Anatomie dentaire
France | 5 mai 2018
Découvrez un extrait de l'ouvrage Anatomie dentaire S’ouvre dans une nouvelle fenêtre : le Chapitre 2 Anatomie dentaire interne
Anatomie dentaire interne
A. Anatomie topographique des tissus constitutifs de l'organe dentaire
L'anatomie interne étant en constante évolution tout au long de la vie de la dent sur l'arcade, le lecteur se reportera aux notions du chapitre 1 sur la constitution histologique de la dent, aux notions de croissance de l'organe dentaire (croissance et exfoliation) et de vieillissement du chapitre 3 et enfin aux notions de biomécanique du chapitre 4 complémentaires à cette anatomie topographique interne et de répartition des tissus de l'organe dentaire.
1. L'émail
L'épaisseur de l'émail est maximale en regard des bords incisifs et des sommets cuspidiens. Elle peut atteindre 2,5 mm à l'aplomb des sommets cuspidiens des molaires permanentes (voir fig. 1.10, page 9) et diminue progressivement en direction du collet où elle se termine en une lame de quelques microns. L'émail présente des replis qui correspondent aux reliefs externes de la couronne : cingulum des incisives et canines, sillons des prémolaires et molaires. L'émail des dents temporaires est réduit de moitié par rapport à celui des dents permanentes. L'émail étant une structure acellulaire, il ne subit pas de remaniements qui viseraient à compenser son usure ou sa perte par traumatisme ou atteinte carieuse.
2. La dentine
La dentine est le tissu qui constitue majoritairement l'organe dentaire sous la forme d'un volumineux noyau dentinaire corono-radiculaire. Les contours externes (amélaire et cémentaire) du noyau dentinaire, intimement liés à la couche la plus profonde d'émail et de cément sont définitivement fixés lors de l'odontogenèse. À sa frontière avec l'émail, la dentine reproduit très grossièrement et d'une manière très frustre, les reliefs coronaires (cuspide, bord incisif, cingulum, contours axiaux). Au niveau du collet, il n'y a pratiquement pas de rupture de direction entre les contours axiaux coronoraires et radiculaires. La pulpe dentaire contenue dans la cavité pulpaire creusée au coeur du noyau dentinaire est responsable de l'édification dentinaire centripète. Contrairement à ses contours externes, les contours internes, pulpaires, du noyau dentinaire sont le siège d'une activité permanente. Tant que la pulpe est vivante, la dentine se remanie en permanence par des processus d'apposition/résorption, modifiant ainsi les contours internes de la cavité pulpaire. Ces remaniements peuvent être physiologiques ou répondre à des phénomènes traumatiques, pathologiques ou thérapeutiques. L'apposition physiologique de dentine secondaire a pour effet de réduire progressivement le volume pulpaire, tandis que l'apposition de dentine réactionnelle se fait en regard de l'agent causal (carie par exemple). Des phénomènes de résorption de la dentine peuvent avoir une origine interne et affecter la surface de la dentine péri-pulpaire en réponse à une inflammation chronique de la pulpe, ou, suite à un traumatisme, avoir une origine externe sous la forme d'une lyse tissulaire de type ostéoclastique qui affecte la surface radiculaire.
3. Le cément
L'épaisseur du cément est d'environ 20 à 50 μm au niveau cervical. Elle augmente progressivement en direction apicale jusqu'à atteindre 50 à 200 μm. Les remaniements cémentaires correspondent à des processus d'apposition/résorption qui se manifestent en réponse à des sollicitations locales d'origine dentaire ou parodontale. Le cément s'appose physiologiquement tout au long de la vie de la dent sur l'arcade, que la pulpe soit vivante ou non. Cette apposition est minimale au niveau cervical et augmente en direction de l'apex. Elle permet de compenser l'usure occlusale de la couronne.
4. La jonction émail/cément
Au niveau du collet, la jonction entre l'émail et le cément peut se faire selon plusieurs modalités :
L'émail et le cément s'affrontent par un contact en bout à bout.
L'émail et le cément ne se rejoignent pas, mettant à nu le tissu dentinaire et constituant ainsi un facteur d'hyperesthésie et de vulnérabilité à l'attaque carieuse
Le cément recouvre l'émail, créant alors une hétérogénéité de la surface dentaire et une susceptibilité à la rétention de plaque. Ces trois configurations peuvent se retrouver sur une même dent.
B. Anatomie de la cavité pulpaire
La pulpe est un tissu conjonctif, constitué notamment par les éléments cellulaires et vasculonerveux de la dent ; elle occupe la cavité pulpaire qui est une cavité dentinaire étendue dans la couronne et dans la racine.
1. Cavité pulpaire coronaire
Dans la couronne, la cavité pulpaire prend le nom de chambre pulpaire et contient la pulpe coronaire. La chambre pulpaire, comme la couronne, présente quatre parois axiales : vestibulaire, linguale, mésiale et distale. La paroi parallèle à la face occlusale de la dent est le plafond pulpaire. Il est limité par la ou les cornes pulpaires qui pointent en direction des sommets cuspidiens ou du bord incisif. Il existe généralement autant de cornes pulpaires que de cuspides ou d'éminences. Par exemple, la chambre pulpaire d'une incisive centrale maxillaire d'un sujet jeune comporte trois cornes pulpaires en regard des trois lobes du bord incisif. La forme générale de la chambre pulpaire en vue occlusale est calquée sur celle du contour occlusal : triangulaire pour les incisives et canines, ovalaire pour les prémolaires et quadrangulaire pour les molaires. Pour les molaires, la chambre pulpaire est parfaitement définie. Elle est grossièrement cuboïde avec un plafond, quatre parois axiales et une paroi cervicale, le plancher pulpaire. Le plafond porte les cornes pulpaires en regard des sommets cuspidiens et le plancher s'ouvre aux orifices d'entrée des canaux.
2. Cavité pulpaire radiculaire
Dans la racine, le canal pulpaire contient la pulpe radiculaire. À l'extrémité de la racine, la cavité pulpaire communique avec le parodonte péri-apical par le foramen apical qui livre passage aux éléments vasculo-nerveux de la dent (fig. 2.21). Il existe plusieurs types de canaux pulpaires :
les canaux principaux : ils partent de la chambre pulpaire et se terminent dans la région apicale ;
les canaux latéraux : ils partent du canal principal et se terminent à distance de la région apicale. Pour les molaires, ils peuvent exister au niveau de la furcation : ils relient alors la pulpe camérale à la région inter-radiculaire. Ce sont les canaux latéraux inter-radiculaires ;
les canaux terminaux (ou apicaux) : ils partent du canal principal et se terminent dans la région apicale. On les trouve uniquement au niveau du tiers apical de la racine.
C. Constitution de la cavité pulpaire
1. Cavité pulpaire simple
C'est une cavité unique qui s'étend de la couronne à la racine, sans autre délimitation entre la chambre et le canal pulpaires qu'une projection du niveau de la ligne cervicale. Elle ne comporte qu'un seul canal principal qui va de la chambre au foramen apical. La forme des contours du canal principal est homothétique à celle des contours externes de la racine. En coupe axiale, le canal peut présenter sept configurations : rond, ovalaire, triangulaire, rectiligne, en quille, en haricot (en C) ou en sablier (en 8). Des formes de section différentes peuvent coexister au sein d'une même racine. Les cavités pulpaires simples sont plus fréquentes sur les dents monoradiculées et plus rares sur les prémolaires et molaires (fig. 2.22).
2. Cavité pulpaire complexe
C'est une cavité pulpaire dont les canaux principaux peuvent se ramifier, se diviser et se rejoindre tout au long de leur trajet jusqu'au foramen apical. Elle est en général présente sur les dents pluriradiculées, mais il arrive qu'on la rencontre sur certaines dents monoradiculées. Traditionnellement, on considère que la cavité pulpaire complexe peut adopter quatre configurations (fig. 2.23) :
type I : un canal principal unique allant de la chambre pulpaire au foramen apical ;
type II : deux canaux principaux qui se séparent dès la chambre pulpaire et confluent pour ne former qu'un seul canal principal à proximité du foramen apical ;
type III : deux canaux principaux qui se séparent dès la chambre pulpaire et restent séparés pour se terminer par deux foramina apicaux ;
type IV : un canal principal unique qui part de la chambre pulpaire et se divise en deux canaux principaux se terminant par deux foramina apicaux.
Cette classification reste malgré tout assez caricaturale par rapport aux réalités cliniques et d'autres variations plus complexes et inhabituelles peuvent être observées.
3. Variabilité de la cavité pulpaire
La morphologie de la cavité pulpaire est homothétique à celle des contours externes de la dent, mais la dentine et la pulpe étant des tissus qui réagissent par des modifications physiologiques ou non, ces réactions peuvent provoquer des variations de sa forme et de son volume (fig. 2.24).
© 2018, Elsevier Masson SAS
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Les auteurs de cet ouvrage :
Françoise Tilotta : Maître de conférences, praticien hospitalier, université Paris Descartes
Alain Lautrou : Professeur émérite, université Paris Descartes
Gérard Lévy : Professeur émérite, université Paris Descartes