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La gestion des erreurs, la conscience professionnelle

18 janvier 2023

Par Anne Claire Nonnotte

La gestion des erreurs

La gestion des erreurs

Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage Comment devenir un bon médecinS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Comment devenir un bon médecin

Comment devenir un bon médecin

La gestion des erreurs, la conscience professionnelle et l'épanouissement personnel

Une remise en question personnelle : la gestion des erreurs, des échecs et des conflits

Chaque médecin sera confronté au cours de sa pratique à des erreurs, des échecs et à des situations tendues, voire conflictuelles. Plus la conscience professionnelle est développée, plus les erreurs sont difficiles à gérer, car elles impactent fortement le médecin qui n'arrête pas de les ruminer. Les causes sont nombreuses : un diagnostic que l'on n'a pas évoqué ou que l'on a «raté», un traitement non adapté que l'on a prescrit; la survenue d'un effet indésirable grave, alors que l'on avait oublié de mentionner cette éventualité au patient; un conflit avec un confrère sur une stratégie de prise en charge ; une consultation avec un malade qui se passe mal et qui est à l'origine d'une tension ; un décès inexpliqué ; un reproche formulé par un malade sur le manque d'écoute, d'empathie, de dévouement, etc. Tout cela peut bouleverser un praticien et plus particulièrement le médecin très investi ; d'où l'importance, aussi pour le médecin, de trouver un équilibre qui ne soit pas exclusivement fondé sur la pratique médicale et d'essayer de toujours pratiquer en âme et conscience. Le médecin doit disposer d'une échelle de valeur personnelle importante, à laquelle il peut se référer pour toujours garder le cap. Cela lui permet de faire face à de telles situations, en se remettant en question là où il convient de le faire, afin de progresser, de reconnaître les éventuelles erreurs factuelles ou de gestion de l'humain qu'il a commises, ainsi que les situations où il est critiqué de façon abusive, pour essayer d'en déterminer les causes et pour trouver la façon d'y remédier. Le médecin doit apprendre à gérer ces remises en cause professionnelle, ce qui n'est pas toujours simple. Il est important d'en parler, sans trahir le secret médical, avec ses proches et des collègues. Aussi difficiles qu'elles soient à gérer, elles permettent aussi de progresser et font partie d'une carrière médicale. De façon plus pragmatique, lorsqu'une erreur a été commise, la première étape est de l'identifier et de la reconnaître. Il est ensuite bon d'échanger de façon formelle avec ses collègues, pour obtenir une vision extérieure. Je recommande ensuite vivement d'en parler, en toute transparence, avec le malade. En effet, un médecin qui pratique en âme et conscience saura expliquer l'erreur avec les mots qui conviennent, sans rien cacher. Cela permet de maintenir une relation de confiance. Dans les hôpitaux, on peut même formaliser des réunions de morbimortalité pour évoquer ces erreurs. L'objectif de ces réunions n'est pas d'accuser ou de trouver un coupable, mais d'essayer de comprendre à quel niveau s'est située l'erreur afin d'éviter qu'elle se reproduise. Les niveaux potentiels sont nombreux : négligence, défaut cognitif, excès de confiance, erreur d'interprétation, oubli, parcours institutionnel inadapté, etc. Parfois, cela peut déboucher sur des mesures concrètes permettant d'améliorer la prise en charge.

Les piliers de la pratique médicale : l'éthique et la conscience professionnelle

Le médecin a l'immense privilège d'être une personne «de confiance». Les patients partagent avec lui leurs maux et leurs croyances. Il est admis dans l'intimité de leur foyer. Les malades lui confient des secrets dont même leur conjoint et leurs enfants ne sont parfois pas au courant. Il doit toujours être à la hauteur de cette confiance qui lui est accordée. Nous avons déjà vu que cela impose de nombreuses qualités et une grande compétence. Jamais il ne doit trahir le secret médical, qui reste la base de la relation médecin-malade. Et jamais, il ne doit juger, car il verra au cours de sa pratique des patients qui ont des croyances, des valeurs et des convictions, des habitudes et des attitudes bien différentes et parfois en contradiction avec les siennes. Il existe un garde-fou que le médecin doit développer et auquel l'étudiant doit être sensibilisé tôt dans son parcours médical, qui permet d'éviter des erreurs et de toujours être à la hauteur des attentes du malade : posséder une éthique et une conscience professionnelle marquées. Celles-ci imposent de réellement se préoccuper du bien-être du malade et de se poser régulièrement des questions sur le bien-fondé de ses propres actions. Un médecin qui possède ces qualités se débrouillera toujours pour trouver la meilleure solution pour les malades dont il a la charge. Il fera bien ce qu'il sait faire, et il confiera le malade à autrui pour des problèmes où il se sent dépassé. Il aura aussi l'intelligence et la compétence de reconnaître les situations qui sont trop compliquées pour qu'il les gère seul.

L'épanouissement personnel

L'épanouissement personnel Un médecin qui pratique selon les principes qui viennent d'être évoqués a trouvé sa vocation et il aura une vie professionnelle bien remplie. Elle empiétera par moment sur sa vie personnelle, car elle impose beaucoup de travail et la gestion d'une charge émotionnelle importante. Pour autant, un tel médecin aura une vie professionnelle très épanouie, car il sera régulièrement récompensé par la reconnaissance des patients qu'il prend en charge et parfois celle de ses collègues. Cette reconnaissance lui procurera une satisfaction profonde qui, à son tour, le rendra plus serein dans sa vie professionnelle et personnelle. Il ne faudra pas qu'il devienne mégalomane ou qu'il «développe la grosse tête». Mais, en général, agir selon ses principes lui permet de mieux en mieux connaître et comprendre l'humain, ce qui finira, avec le temps, par le rendre plus humble et plus satisfait avec une vie simple. C'est une vie professionnelle remplie de sens, car même si le médecin peut par moments en avoir ras-le-bol, jamais il ne se posera des questions sur l'utilité de son métier, car aider autrui n'est jamais futile. Cela n'a pas de prix.

Dan Lipsker Professeur des universités-praticien hospitalier, Faculté de Médecine et Hôpitaux Universitaires, Strasbourg 1 Préface de Jean Sibilia

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