bois;

  • les remèdes qui provoquent des inflammations, avec le Feu;

  • les remèdes minéraux (carboniques notamment) et les plantes grimpantes, avec la Terre ;

  • les métaux purs, avec le Métal;

  • les parties souterraines des plantes (rhizomes) et certains minéraux constitutifs des os, avec la loge de l'Eau (Lien entre rhizomes, Réchauffeur inférieur et Utérus);

  • la plupart des plantes ont des indications dans les attaques externes et les syndromes de vide énergétique.

Mais l'idée d'un rapprochement entre l'homéopathie et l'acupuncture n'est pas nouvelle. Vers la fin du XIXe siècle, un médecin homéopathe d'Europe centrale, le Dr Weihe, sans connaître les concepts de la MTC, s'aperçut qu'il retrouvait pour une même maladie les mêmes points cutanés douloureux. Ainsi, un tableau clinique correspondant à un traitement homéopathique avait pour le Dr Weihe une correspondance avec un point douloureux cutané. Il pouvait alors conforter la prescription du traitement homéopathique qu'il avait choisi en palpant, avant, le point douloureux du remède. Il décrivit ainsi 195  points cutanés qu'il fit correspondre à des traitements homéopathiques. Par exemple, chaque fois qu'un patient présentait l'indication de Nux Vomica, il trouvait toujours un point sensible à la pression de l'extrémité libre de la 11e côte droite (ce point douloureux appartenant au méridien du Foie correspond au point 13 Foie situé sous l'extrémité libre de la 11e côte, ce qui est intéressant car Nux vomica est justement un remède «hépatique »). Ces points réunis par des lignes plus ou moins parallèles constituaient « les lignes de Weihe » qui sont au nombre de 12. Sur ces 12 lignes, 10 sont calquées sur les méridiens. Le résultat de ses travaux parut en 1903 fut édité sur une plaquette à tirage limité, devenue introuvable. Sans rien connaître de l'acupuncture, le Dr Weihe redécouvrit certains principes de la médecine chinoise. En 1929, les Dr Soulié de Morant et Ferreyrolles, dans un article paru dans la revue Homéopathie Française, ont relaté pour la première fois la superposition de certains points du Dr Weihe avec les points d'acupuncture. Un peu plus tard, à partir des années 1930, c'est le Dr De La Fuyë qui fit un travail approfondi pour faire le rapprochement entre les points de Weihe et les points d'acupuncture. Il mit en relation les indications des points d'acupuncture et les traitements homéopathiques. Il mit, par exemple, en relation le point 9C avec Digitalis ou bien le 7C qui est un point sédatif avec Aconit. Il préconisait même de poncturer les points de Weihe comme s'il s'agissait des points chinois. Aidé du Dr Dano, il rechercha des points «médicamenteux » nouveaux. Pour lui, l'ingestion du médicament homéopathique correspondant aux symptômes du point chinois acupuncturé augmentait l'action de ce point. Il combinait ces deux méthodes. Aujourd'hui, les publications cherchant à faire le rapprochement entre l'homéopathie et l'acupuncture sont presque inexistantes. Les bases de données contenues dans les logiciels de répertorisation homéopathique nous donnent jusqu'à plusieurs milliers de signes cliniques différents, et ce pour un même remède. Or, il n'est pas possible de connaître plusieurs milliers de symptômes par souche. Par exemple, la matière médicale de Lycopodium ne compte pas moins de 12 000 symptômes. En ce sens, il devient impossible de sortir de la répertorisation si on veut être sûr de ne pas passer à côté du remède, d'autant plus si le signe clinique est peu commun  : un symptôme très modalisé et très rare ne peut se trouver que par la répertorisation. Mais d'un autre côté, devant cette multitude de signes cliniques inclus dans les matières médicales, il devient difficile de choisir le bon remède à partir de la répertorisation car la plupart des polychrestes ont beaucoup de signes en commun et ceux-ci ressortent tous en première position.

A lire aussi : Médecine chinoise : les ouvrages de Giovanni Maciocia - Giovanni Maciocia (1945-2018) était l’un des praticiens et professeurs les plus respectés dans le domaine de la médecine chinoise en occident. En savoir plus De mon point de vue, il existe d'autres méthodes d'analyse permettant de s'éloigner un peu de la répertorisation et c'est ce que j'ai essayé d'apporter dans ce livre. Les multiples signes cliniques d'une souche homéopathique ont un lien, qui peut être mis en lumière par les syndromes décrits par les Chinois. Si nous prenons deux symptômes qui n'ont a priori aucun lien, il y a de fortes chances que ces deux symptômes aient, d'un point de vue énergétique, un dénominateur commun. Par exemple, la ptôse des organes et l'œdème des extrémités sont deux signes présents chez Sepia qui n'ont, a priori, aucun lien. Si nous nous fions aux syndromes chinois, ces deux symptômes ont le point commun d'appartenir au vide de Yang de la Rate. De même, le délire violent et le rash fébrile de Belladonna sont des signes à première vue éloignés mais ils appartiennent pourtant au même désordre énergétique, à savoir l'excès de Chaleur dans le Péricarde. En connaissant les différents syndromes inclus dans un remède homéopathique, et en posant au préalable un diagnostic chinois, il devient alors possible de prescrire un remède en se détachant davantage de la répertorisation. De plus, la connaissance de ces syndromes permet de mémoriser plus facilement les indications des remèdes et de mieux connaître leur mécanisme d'action. L'examen de la langue se révèle être d'une aide précieuse pour choisir le remède et c'est ce que j'ai essayé de mettre en avant dans cet ouvrage. Le traitement homéopathique peut se prescrire seul ou bien venir compléter un traitement par acupuncture car, comme le disent certains acupuncteurs, « quand l'énergie est arrivée à un tel niveau d'insuffisance, il faut une aide  extérieure ». Cette pratique de l'homéopathie concerne surtout les médecins qui ont la double qualification homéopathe/acupuncteur car elle nécessite la connaissance des principes fondamentaux de la MTC, avec notamment la prise du pouls et l'examen de la langue. Cependant, ceux qui ne pratiquent pas l'acupuncture pourront puiser dans les concepts de la MTC une source considérable d'informations pour approfondir la compréhension qu'ils ont des remèdes homéopathiques et de leurs indications. Bien sûr, un traitement homéopathique ne se résume pas à la seule technique des syndromes de la médecine chinoise. Un remède homéopathique est de toute évidence bien plus que cela. La prescription à partir de l'examen de la langue n'est qu'un système de plus parmi tant d'autres dont le seul but est d'améliorer notre pratique quotidienne en apportant un autre système de raisonnement. À l'heure où les normes européennes rendent difficile la prescription de la pharmacopée chinoise, l'homéopathie représente une alternative des plus intéressantes.

Homéopathie et médecine chinoiseS’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Le Dr Vivien Hémond est médecin généraliste, homéopathe et acupuncteur.

Vous venez de découvrir un extrait de l'ouvrage Homéopathie et médecine chinoiseS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Je découvre le livreS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Consultez l'ensemble des articles dans cette spécialité

Voir l'intégralité de notre catalogue sur notre site :  www.elsevier-masson.frS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Pour consulter l'ensemble des ouvrages dans la spécialité cliquez-iciS’ouvre dans une nouvelle fenêtre