L’alimentation de l’enfant et de l’adolescent
France | 17 septembre 2019
Vous trouverez ci-dessous un extrait de la 5e édition de 2019.
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Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage Le guide de la puéricultrice, 5e édition S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
L’alimentation de l’enfant et de l’adolescent : les besoins nutritionnels1
1 . Auteur de l’édition en cours : Marie-Ève Schmidt. Avec la collaboration pour les éditions précédentes de : Marie Larger, Pascale Thibault, Jean-Philippe Girardet, Sylvine Machinot.
Capacités attendues pour l’exercice de l’infirmière puéricultrice
Participer à l’établissement, et/ou établir des régimes normaux adaptés à l’enfant de la naissance à l’adolescence, en tenant compte (avec souplesse dans leur application) des données nutritionnelles fixées par les pédiatres nutritionnistes.
Assurer/faire assurer la mise en application des régimes prescrits dans le cadre de pathologies spécifiques (diarrhées, maladies métaboliques, intolérances digestives, etc.).
Mener des actions d’éducation à la santé auprès de populations d’enfants et de parents, afi n de promouvoir une alimentation équilibrée dès le plus jeune âge et prévenir certaines pathologies de l’adolescence et de l’âge adulte.
L’alimentation représente dans la vie de l’enfant, être en croissance, un des éléments essentiels pour que son développement somatique et cérébral, mais aussi psychomoteur, social et affectif, soit harmonieux. Nous savons que le nourrisson est dépendant de l’adulte pour ses besoins fondamentaux. Le besoin de boire et de manger ne se limite pas à un apport de nutriments; le repas constitue aussi un temps d’échanges privilégiés avec l’adulte qui prend soin de lui. Ainsi, l’alimentation reste une source de communication essentielle avec l’entourage et un moyen d’intégration sociale.
Notons aussi qu’à plus long terme, une hygiène alimentaire correcte, au cours de l’enfance et de l’adolescence, vise à prévenir certaines pathologies de l’âge adulte. L’alimentation peut également répondre à des impératifs thérapeutiques précis, notamment dans le cadre des régimes alimentaires prescrits pour certaines pathologies. Afin d’intégrer les données qui vont suivre, l’infirmière puéricultrice doit avoir une bonne connaissance de la physiologie de la digestion du nourrisson et de l’enfant, et des mécanismes physiopathologiques qui suscitent la prescription d’un régime alimentaire, qu’il soit de courte durée (en cas de diarrhée aiguë par exemple), ou qu’il soit partie intégrante de la prise en charge d’une maladie chronique (comme c’est le cas dans les régimes d’exclusion). Ce chapitre traite des grands principes de la diététique infantile. Toutefois, il faut bien savoir que l’alimentation de l’enfant, comme celle de l’adulte, évolue. Les découvertes scientifiques, les modifications dans l’industrie alimentaire, la diversité culturelle, ainsi que des événements sociaux (tels que la crise de la vache folle, ou la production de maïs transgénique) influencent la consommation alimentaire autant que l’évolution des modes de vie (diminution de l’activité physique, déstructuration des repas). L’infirmière puéricultrice s’informera donc régulièrement afin de faire évoluer ses pratiques au cours de son exercice professionnel.
Les aspects psychologiques et éducatifs de l’alimentation
L’ alimentation permet la satisfaction d’un besoin fondamental, vital − le besoin de se nourrir − , mais elle est aussi une réponse à la recherche d’échanges affectifs de l’enfant avec ses proches et tout particulièrement avec sa mère. Si cette première expérience est, dans la plupart des cas, source de plaisir, elle peut parfois être révélatrice de conflits, avoués ou inavoués.
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L’alimentation, source du « désir de vie »
Durant sa vie foetale, l’enfant n’éprouve ni besoin ni tension. Au moment de la naissance, l’enfant va éprouver des besoins physiologiques, tels que la faim, la soif. L’expression de ces besoins est source de déplaisir. L’enfant doit «demander à l’autre», le plus souvent à sa mère, de satisfaire son besoin. Ce faisant, celle-ci lève non seulement l’état de tension, source de déplaisir, mais elle lui apporte sécurité et amour, nourritures psychiques tout aussi indispensables à sa survie. L’enfant, en absorbant le lait, établit une représentation de la relation à l’autre, et vit sa première expérience de «satisfaction-plaisir». Ces différentes perceptions vont être mémorisées, l’enfant va donc associer son besoin au plaisir qu’il a éprouvé. L’ensemble de cette expérience constitue les «fondements du désir». La satisfaction du besoin réelle et complète (apport de nourriture et de relation), participe au «désir de vie» de l’enfant. Inversement, lorsque le besoin réel n’est pas satisfait (ou incomplètement satisfait), cette activité est source de déplaisir. Le psychisme va dès lors fonctionner, non plus pour obtenir du plaisir, mais pour supprimer l’état de déplaisir.
L’alimentation, source d’éveil affectif
L’alimentation, source d’ éveil affectif À travers l’alimentation, l’enfant va progressivement passer du plaisir purement physique au plaisir affectif. De la satisfaction de téter pour calmer sa faim, son activité glisse au plaisir de suçoter, qui symbolise la relation d’amour : l’enfant va par exemple sucer son pouce lorsqu’il a besoin de sécurité ou de plaisir. Il devient alors moins dépendant et les espaces entre les tétées peuvent augmenter. Ce plaisir oral, plaisir affectif, est à la base de l’amour de l’autre (ce qui souligne l’importance de la relation affective qui accompagne l’acte de nourrir). Pour la mère, le choix de l’alimentation (au sein ou au biberon) est avant tout une affaire de désir. Quel que soit le mode d’alimentation choisi, il est souhaitable que la tétée puisse s’accompagner de disponibilité et d’ échanges avec l’enfant. Le repas est un moment de relation privilégiée entre l’enfant et l’adulte, un moment où l’adulte peut apporter du plaisir à l’enfant, mais aussi où l’enfant apprend à trouver par lui-même sa propre satisfaction.
Pour la mère, le choix de l’alimentation (au sein ou au biberon) est avant tout une affaire de désir. Quel que soit le mode d’alimentation choisi, il est souhaitable que la tétée puisse s’accompagner de disponibilité et d’échanges avec l’enfant. Le repas est un moment de relation privilégiée entre l’enfant et l’adulte, un moment où l’adulte peut apporter du plaisir à l’enfant, mais aussi où l’enfant apprend à trouver par lui-même sa propre satisfaction.
À noter…
Pour que manger soit vraiment un plaisir, l’adulte apprendra à respecter les besoins de l’enfant (appétit, goût, rythme) et créera avec lui des conditions favorables pour que le repas se déroule sereinement (calme, disponibilité, échange…).
Le respect du désir d’activité de l’enfant
Compte tenu de l’évolution de son développement psychomoteur, l’enfant souhaite progressivement participer aux différentes activités autour du repas. Il découvre les instruments du repas (le biberon, la cuillère…) ; en les touchant, il apprend à les utiliser. L’enfant éprouve également le besoin de manipuler les aliments. Il est important de lui permettre d’effectuer ces découvertes tout en développant une attitude éducative : lui apprendre par exemple à utiliser des couverts, en fonction de ses possibilités motrices (encadré 13.1).
À noter…
À partir de 2 ans/2 ans 1/2, l’enfant est capable d’évaluer son appétit, de se servir, de participer à l’ins tallation du couvert et même à la confection des plats.
Le respect de l’appétit de l’enfant
Chez l’enfant, comme chez l’adulte, l’appétit peut être fluctuant, d’un individu à l’autre ou, chez un même individu, d’un moment à l’autre. Un enfant en bonne santé physique et mentale ne se laissera jamais mourir de faim. Il est nécessaire de permettre à l’enfant de ne pas avoir faim. Par ailleurs, le refus ou l’excès de nourriture peuvent avoir une signifi cation qu’il appartiendra à l’adulte de rechercher. L’ anorexie peut, par exemple, exprimer une demande d’attention particulière, et la boulimie peut être l’expression de difficultés relationnelles profondes (avec la mère en particulier). L’enfant se sert de la nourriture comme « monnaie d’échange ». Il est alors important que l’adulte « dévalorise cette monnaie » et évite que le moment des repas ne se transforme en terrain de lutte.
À noter… Il est essentiel que l’adulte ne se confonde pas avec ce qu’il donne à l’enfant. Le refus de s’alimenter de l’enfant ne doit pas être confondu avec le refus de la personne qui propose la nourriture (voir p. 863).
Encadré 13.1
Rôle de l’infirmière puéricultrice
Faire du repas un moment éducatif et convivial L’infirmière puéricultrice doit veiller à ce que le repas soit un réel moment de plaisir pour l’enfant. Qu’il vive en famille, en collectivité (crèche ou pouponnière) ou lors d’un séjour à l’hôpital, l’enfant doit disposer de conditions adaptées à ses capacités.
Ainsi, quel que soit son âge, l’enfant doit :
être installé confortablement ;
pouvoir dialoguer avec l’adulte ;
pouvoir toucher son biberon ;
puis, plus tard toucher les aliments.
À partir de l’âge de 1 an environ, l’enfant :
peut être installé à la table collective ;
doit être protégé à l’aide d’un bavoir doublé de plastique ;
est encouragé à découvrir progressivement le plaisir de tenir seul une cuillère, puis de manger seul à son rythme, (lui proposer une cuillère tandis que l’adulte en dispose d’une seconde) ;
doit être soutenu dans ses efforts par des paroles encourageantes, le féliciter, etc. ;
peut apprendre à connaître ce qu’il mange : lui présenter et nommer les aliments, séparément, dès qu’il peut manger des petits morceaux.
À partir de l’âge de 2 ans, on peut proposer à l’enfant :
d’utiliser une fourchette (qu’il réclame, d’ailleurs, souvent pour imiter l’adulte) ;
de participer à quelques préparatifs de repas : aider à mettre le couvert, à laver les légumes, etc.
Lorsque l’enfant mange seul : recommander la présence de l’adulte auprès de l’enfant lorsqu’il ne prend pas son repas en famille (par exemple, horaire de travail tardif d’un des parents, enfant fatigué) ( figure 13.1 ) ; ceci, à la fois pour des raisons de sécurité et de communication, d’échanges affectifs ; et pour maintenir au repas sa valeur conviviale, l’adulte peut « goûter » certains mets, c’est alors l’occasion de verbaliser autour de l’alimentation, etc.
Le respect du goût de l’enfant
La perception du goût permet d’identifier quatre saveurs : sucré, salé, acide, amer. Toutefois, un aliment est également apprécié par son odeur, son aspect, son volume, sa consistance, sa température. Le système gustatif du foetus est fonctionnel dès le 3e mois de la grossesse. Le nouveau-né réagit aux différentes saveurs par un réfl exe « gustofacial » qui se traduit par une mimique particulière. Par la suite, l’enfant exprimera ses goûts par des gestes puis, progressivement, par le langage. Le goût est donc lui aussi une affaire de communication, mais possède une connotation affective et s’accompagne de sensations de plaisir et de déplaisir. Le goût se développe intensément au cours de la phase orale. Il est donc important d’apporter précocement à l’enfant la possibilité de découvrir des saveurs variées, aussi bien dans le domaine sucré que salé. La perception visuelle intervenant dans l’acceptation d’un aliment, il n’est pas rare de constater des réactions de dégoût chez certains enfants, en particulier face à des aliments tels que les épinards ou les lentilles. Le respect de l’enfant passe par le respect de ses goûts. Une attitude positive consistera à présenter un aliment nouveau, à respecter l’attitude de l’enfant à son égard. En cas de refus, l’aliment pourra lui être présenté plus tard, éventuellement sous une autre forme (il faut parfois le présenter 10 fois pour le faire accepter).
À noter…
Afi n de stimuler le goût de l’enfant, il est important de soigner la présentation de la nourriture, de présenter les aliments séparément, d’utiliser des récipients agréables, de marier les couleurs, de nommer les aliments, de verbaliser les sensations ou les réactions.
Le respect du rythme biologique
Si, au début de sa vie, les phases d’éveil de l’enfant, souvent accompagnées de pleurs, correspondent à des moments où il manifeste un besoin de nourriture, les cris ou les pleurs ne traduisent pas toujours ce besoin. Il sera donc important de ne pas répondre systématiquement à l’enfant en lui proposant la tétée. Les cris peuvent être l’expression d’un malêtre, d’un besoin de relation. Seule la connaissance du rythme biologique et l’attention portée à l’enfant permettront d’en interpréter la signification.
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Le guide de la puéricultrice S’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Les auteurs
Sébastien Colson Infirmier puériculteur, Ph.D en Santé Publique et en Sciences infirmières Maître de conférences, Directeur de l’École des sciences infi rmières, EA3279 CEReSS, Faculté des Sciences Médicales et Paramédicales, Aix-Marseille université Ex-président de l’Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANPDE) Jacqueline Gassier Professeur de sciences et techniques médico-sociales Colette de Saint-Sauveur Directrice d’école de puéricultrices Sous l’égide de l’Association nationale des puéricultrices[teurs] diplômé[e]s et des étudiants (ANPDE)