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Précautions à prendre lors de la pratique de la marche nordique

France | 22 mars 2021

Par Anne Claire Nonnotte

Précautions à prendre lors de la pratique de la marche nordique

Précautions à prendre lors de la pratique de la marche nordique

Nous vous proposons de découvrir un extrait de l'ouvrage Marche Nordique et santéS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Marche Nordique et santé

Marche Nordique et santé

Règles de sécurité

Recommandations générales

Dès que l’on sort en plein air, on doit prendre un certain nombre de précautions pour assurer son confort et sa sécurité. L’équipement doit être conforme aux exigences de l’environnement où l’on se rend. Dès que vous sortez des zones urbaines, n’oubliez jamais que les secours mettront plus de temps à vous joindre et à vous trouver en cas de problème. Il faut s’équiper de chaussures de sport adaptées. Elles doivent être souples et confortables, et avoir une semelle crantée, antidérapante. Les chaussures de trail, chaussures de marche à tige basse, et les chaussures de jogging conviennent le mieux. Les pieds et les chevilles doivent pouvoir bouger librement, sans entrave. Selon la température, il faudra s’habiller de plusieurs couches superposées en milieu froid, car on va transpirer rapidement si l’on marche vite. La couche la plus près du corps doit être respirante pour évacuer la transpiration. La couche suivante doit réchauffer, mais pas trop. La couche superficielle coupe-vent doit être un peu imperméable mais pas étouffante. Il faut pouvoir enlever ces différentes couches en cas de sensation de chaleur. Inversement, en milieu chaud et humide ou chaud et sec, on prendra un vêtement protégeant du soleil mais léger et respirant permettant l’évacuation de la sueur. Apporter un petit sac à dos (étroit pour ne pas gêner les bras) pour avoir sous la main en cas de besoin :

  • un gilet et/ou un petit blouson pour vous couvrir si le temps se gâte ;

  • une petite bouteille d’eau pour s’hydrater au cours de la séance ;

  • un en-cas pour pallier une hypoglycémie ou un petit creux (fruits secs, barres de céréales, sucre…) ;

  • le plan du parcours ;

  • un téléphone portable (vérifiez s’il y a une couverture de zone là où vous allez) afin d’appeler les secours si besoin (numéro d’urgence à appeler : 15 ou 112).

Notons que les sacs de traileur sont très pratiques car ils comportent une poche d’eau et son tuyau d’aspiration disponible en permanence pendant la séance, ainsi que des poches de rangement pour les clefs et le téléphone. Toujours informer un proche de sa sortie. Toujours se renseigner sur les conditions climatiques, le temps peut changer étonnamment vite en plein air. Attention aux alertes météo, tenez-en compte ! Ne vous exposez pas à des risques inconsidérés seul ou avec un groupe de marche nordique. Prévoir si on part loin et longtemps en randonnée de marche nordique une couverture de survie et du matériel de premiers secours (désinfectants, compresses, pansements…). Au-delà de l’environnement, la sécurité passe aussi par l’état de santé du sujet et le respect des contre-indications partielles et temporaires (voir chapitre 6). La pratique de la marche nordique peut dans certains cas, en fonction de la déficience, nécessiter des aménagements. La première de ces précautions, c’est bien sûr l’intensité et la durée de la pratique : celles-ci doivent être fonction de l’état de santé, de la condition physique et en particulier de la capacité aérobie du patient. Un bon moyen de ne pas prendre de risque est de vérifier la capacité d’un sujet à parler sans dyspnée durant l’effort de marche nordique (test de la parole) : ceci indique que le sujet demeure sous le seuil d’essoufflement ou de dyspnée. Ce niveau est appelé aussi, lors du test d’effort avec mesure des gaz expirés, le seuil ventilatoire 1 : marchant sans dyspnée, le marcheur se situe dans la zone d’aisance respiratoire en capacité aérobie et on ne prend pas de risque pour sa santé. Bien sûr, on le verra plus loin, il faut stresser l’organisme pour le faire progresser et donc on devra faire des séances au-delà de ces seuils, mais c’est tout l’art du médecin, du kinésithérapeute et du coach de gérer les montées en intensité.

Cas particulier du sujet avec un diabète de type 2

Précautions spécifiques

En cas de troubles métaboliques comme un diabète de type 2 (DT2), il faut s’assurer de l’absence de contre-indication à l’effort (électrocardiogramme de repos a minima) et adapter son traitement et son alimentation. De manière générale, un sujet jeune et avec un bon contrôle métabolique glycémique peut pratiquer de la marche nordique sous réserve de respecter certaines consignes. Pour les diabétiques d’âge moyen ou avancé, il faut encourager un mode de vie actif et pratiquer des examens complémentaires pour vérifier l’aptitude à la marche nordique. On éliminera le risque d’hypoglycémie chez les personnes traitées par sulfamides hypoglycémiants ou par insuline (voir ci-dessous) et on se méfiera des complications qui peuvent compromettre la santé du patient lors de la pratique des activités physiques (cardiopathie ischémique, artériopathie, rétinopathie, néphropathie, neuropathie avec atteinte du pied ou risque d’hypotension orthostatique, atteinte osseuse). La recherche de ces complications doit être systématique lors des bilans périodiques et une pratique physique régulière, adaptée, sécurisante et progressive sera recherchée dans tous les cas. On se rappelle que c’est pour le diabète que l’on a employé pour la première fois le terme de médicament pour l’activité physique au début des années 2000. Pour un diabétique, on respectera les conditions d’échauffement, d’hydratation, de repos en cas de maladies intercurrentes surtout infectieuses, on aura toujours avec soi de quoi le resucrer (voir ci-dessous), il aura des vêtements et des chaussures adaptés à la marche nordique et à la météo. Ces chaussures feront une pointure de plus pour éviter les risques de lésions cutanées dues aux frottements. On n’hésitera pas à lui dire de préparer ses pieds en les massant régulièrement avec une crème anti-frottement. Un diabétique bien éduqué prendra sa glycémie capillaire avant l’effort à l’aide de son analyseur portable ou implanté, il ne débutera pas un effort physique si la glycémie est < 0,80 g/L et > 2,5 g/L.

Conduite à tenir en cas d’hypoglycémie à l’effort

En pratique, il faut s’assurer que tout diabétique emmène des glucides à index glycémique (IG) élevé (barre de céréales, pain, pâte de fruits, sucres emballés, jus de fruits) à prendre en cas de signes d’hypoglycémie, surtout s’il prend des sulfamides hypoglycémiants ou de l’insuline, s’il pratique une activité physique et qu’il se sait sujet à des hypoglycémies d’effort. Le sujet doit donc toujours avoir dans son sac des aliments avec IC élevé (éducation thérapeutique). En cas d’effort prolongé de plusieurs heures :

  • les deux derniers repas doivent être plus riches en glucides d’absorption lente (IG bas comme des gâteaux secs) ;

  • 15 à 20 g de glucides d’absorption rapide (IG élevé) doivent être pris toutes les 30 à 45 min pendant l’activité ;

  • 20 à 30 g de glucides sont rajoutés aux collations ;

  • un demi-litre d’eau doit être consommé au minimum toutes les heures.

Pour les efforts plus courts :

  • 15 à 20 g de glucides sont à ajouter lors du repas précédent ;

  • de l’eau faiblement sucrée est bue régulièrement (200 mL toutes les demi heures environ).

Pour les efforts imprévus :

  • prendre 15 à 20 g de glucides au cours de l’effort (barre de céréales, pain) ;

  • boire de l’eau sucrée au-delà d’un effort de 30 min.

Pour une hypoglycémie apparaissant au cours de l’effort (les signes précurseurs sont souvent bien connus des patients eux-mêmes) :

  • arrêter l’effort, avaler 3 sucres,

  • rajouter 25 à 30 g de glucides au repas suivant (pain, gâteau type « petit beurre ») et renouveler, en suivant, la glycémie.

En prévention de l’hypoglycémie tardive (effort important effectué en 2e partie ou en fin de journée) :

  • rajouter 40 à 50 g de glucides au repas suivant l’effort (pain, riz, pâtes) ;

  • contrôler la glycémie au coucher avec collation supplémentaire si nécessaire.

En cas de coma hypoglycémique chez un patient ayant déjà fait ce type de malaise ou non :

  • prévenir les secours via le 15 ;

  • idéalement, le sujet a informé une personne de son environnement proche (comme un ami marcheur ou le coach Athlé Santé) de son risque d’hypoglycémie, afin qu’elle puisse injecter une ampoule de glucagon en sous-cutané ou en intramusculaire.

Sinon, il faut attendre les secours ;

  • dans tous les cas, le patient doit être mis en position latérale de sécurité. Le médecin doit suggérer au diabétique pratiquant de marche nordique de parler de son état de santé à son encadrant sportif, afin qu’une personne du groupe soit désignée pour injecter le glucagon si nécessaire. Par ailleurs, à chaque sortie, le sujet diabétique veillera bien à prendre avec lui le matériel de soin nécessaire.

À retenir

  • Ne jamais partir seul faire de la marche nordique, avoir un équipement adéquat (vêtements, chaussures, couverture de survie, matériels de premiers secours si on part loin en randonnée de marche nordique).

  • Toujours informer un proche de sa sortie pour qu’on sache où vous êtes.

  • Toujours se renseigner sur les conditions climatiques.

  • Avoir toujours un téléphone actif proche.

  • Avoir de l’eau et des glucides (à IG élevé d’emblée comme du sucre et à IG plus bas comme des gâteaux secs) accessibles (pour tous et surtout les diabétiques).

  • Pour les professionnels et les autres encadrants, connaître les prodromes de l’hypoglycémie.

  • Pour les professionnels et les autres encadrants, créer un lien de confiance avec le pratiquant pour qu’il n’hésite pas à les informer de son état de santé et des gestes à effectuer en cas de complication (ex. : coma hypoglycémique et injection de glucagon)

Conditions environnementales

Nous n’abordons pas ici les spécificités de la marche en altitude et en hypoxie qui relève plus de la marche randonnée, voire de l’exploration de haute montagne [1]. On s’intéresse plus ici à la thermorégulation de l’exercice sollicitée lors des sorties en plaine, en campagne, en ville ou en moyenne montagne, et au bord des plages. Les contraintes thermiques, imposées à l’organisme par l’ambiance, correspondent aux modalités d’échanges thermiques que sont la conduction, la convection, la radiation et le changement d’état de la sueur. Pour les trois premières modalités, le sens de ces échanges dépend du gradient de température entre la surface d’échange et l’environnement. Ce sens est négatif si l’organisme perd de la chaleur (milieu froid) et positif s’il gagne de la chaleur (milieu chaud). En réponse à ces contraintes, l’organisme répond en mettant en jeu des réactions qui permettent soit d’éliminer de la chaleur excédentaire (thermolyse), soit de conserver ou de produire de la chaleur (thermogenèse). Elles sont mises en jeu lorsque le bilan thermique, somme algébrique des quantités de chaleur échangées, est soit positif soit négatif. On sait que des éléments extérieurs comme le vent ou l’hygrométrie vont modifier ces bilans thermiques, on sera d’autant plus vigilant quand ils s’additionnent comme les milieux froids et ventés en montagne, et ceux chauds et humides sous les tropiques. En plus de ces contraintes externes, l’organisme produit une quantité de chaleur variable, d’origine métabolique, qui s’additionne à celle échangée avec l’ambiance et qui nous rappelle que nous ne sommes pas une très bonne machine en termes de rendement puisque la contraction musculaire s’accompagne d’une perte d’énergie sous forme de chaleur de l’ordre de 75 % en milieu tempéré (10 % est stockée et 90 % part dans l’environnement quand tout va bien). Notre rendement (= énergie chimique nécessaire/énergie mécanique produite) de la contraction musculaire est donc de 25 %, ce qui est faible, d’où l’importance de l’optimiser pour une meilleure efficacité à l’exercice. Nous allons voir ci-dessous comment s’adapter au mieux à l’environnement.

Effet de la chaleur [2]

En milieu chaud et/ou humide, différents accidents liés à la chaleur peuvent survenir au cours d’un exercice de marche nordique, tels que, par ordre de gravité, les crampes musculaires, l’épuisement à la chaleur et le coup de chaleur. Leur prévention comprend les conseils suivants :

  • gestion de l’activité physique en marche nordique :

    • éviter la pratique de marche nordique prolongée en plein air, dès que la température extérieure est supérieure à 28 °C (sauf si l’organisme est adapté à la vie tropicale, bien entraîné et en l’absence préalable d’accidents liés à la chaleur),

    • savoir arrêter l’exercice en cas de survenue d’une fatigue inhabituelle ;

  • hydratation :

    • l’apport hydrique conseillé varie selon l’intensité et la durée de l’activité physique, les conditions ambiantes et le statut d’entraînement du sujet,

    • de manière générale, on peut conseiller à toute personne en bonne santé et non spécifiquement entraînée de boire environ 0,5 L/h (par prises successives toutes les 15 à 20 min) lors d’une marche nordique d’intensité modérée à élevée en ambiance climatique tempérée, et davantage si la marche nordique est d’intensité plus élevée ou effectuée en ambiance chaude,

    • on n’hésitera pas à recommander de boire avant de débuter la marche nordique pour ne pas partir avec un déficit hydrique ;

  • apport en sel : en dehors de conditions très particulières (exercices de marche nordique prolongés et répétés à la chaleur ou en milieu tropical chaud et humide), il n’est pas conseillé d’ajouter de sel dans l’eau de boisson.

Concernant les facteurs de risque, les comorbidités suivantes peuvent aggraver les troubles associés à la chaleur : obésité, faible degré de condition physique, déshydratation, manque d’acclimatation à la chaleur, histoire antérieure de coup de chaleur, manque de sommeil, certains médicaments incluant les diurétiques et les antidépresseurs, mauvais fonctionnement des glandes sudoripares, coup de soleil. Une maladie avec de la fièvre, une infection des voies respiratoires ou de la diarrhée, dans la semaine avant une sortie en marche nordique, devraient la faire annuler.

Remarque

Les enfants prépubères suent moins que les adultes (donc évacuent moins bien la chaleur par sudation), ont une tolérance à la chaleur plus basse et ils se déshydratent plus vite que les adultes. Leur composition corporelle montre un besoin d’hydratation plus élevé (du bébé à l’adulte, on passe de 85 à 60 % de taux d’hydratation du corps).

Afin de réagir vite, les pratiquants et les encadrants de la marche nordique doivent être éduqués et informés sur les premiers symptômes associés aux troubles de la chaleur qui peuvent inclure, du fait de la souffrance cérébrale, maladresse, trébuchement, mal de tête, nausée, étourdissement, apathie, confusion et détérioration de conscience et ce, avant le stade de coma. Pour aider les organisateurs d’événements de sport en général, il existe un abaque utilisant un indice de température, le wet bulb globe temperature (WBGT), qui quantifie les différents facteurs influençant l’effet de la chaleur et donne des conseils pour maintenir ou arrêter une compétition sportive ou une sortie d’activité physique. Les valeurs de la commission médicale de la FFA pour l’index WBGT en athlétisme sont présentées dans la figure 7.1.

Température WBGT

L’indice de la température mesurée par un thermomètre humide, sec et à globe (WBGT) est largement utilisé dans les milieux sportifs et industriels. La température ambiante est seulement une des composantes du stress environnemental de chaleur ou de froid ; les autres sont l’humidité, la vitesse du vent et la chaleur rayonnante. L’indice WBGT se calcule de la manière suivante : WBGT = (0,7 Tth) + (0,2 Ttg) + (0,1 Tts) Avec Tth : température du thermomètre humide, Ttg : température du thermomètre à globe noir, Tts : température du thermomètre sec. La Tts fait référence à la température de l’air mesurée avec un thermomètre à réservoir sec standard non exposé directement à la lumière solaire. La Tth est mesurée avec un linge saturé d’eau enveloppant un thermomètre à réservoir sec (non immergé dans l’eau). La Ttg est mesurée en insérant un thermomètre à réservoir sec dans un globe de métal noir standard. La Tth et la Ttg sont toutes les deux mesurées exposées directement à la lumière solaire. Radiation et effet du vent sont ici bien pris en compte. Aujourd’hui, il existe des appareils portatifs qui donnent l’indice WBGT en degrés Celsius ou en degrés Fahrenheit. La mesure de la température seule étant inadéquate, il faut bien sûr intégrer l’hygrométrie. Ainsi, l’importance de l’humidité dans le stress de chaleur total peut être rapidement appréciée parce que la Tth rend compte pour 70 % de l’indice, alors que la Tts rend compte pour seulement 10 %. Le risque de trouble associé à la chaleur est le suivant (valeurs de l’indice) :

  • risque très élevé : WBGT > 28 °C (82 °F) ;

  • risque élevé : WBGT = 23–28 °C (73–82 °F) ;

  • risque modéré : WBGT = 18–23 °C (65–73 °F) ;

  • risque faible : WBGT < 18 °C (65 °F).

À partir de ces données, un abaque a été créé et adopté par la commission médicale de la FFA en 2018 pour conseiller et informer les organisateurs selon la discipline. Par exemple, une sortie de marche nordique en nature ou une compétition sur piste d’athlétisme peuvent être annulées si l’index dépasse respectivement 28 °C et 29 °C (voir figure 7.1).

Fig 7.1

Fig 7.1

Fig 7.1 Suite

Fig 7.1 Suite

À retenir Les pratiquants et les encadrants de marche nordique doivent être éduqués et informés sur les premiers symptômes associés aux troubles de la chaleur. Ceux-ci, du fait de la souffrance cérébrale, peuvent inclure : maladresse, trébuchement, mal de tête, nausée, étourdissement, apathie, confusion et détérioration de conscience et ce, avant le stade de coma. Effet du froid

L’hypothermie (température centrale du corps au-dessous de 35 °C) et les engelures sont les principaux problèmes liés au froid en marche nordique. L’hypothermie apparaît dans les conditions froides ou fraîches/venteuses, particulièrement vers la fin d’une longue sortie quand la vitesse de course et la production de chaleur sont réduites. Les engelures peuvent survenir dans une température ambiante basse, surtout si elle est combinée avec une vitesse élevée du vent. Les pratiquants et les encadrants en marche nordique doivent être renseignés sur les premiers symptômes de l’hypothermie (discours brouillé, ataxie, démarche trébuchante) et les engelures (engourdissement, brûlure, douleur, paresthésie) de la peau exposée. Les vêtements humides, spécialement le coton, augmentent la perte de chaleur et le risque d’hypothermie, d’où l’importance de la qualité des tissus des vêtements et du nombre de couches portées. Les régions du corps qui perdent de grandes quantités de chaleur (tête, cou, jambes, mains, doigts) doivent être couvertes.

Engelure L’engelure implique la cristallisation des liquides dans la peau ou le tissu sous-cutané après l’exposition à des températures sous le point de congélation (< −0,6 °C ou < −31 °F). Plusieurs facteurs favorisent l’apparition d’une engelure : la température extérieure, le vent qui augmente la perte convective, l’humidité (conduction), la gêne à la circulation (vêtements trop serrés, fractures déplacées), l’état d’hydratation de la victime, l’hypoxie, la polyglobulie d’altitude et la qualité de l’équipement. Avec une température cutanée basse et la déshydratation, les vaisseaux sanguins cutanés se contractent et la circulation est atténuée parce que la viscosité du sang augmente. La peau gelée peut paraître blanche, jaune-blanc, ou mauve et est dure, froide et insensible au toucher. Le réchauffement cause une douleur intense, un rougissement de la peau et une enflure. La formation d’ampoule est commune et la perte des extrémités (doigts, orteils, oreilles, mains, pieds) est possible. Le degré des dommages aux tissus dépend de la durée et de la gravité de l’engelure et de l’efficacité du traitement. Pour prévenir les engelures, il est important d’éviter ou de limiter l’exposition au froid et à l’humidité et de porter des vêtements adéquats. Les patients fumeurs doivent être encouragés à arrêter de fumer, car la nicotine peut provoquer une constriction des vaisseaux sanguins et aggraver les engelures. Les antalgiques, les pommades ou crèmes stéroïdiennes sont utiles et un inhibiteur calcique comme la nifédipine peut aider à traiter les engelures en dilatant les petits vaisseaux sanguins et en améliorant la circulation sanguine. L’index WBGT peut aussi être utilisé pour évaluer le risque d’hypothermie. Le vent froid augmente la perte de chaleur en proportion de la vitesse du vent et le facteur de refroidissement du vent. Le degré relatif de danger peut être évalué. La vitesse du vent peut être estimée. Par exemple :

  • si vous sentez le vent dans votre figure, sa vitesse est d’au moins 16 km*h−1 ;

  • si les petites branches des arbres bougent ou si la neige ou la poussière est soulevée, elle est approximativement de 32 km*h−1 ;

  • si les grosses branches des arbres bougent, elle est de 48 km*h−1;

  • si tout l’arbre s’incline, elle est d’environ 64 km*h−1 ;

  • si l’arbre est tombé, ne sortez pas en marche nordique, le vent devient tempête…

Un indice WBGT en dessous de 10 °C indique que l’hypothermie peut survenir, surtout chez les pratiquants lents qui marchent sur de longues distances, spécialement dans des conditions humides et venteuses.

À retenir Les pratiquants et les encadrants en marche nordique doivent être renseignés sur les premiers symptômes de l’hypothermie (discours brouillé, ataxie, démarche trébuchante) et les engelures (engourdissement, brûlure, douleur, paresthésie) de la peau exposée.

Pollution

Substances polluantes [3] Elles regroupent un ensemble de gaz et de particules fines assez conséquent, d’origine naturelle ou industrielle. Les particules fines ou matières particulaires (particulate matter ou PM) sont des poussières ou des gouttelettes microscopiques qui flottent dans l’air, composées de sulfates, de nitrates, de carbone, de substances organiques ou de minéraux dont le diamètre doit être inférieur à 40 μ pour flotter. Le caractère hautement toxique des PM 10 (diamètre < 10 μm), mais surtout des PM 2,5 (diamètre < 2,5 μm) et des PM 1 (< 1 μm), est lié à la capacité de la molécule à pénétrer au plus profond des voies respiratoires de l’être humain, ce qui suppose un diamètre inférieur à 2,5 μm. Les gaz les plus significatifs sont le monoxyde de carbone (CO), le dioxyde de carbone (CO2), le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et l’ozone (O3). Les effets néfastes des polluants atmosphériques (particules fines, dioxyde d’azote, ozone, etc.) sur les appareils pulmonaire et cardiovasculaire de sujets physiquement actifs sont démontrés. Mais le rapport bénéfices/risques reste très en faveur de la marche nordique, même en zone urbaine (et ce jusqu’à un certain niveau de pollution et en fonction de l’intensité de l’effort à pied, même si les études ne sont pas encore très claires sur les seuils). Toutefois, les risques individuels cardiorespiratoires à court terme liés à la pollution sont majorés par une marche nordique en milieu extérieur. Ces risques imposent le respect des recommandations de pratique en cas d’atteinte des seuils d’alerte pollution [4, 5] :

  • de façon générale :

    • éviter les activités physiques à proximité des axes routiers et aux heures de pointe et être attentifs aux bulletins de pollution,

    • en été, éviter de pratiquer lors des heures les plus chaudes de la journée, car ce sont celles où les concentrations en ozone sont les plus élevées,

    • aller plutôt dans les parcs et forêts loin des voies automobiles fréquentées,

    • le port du masque simple n’a pas d’intérêt contre la pollution atmosphérique et les masques les plus filtrants sont insupportables à l’effort d’hyperventilation ;

  • en cas de dépassement du seuil d’information, les activités physiques en plein air et en intérieur doivent être limitées chez les malades respiratoires et cardiaques chroniques, les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées ;

  • en cas de dépassement du seuil d’alerte :

    • en population générale : – les activités physiques d’intensité élevée doivent être limitées,  – en cas de pollution à l’ozone, les activités physiques en intérieur peuvent être maintenues ;

    • en population vulnérable : les activités physiques doivent être évitées chez les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées, autant en plein air qu’à l’intérieur, de même que les déplacements sur les abords des grands axes,

    • en population sensible (asthmatique, bronchitique chronique, insuffisant respiratoire…) : préférer des sorties brèves et nécessitant peu d’efforts.

À retenir Un environnement pollué expose au risque de développement de pathologies respiratoires. Une activité physique soutenue dans certaines conditions de pollution semble exposer à un surrisque d’accident cardiovasculaire aigu, tant sur le plan coronarien que vasculaire cérébral. L’activité physique modérée comme la marche nordique (où l’on ventile moins qu’en courant ou en pédalant) est toujours conseillée si on vit en zone polluée, les bénéfices sur la santé dépassant les risques de la pollution (diminution du risque d’infarctus chez un sportif/non sportif en milieu pollué). On respectera les recommandations de non-pratique ou d’adaptation en cas de dépassement du seuil d’alerte et si l’on est un sujet à risque ou vulnérable.

Frédéric Depiesse est médecin du sport et spécialiste en médecine physique et réadaptation. Ancien président de la commission médicale nationale de la Fédération Française d’Athlétisme (FFA), formateur des « coachs athlé santé » (2006-2020) et animateur de marche nordique. Praticien hospitalier en disponibilité, il travaille à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris.

Marche nordique et santé S’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

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Références [1] Richalet JP, Herry JP. Médecine de montagne – Alpinisme et sports de montagne, 5e éd Issy-lesMoulineaux Elsevier Masson ; 2017. [2] Armstrong LE, Epstein Y, Greenleaf JE, Haymes EM, Hubbard RW, Roberts WO, Thompson PD. American College of Sport Medecine position stand. Heat and cold illnesses during distance running. Med Sci Sports Exerc 1996 ; 28(12) i-x. [3] Chevalier L. Cœur, pollution et sport - Les liaisons dangereuses. Cardio & Sport, no 42. En ligne (consulté le 24/09/2020) : https://www.clubcardiosport.com/documentation/divers/coeur-pollution-sport. [4] HAS. Guide de promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique et sportive pour la santé chez les adultes. 2019. En ligne (consulté le 24/09/2020) : https://www.has-sante.fr/ upload/docs/application/pdf/2018-10/guide_aps_vf.pdf. [5] ANSES. Actualisation des repères du PNNS - Révisions des repères relatifs à l’activité physique et à la sédentarité. Rapport février 2016.