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Rééducation et réadaptation des troubles de la mémoire

France | 25 novembre 2021

Par Anne-Claire Nonnotte

Banner - Traité pratique de neuropsychologie clinique de l-adulte

Traité pratique de neuropsychologie clinique de l-adulte

Traité pratique de neuropsychologie clinique de l-adulte

Rééducation et réadaptation des troubles de la mémoire

Les troubles de la mémoire sont polymorphes tant en raison de la diversité des systèmes de mémoire que de l’étendue et de la gravité des lésions, mais aussi en raison des manifestations neuropsychologiques et parfois psychopathologiques associées aux syndromes amnésiques. Et reste aussi bien sûr le contexte médical, familial et social qui peut accompagner les syndromes amnésiques. L’existence ou non d’une plainte mnésique est un élément essentiel des soins. Elle peut être excessive au regard des troubles objectifs  ; elle demande la prise en compte d’une dépression associée ou d’une anxiété. Les plaintes mnésiques du vieillissement tout comme les troubles mnésiques relevant de manifestations d’un vieillissement cérébral pathologique sont envisagés au chapitre 27. Dans les cas d’atteinte objective de la mémoire explicite, l’anosognosie est bien sûr un obstacle à la participation du malade au programme de réadaptation qui lui est proposé. Quelques principes de l’accompagnement réadaptatif des troubles de la mémoire ont été envisagés plus haut à propos du syndrome de Korsakoff. Ils restent applicables à d’autres troubles de la mémoire explicite qu’il s’agisse du recours à des aides externes, de la mobilisation de systèmes de mémoire préservés (mémoire implicite et procédurale), des techniques dites d’apprentissage sans erreur ou les méthodes d’estompage.

Technique de récupération espacée

Elle consiste à augmenter progressivement la durée de l’intervalle qui sépare une information de son rappel, par exemple de 10 secondes en 10 secondes jusqu’à 5 minutes avec, en cas d’échec, retour au dernier intervalle réussi, puis reprise de l’allongement progressif des durées sans dépasser la durée mettant le malade en échec. Cette méthode peut être utilisée pour l’apprentissage de noms d’objets, pour l’association visage– nom, pour la localisation d’objets ou encore pour l’apprentissage de consignes du type « Comment faites-vous pour vous rappeler les tâches que vous devez faire chaque jour ? » La réponse à mémoriser étant « consulter mon calendrier ou mon agenda » et pouvant être suivie de la consultation réelle du calendrier sur lequel est portée une consigne. Cette méthode a été créditée de quelques succès notamment dans la maladie d’Alzheimer. Il est possible qu’ils soient dus à la capacité de cette tâche à mobiliser aussi la mémoire implicite [219] .

Apprentissage de connaissances complexes

Il s’agit d’apprendre à l’amnésique des apprentissages complexes comme se servir d’un ordinateur tant pour la manipulation que pour l’acquisition du vocabulaire et des gestes nécessaires au traitement de texte. Cet apprentissage qui peut s’avérer fort long vise à mobiliser la mémoire implicite verbale et la mémoire procédurale, par la répétition, la division des tâches, l’utilisation de méthodes d’estompage ou sans erreur pour acquérir les mots (comme Sauver) correspondant à une définition (Enregistrer un document) puis en y associant les manipulations nécessaires. Ces apprentissages relatés sur des cas uniques [220] sont laborieux et nécessitent beaucoup de ténacité. Mais les acquisitions restent limitées aux tâches apprises et aux logiciels utilisés, sans généralisation à d’autres tâches et sans que l’amnésie antérograde soit modifiée.

Méthodes de facilitation de la mémorisation épisodique

Elles visent, malgré le déficit mnésique, à optimiser l’encodage et la récupération. Il s’agit de fournir au malade des indices tant à l’encodage qu’à la récupération en utilisant l’imagerie mentale (d’un visage, d’un objet, d’un lieu)  ; l’encodage est amélioré verbalement en donnant au malade des détails associatifs sur les informations à encoder et en les utilisant lors de la phase de récupération (voir pour détails [221] ). Certains auteurs proposent de renforcer l’encodage en multipliant les détails descriptifs, comme par exemple, dans un apprentissage visage–nom, demander sur la photo la couleur des cheveux, des yeux, etc. [222] . Des protocoles dits de self-imaging [223] explorent les bénéfices d’une stratégie d’encodage référencée à Soi en imaginant, à partir d’une phrase à mémoriser, un événement dans lequel le sujet s’implique personnellement. Des procédés mnémotechniques permettent parfois d’associer par exemple un visage (comme celui de M. Meunier ou de M. Carré ou de M. Bégon) avec un homophone (un meunier, un carré) ou un mot phonologiquement proche (bégonia) et en associant l’image du visage et celle se rapportant au mot. La méthode des localisations [224] consiste à favoriser l’apprentissage d’une liste de mots (comme une liste de courses) ou d’actions à effectuer (acheter du pain, poster une lettre) en associant successivement chaque information aux étapes d’un déplacement imaginaire dans un lieu connu (par exemple chez soi le buffet, la table, le piano, le canapé…). On peut aussi en fonction du sujet décrire des étapes dans une rue (par exemple les magasins qui se succèdent) ou dans une ville, une suite d’édifices connus du malade. Si ces techniques permettent d’améliorer les tâches visées par les techniques de facilitation, elles ne modifient pas ou peu les activités de la vie quotidienne. Il faut donc veiller à superviser aussi le transfert de ces apprentissages dans la vie quotidienne comme par exemple l’apprentissage d’une liste de courses  : ce transfert est essentiel au maintien à long terme des acquis dans la vie quotidienne [225] . Les procédés de réminiscence en mémoire autobiographique proposés dans la maladie d’Alzheimer sont évoqués dans les chapitres 16, 18, 26 et 27.

Rééducation de la mémoire de travail

Elle vise à améliorer non seulement la mémoire de travail elle-même, mais aussi la mémoire à long terme en raison des liens que contractent ces mémoires par l’intermédiaire du buffer épisodique. En fait, certaines publications ne concernent que les déficits isolés de la mémoire de travail, par exemple après traumatisme crânien [226] . Elles suggèrent des effets favorables de la rééeducation. Mais d’autres travaux indiquent aussi un effet favorable sur la mémoire à long terme, les fonctions exécutives, les activités de la vie quotidienne [227] . La rééducation de l’administrateur central peut reposer selon le protocole de Duval et al. [228]sur trois stratégies. Le double encodage verbal (répétition subvocale) et visuel (visualisation) mobilise les systèmes esclaves par des épreuves de complexité croissante, de l’exercice d’épellation à rebours d’un mot à la répétition d’une suite d’adjectifs en donnant son contraire. La présentation visuelle ou auditive de mots ou de lettres permet par exemple de demander au sujet de faire signe quand le dernier stimulus est identique à l’avant dernier (n-2 back). La gestion des interférences utilise une tâche de type Brown-Peterson. Une rééducation écologique vise ensuite à transférer les acquis dans des situations de la vie quotidienne, ce qui a pu être obtenu et maintenu chez quelques malades présentant un trouble de l’administrateur central d’origine neurologique ou psychiatrique (schizophrénie).

Réalité virtuelle et rééducation de la mémoire prospective

La rééducation de la mémoire prospective, qui implique et la mémoire épisodique et les fonctions exécutives, a utilisé des protocoles de réalité virtuelle mimant des activités de la vie quotidienne, déployés chez des malades présentant des séquelles de traumatismes cranio-cérébraux [229] ou d’accidents vasculaires cérébraux [230] .

Vous venez de découvrir un extrait de l'ouvrage Traité pratique de neuropsychologie clinique de l’adulteS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Roger Gil Professeur émérite de neurologie à l’université de Poitiers, doyen honoraire de la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers, neuropsychiatre Michel Wager Professeur de neurochirurgie à la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers et chef du service de neurochirurgie du CHU de Poitiers

Traité pratique de neuropsychologie clinique de l’adulteS’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Références [219] Erkes J , et al. Utilisation de la technique de récupération espacée dans la prise en charge des patients atteints de maladie d’Alzheimer . Revue critique et applications cliniques. Psychologie & Neuropsychiatrie du Vieillissement 2009 ; 7 ( 4 ) : 275 – 86 . [220] Van der Linden M, Coyette F. 1995. Acquisition of word processing knowledge in an amnesic patient: implications fot theory and rehabilitation. In Broken memories.(R Campbell & M Conway eds.). Oxford : Blackwell 1995. [221] Seron X , et al. La rééducation des troubles acquis de la mémoire . Louvain Médical 1996 ; 115 : 613 – 34 . [222] Hux K , et al. Effect of training frequency on facename recall by adults with traumatic brain injury . Brain Inj 2000 ; 14 ( 10 ) : 907 – 20 . [223] Grilli MD , Glisky EL . The self-imagination effect: benefi ts of a self-referential encoding strategy on cued recall in memory-impaired individuals with neurological damage . J Int Neuropsychol Soc 2011 ; 17 ( 5 ) : 929 – 33 . [224] Vallat-Azouvi C , Le Bornec G . Rééducationréadaptation des troubles de la mémoire après lésions cérébrales acquises non dégénératives chez l’adulte: état de la question . Rev de Neuropsychol 2013 ; Volume 5 ( 4 ) : 281 – 92 . [225] Anschutz L , et  al. Maintenance and Generalization of Mnemonics for Grocery Shopping by Older Adults . Exp Aging Res 1985 ; 11 ( 3–4 ) : 157 – 60 . [226] Vallat-Azouvi C , et al. Rehabilitation of the Central Executive of Working Memory after Severe Traumatic Brain Injury: Two Single-Case Studies . Brain Inj 2009 ; 23 ( 6 ) : 585 – 94 . [227] Serino A , et al. A Pilot Study for Rehabilitation of Central Executive Defi cits after Traumatic Brain Injury . Brain Inj 2007 ; 21 ( 1 ) : 11 – 9 . [228] Duval J , et  al. Rééducation neuropsychologique de l’administrateur central de la mémoire de travail . La Lettre du Psychiatre III 2007 ; 7 : 142 – 7 . [229] Yip BCB , Man DWK . Virtual reality-based prospective memory training program for people with acquired brain injury . NeuroRehabilitation 2013 ; 32 ( 1 ) : 103 – 15 . [230] Mitrovic A. A virtual reality environment for prospective memory training. In Proceedinfs of UMAP posters(I Cantador & Min Chi eds), 2014 ; 93-98. https://pdfs.semanticscholar.org/27db/f3cf2cd1a 18f45ff5854d87f745c8ea1d482.pdf .