Les crampes, selon Pr Olivier Steichen
15 juin 2024
Le Pr Olivier Steichen est professeur de médecine interne à la Faculté de Santé Sorbonne Université et Praticien Hospitalier, chef du service de médecine interne à l'hôpital Tenon.
Au cours de cet échange, Pr. Steichen définit les crampes, explique comment elles peuvent révéler des troubles sous-jacents, et donne les meilleurs conseils pour les prévenir.
1. Comment définissez-vous les crampes ? et quels sont les facteurs déclencheurs ?
Les crampes sont des contractions brusques et involontaires d’un muscle, souvent au mollet, responsables d’une douleur intense. Elles peuvent survenir au repos (notamment la nuit) ou lors d’exercices inhabituels. Elles sont souvent déclenchées par une contraction volontaire du muscle, notamment s’il est déjà en position de raccourcissement maximal.
2. Comment peut-on diagnostiquer les crampes ?
Le diagnostic se fait à l’entretien, en écartant d’autres phénomènes musculaires qui pourraient être confondus avec des crampes mais qui n’en partagent pas toutes les caractéristiques, comme le début brutal, la brièveté, le caractère localisé, et la douleur associée.
3. Une crampe peut-elle être signe d’une maladie plus grave ? Comment le détecter ? dans quel cas la prendre en charge ?
Les crampes sont le plus souvent essentielles (sans cause pathologique). Elles peuvent être favorisées par certaines terrains (grossesse, cirrhose, insuffisance rénale chronique) et certains médicaments (diurétiques, bêta2 mimétiques).
Parfois, elles révèlent néanmoins des troubles sous-jacents, notamment métaboliques (hyponatrémie, hypokaliémie, hypocalcémie, hypothyroïdie) ou neurologiques (neuropathie périphérique, sclérose latérale amyotrophique). Si elles surviennent chez des patients présentant d’autres anomalies neurologiques, si elles sont diffuses ou touchent les membres supérieurs ou l’abdomen, ou si elles sont très fréquentes y compris en journée, il est donc recommandé de procéder à des explorations plus poussées pour détecter une éventuelle cause sous-jacente.
4. Vos meilleurs conseils pour réduire les risques de crampes quand on pratique un sport, y compris en loisir ?
Pour les sportifs, il est conseillé de s’échauffer correctement avant l’exercice, de s’hydrater durant l’effort (avec des boissons sucrées et comportant des électrolytes en cas d’effort prolongé), et éventuellement de pratiquer des étirements après l’effort.
En vue d’une compétition, les séances d’entraînement doivent permettre d’atteindre progressivement l’intensité souhaitée, en s’acclimatant aux conditions de température et d’humidité attendues le jour de l’évènement. Une récupération suffisante entre deux séances d’entrainement et avant la compétition est également importante.
Lorsqu’une crampe survient malgré tout, elle peut être rapidement soulagée en étirant le muscle contracté.
5. En cette période olympique où le risque des crampes peut être plus élevé chez les sportifs, quels conseils donneriez-vous aux autres professionnels de santé pour mieux gérer les patients souffrant de crampes ?
Les professionnels de santé devraient encourager à la bonne préparation sportive et à donner toute son importance à la récupération. Il est également important de sensibiliser à l’hydratation durant les efforts prolongés, surtout pendant les périodes plus chaudes où les crampes sont plus fréquentes.
Cet échange fait partie de la campagne "Médecine & Sport" lancée par Elsevier en Juin 2024 pour accompagner les professionnels de santé en cette année sportive.