Le billet de Julien : Arthur et les autres.
1 décembre 2017
Par Elsevier
Julien est un ancien ESI (diplomé en 2017) qui s’exprime chaque mois sur un sujet de son choix.
Arthur a 32 ans.
Il vit à Paris, seul, dans un petit appartement, dans un quartier sympa.
Arthur travaille à la Défense. Le boulot est prenant : il part tôt, il rentre tard. Arthur gagne bien sa vie, il a une situation, comme on dit … il peut alors voyager et faire des projets.
Pourtant, Arthur est malade. On appelle ça une maladie chronique. Ça va faire 4 ans bientôt qu’elle a été diagnostiquée. C’était difficile de l’accepter au début, mais il a appris à faire avec. Les soignants, son médecin généraliste, son spécialiste, son psychologue aussi. Tous l’ont aidé dans cette démarche.
Aujourd’hui, Arthur va bien. Il a arrêté de fumer, à cause de sa maladie, ou grâce à elle, il ne sait pas trop. Il fait du sport aussi. Il se sent bien dans son corps, ses prises de sang sont bonnes. Son traitement? Deux comprimés à prendre, tous les jours.
Arthur aimerait aujourd’hui avoir des projets sur le long terme, même malade. Pourquoi pas ? Ses médecins lui ont même dit : aujourd’hui, en France, un patient traité à la même espérance de vie qu’une personne « saine ». Et puis, la maladie d’Arthur, elle ne se voit pas. En plus, on ne risque pas d’attraper la maladie d’Arthur comme ça, en lui parlant, ou en lui serrant la main.
Pourtant.
Arthur n’a pas d’amis, ou très peu. Il en a perdu beaucoup lorsqu’il a annoncé qu’il était malade.
Arthur aimerait acheter un appart, pourtant, les banques ont peur, plus que lui, pour son avenir. Alors les banques ne prêtent pas facilement de l’argent à Arthur qui pourtant a un bon apport.
Au boulot, Arthur n’a pas eu la promotion qu’il visait. Pourtant, il avait toutes les compétences. Est-ce en lien avec sa maladie? Difficile de savoir.
Vous trouvez ça normal?
Non, vous avez raison.
Pourtant, Arthur est l’un des 152 000 visages de la discrimination envers des personnes séropositives en France, en 2017. Les traitements changent, les prises en charges évoluent les stratégies de préventions se transforment, mais les mentalités elles restent les mêmes.
Arthur est sous traitement, il a une charge virale indétectable. Il fait partie de ces personnes vivantes avec le VIH qui ont aujourd’hui une espérance et une qualité de vie similaire aux personnes séronégatives. Pourtant, pour lui, si le virus ne le rend pas malade, il l’isole socialement.
Pour comprendre et surtout pour agir, je vous invite à réfléchir sur le sujet en lisant http://www.unaids.org/fr/resources/campaigns/right-to-health, et en profitant de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, le premier décembre pour rencontrer les actrices et les acteurs locaux et étayer votre réflexion sur le VIH.
Pour changer les regards, il faut commencer par le nôtre, l’intime et sortir de nos croyances et de nos peurs.
Bon mois de décembre.
J’en profite pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’années, et vous dire que je suis très heureux de recommencer la rédaction des Editos, j’espère que l’année 2018 sera riche en échange et en partage.
Prenez soin de vous.
Julien
29 ans, ESI promo 2017 Master II en gestion et management créateur du site www.wikifsi.com Twitter @Martinez_J_ S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Toujours là pour t’agacer, mais jamais pour penser à ta place.