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Pourquoi l’open access peut être une opportunité pour les sociétés savantes

France | 18 mars 2021

Une responsable de la Poultry Science Association (Société savante des Sciences avicoles) explique pourquoi les revues officielles de cette société savante ont évoluées du modèle «abonnement » vers l’open access et les avantages qui en découlent.

Par Libby Plummer (traduit de l'anglais)

Poultry Science

Jacelyn Hemmelgarn, directrice exécutive de la Société des sciences avicoles, explique pourquoi les revues de cette société savante ont évolué vers l’open access.

En 2020, la Société des Sciences avicoles (Poultry Science Association - PSA) a décidé de faire évoluer le modèle de ses revues de l’abonnement à l'open access et elle en voit déjà les avantages. Le nouveau modèle économique du Gold Open Access consiste à demander aux auteurs de s’acquitter de frais de publication (article processing charges APC) pour que leur article soit en accès libre pour tous dès sa publication.

Pour une société savante traditionnelle comme la PSA, avec une longue histoire, il s’agissait d'un changement important mais qui est d’ores et déjà considéré comme un franc succès.

"Tant pour les auteurs de vos revues que pour vos membres, l’open access offre vraiment beaucoup d’opportunités" , a déclaré Jacelyn Hemmelgarn S’ouvre dans une nouvelle fenêtre, directrice exécutive de la PSA et poursuit :

Nous avons déjà constaté une augmentation des soumissions dans les revues de notre société ainsi que du nombre de nos lecteurs. Nous avons également reçu des demandes de renseignement en provenance de pays où les articles n’étaient pas consultés auparavant.

Depuis le 1er janvier 2020, la PSA a adopté pour ses deux revues — Poultry Science S’ouvre dans une nouvelle fenêtre et le Journal of Applied Poultry Research S’ouvre dans une nouvelle fenêtre — le modèle Gold Open access après avoir quitté leur ancien éditeur pour Elsevier. En s’acquittant de frais de publication de $2.000, ou de $1.500 pour les membres de la PSA, les auteurs publient en Gold Open Access dans ces revues. Celles-ci disposent désormais d'archives ouvertes, tous les articles étant librement accessibles sous une licence sur ScienceDirect  S’ouvre dans une nouvelle fenêtre(Creative Commons licence).

Ouvrir les voies de la collaboration

La PSA a mené une réflexion longue et approfondie avant de décider de passer à l’open access. Elle a finalement considéré que grâce à la fidélité de leur lectorat et leur héritage considérable – le journal Poultry Science célébrera ses 100 ans en 2021- un tel changement serait bénéfique pour les deux revues. Jacelyn Hemmelgarn explique que pendant 99 ans, le public des travaux publiés dans Poultry Science était limité aux membres de la PSA et aux chercheurs des instituts abonnés. Aujourd’hui les articles publiés peuvent être consultés par tous :

Nous voulions encourager l’idée d’une collaboration mondiale de tous les scientifiques, quel que soit leurs disciplines, qui leur permettrait de partager leurs idées et de tirer parti de leurs connaissances respectives.

Surmonter les obstacles et choisir l’open access

Le passage à l'open access est une tendance qui devrait s'accentuer dans les mois et les années à venir, mais il existe des obstacles potentiels pour les sociétés savantes qui envisagent cette évolution. L'un des principaux défis est la crainte que l'ouverture des revues à tous les publics ne fasse disparaitre les avantages dont bénéficient les membres des sociétés savantes. Parmi les nombreux avantages que les sociétés offrent à leurs membres, l'accès à des conditions privilégiés aux revues fait souvent partie des plus importants. Toutefois, selon Jacelyn Hemmelgarn, les avantages de l’open access et l'importance d’un libre accès aux travaux de recherche pour tous les publics l'emportent sur ce point.

Il était toutefois primordial d'en convaincre les membres. Pendant les mois qui ont précédé le passage à l’open access, la PSA a donc pris le temps de présenter aux membres expérimentés le concept et les avantages de l’open access afin de les familiariser progressivement avec la perspective.

Comment les membres peuvent-ils bénéficier de l’open access ?

Avant que la PSA ne commence à publier avec Elsevier, la revue Poultry Science reposait sur le modèle d’abonnement avec par ailleurs une "facturation à la page" pour les auteurs. Désormais l’open access offre plus de flexibilité,  les avantages d'un large partage des travaux de la recherche ainsi que la remise sur les frais de publication accordée aux membres de la PSA.

"Lorsque vous avez un modèle d'abonnement avec par ailleurs des frais à la page, vous essayez de rester synthétique dans l’écriture de votre article », a déclaré Jacelyn Hemmelgarn "l’open access vous libère donc vraiment."

Après avoir comparé les frais à la page par rapport au tarif forfaitaire de l’open access, la conclusion s’imposait :

Nous avons sincèrement estimé que le passage à l’open access était bénéfique pour un auteur, car la longueur de l’article n’avait plus d’importance – plus de limites en termes de nombre de pages. Les auteurs peuvent désormais inclure autant de tableaux ou de graphiques que nécessaire sans avoir de contraintes telles que la taille ou la couleur.

Par rapport au modèle de facturation à la page, l’open access permet également aux chercheurs de demander des financements plus précis pour la publication, car ils connaissent son prix dès le départ.

Comment les sociétés savantes peuvent-elles bénéficier de l’open access ?

Les avantages de l’open access sont évidents dans ce cas mais existe-t-il des bénéfices spécifiques pour la PSA et ses revues ? Jacelyn Hemmelgarn explique :

Pour les revues, nous nous sommes ouverts à un plus grand nombre de lecteurs et cela était pour nous un moyen de développer une collaboration. Prenant l’exemple d’un indien qui n’était pas membre de la PSA, ni abonné à titre individuel, il n’aurait donc jamais pu lire un article publié dans nos revues. Aujourd’hui il peut consulter nos revues, il sait qui sont les auteurs des articles et il a la possibilité de les contacter.

Changement d'éditeur

Pour la PSA, le passage à l’open access est allé de pair avec un changement d'éditeur. Elsevier a été choisi en raison de sa compétence avec plus de 450 titres en open access dans son catalogue. Jacelyn Hemmelgarn précise :

Nous avons choisi Elsevier non seulement pour sa réputation, mais aussi parce qu’ils’agit d’un groupe de dimension mondiale. Et nous avons été très impressionnés par la compétence de nos interlocuteurs dans le domaine de l’open access. Depuis le lancement, nous n’avons pas pu organiser de réunions présentielles en raison de la pandémie, mais nous avons une conférence téléphonique tous les mois pour traiter les questions d’actualité. Elsevier avait un plan très précis pour la transition et nous a conseillé sur la communication à adopter auprès de nos membres. 

Malgré sa complexité Jacelyn Hemmelgarn décrit le changement comme un "processus incroyablement fluide". Il y avait bien entendu quelques contretemps, ce qui est normal lorsqu'on passe d'un système à un autre, mais elle considère qu'Elsevier a fait un excellent travail en veillant à ce que tout le monde maitrise le système. Au-delà de la communication sur les avantages du nouveau modèle aux membres de la société savante, Elsevier a relevé le défi de former toute la rédaction à son système de soumission Editorial Manager.

"Nous nous sommes sentis très à l'aise le 1er janvier lorsque le système a basculé et le nouveau process était vraiment activé car nous étions convaincus que chacun avait reçu la formation dont il avait besoin et était bien équipé pour tourner la page", dit Jacely Hemmelgarn.

Quels conseils donnerait-elle aux autres sociétés qui envisagent de suivre les traces de la PSA et de passer à un modèle de gold open access ?

« Je dirais que le changement se justifie pleinement » répond-elle et poursuit :

Elsevier a veillé à ce que la transition se fasse en douceur, et nous avons vraiment  constaté les avantages de cette décision. Nous espérons en profiter encore davantage à l'avenir – et en faire bénéficier l'industrie avicole dans son ensemble en partageant les travaux de recherches au niveau mondial.

Un article de

Libby Plummer

Libby Plummer est une journaliste et rédactrice indépendante, spécialiste dans les domaines de la technologie, les sciences et l'espace. Basée à Londres, Libby a près de vingt ans d'expérience et a travaillé avec un grand nombre de publications spécialisées et grand public ainsi qu’en salle de presse. Libby est titulaire d'une licence en communication et a également suivi des cours d'astronomie et d'astrophysique à l'université d'Oxford. Elle a profité du confinement de 2020 pour suivre des cours en ligne d’ingénierie aérospatiale, astronautique et vols habités dans le cadre des e-formations du MITx du Massachusetts Institute of Technology.

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