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Parents inquiets devant les plaintes et symptômes de leur nourrisson

France | 24 octobre 2022

Le premier ouvrage en langue française référent en médecine générale

Parents inquiets devant les plaintes et symptômes de leur nourrisson

Parents inquiets devant les plaintes et symptômes de leur nourrisson

Parents inquiets devant les plaintes et symptômes de leur nourrisson

Élise Benedini

Devenir parents, c'est accéder à une nouvelle identité et à de nouveaux rôles sociaux. Le bien-être de l'enfant est au cœur des préoccupations avec une norme de bonne santé, d'épanouissement et de réussite. Les nouveaux parents sont confrontés à des sentiments contradictoires : grand bonheur mêlé à de la culpabilité et à du stress. Le stress de la parentalité s'ajoute à celui des autres domaines de la vie (travail, couple…) alors que les ressources sont diminuées par la fatigue [1]. Ces agents stresseurs concernent la transition vers la parentalité, la conscience de tout ce qui pourrait arriver, la fragilité du nourrisson S’ouvre dans une nouvelle fenêtre, la projection de ce qui est bon pour lui, les exigences des parents envers eux-mêmes et les éventuelles difficultés rencontrées par les nourrissons (maladie, handicap). Le nourrisson se définit étymologiquement comme celui qui a besoin d'être nourri; il est âgé d'un à six mois. Avant un mois, c'est un nouveau-né.

Toute discordance entre les attentes des parents et la réalité suscite incompréhension et angoisse. Tout changement dans le comportement du nourrisson est source légitime d'inquiétude pour ses parents. L'agir est rassurant et vécu comme la solution aux symptômes du bébé : changements de lait, collier d'ambre, médecines alternatives… Les symptômes qui amènent les parents à consulter ne sont pas uniquement ceux du nourrisson car comme le dit Winnicott : «Un bébé seul, ça n'existe pas. » Ils sont porteurs d'un sens dont l'interprétation prend en considération la triade bébé-parents. L'enjeu lors de ces consultations centrées sur l'inquiétude parentale est de réussir la rencontre entre la subjectivité des parents et la logique médicale scientifique et rationnelle. L'observation de la triade parents-enfant débute dès la salle d'attente : leur positionnement, leurs interactions. L'écoute est un temps essentiel : accueillir les inquiétudes des parents, explorer leurs croyances. L'examen toujours réalisé sur un nourrisson dévêtu est, au-delà de la clinique, l'occasion d'observer l'attitude des parents envers leur bébé et l'un envers l'autre. Il est le socle sur lequel s'appuieront informations et guidance parentale.

Pleurs excessifs du nourrisson

Le nourrisson présente des pleurs paroxystiques, excessifs et inconsolables sans cause identifiable. Les parents se retrouvent en incapacité de faire face à ce bébé que rien ne calme, surtout en fin d'après-midi et en soirée. Il semble souffrir. Il peut avoir un visage rougi, des sourcils froncés, les poings serrés, les jambes repliées sur son abdomen, et son cri est aigu et perçant. Ces pleurs excessifs primaires concernent 5 à 30  % des bébés. Ils débutent lors de la seconde semaine de vie, ont une intensité maximale lors du deuxième mois et disparaissent entre quatre et six mois. Ils sont classiquement décrits par la règle des trois : des pleurs plus de trois heures par jour, plus de trois jours par semaine et pendant plus de trois semaines chez un nourrisson bien nourri et en bonne santé. Il n'existe pas de différence selon le genre, le mode d'allaitement, la culture, le terme de l'accouchement — ils sont décalés chez le prématuré. Ces pleurs n'ont aucune conséquence sur le développement de l'enfant. Leur pathogenèse est multifactorielle. Pleurer est un moyen d'expression et de communication de l'enfant à ce stade de son développement. Cela lui permet d'attirer l'attention de l'adulte pour répondre à ses besoins physiologiques, pour produire un comportement de soins et créer les liens d'attachement [2]. Le terme de coliques du nourrisson n'est plus utilisé car les parents l'assimilent à une affection spécifique, avec une étiologie qui nécessite un traitement. Aucun examen complémentaire n'est nécessaire. Aucune thérapeutique ni modification diététique n'ont d'efficacité démontrée [3]. La siméticone expose le nourrisson à des réactions allergiques, les inhibiteurs de la pompe à protons à des troubles neurologiques, cutanés et digestifs, les massages aux huiles essentielles à des risques neurologiques [4]. En raison des conséquences néfastes possibles pour le nourrisson, dues aux émotions suscitées chez des parents fragilisés par la dette de sommeil, les pleurs excessifs ne sont pas à banaliser. Des répercussions négatives sur la relation bébé-parents sont possibles avec évitement, négligence et maltraitance.

Syndrome du bébé secoué

Le ballottement de la tête ou la décélération par le choc de la tête sur un oreiller expose au risque de déchirure veineuse cérébrale avec saignements rétiniens et intracérébraux. Les signes cliniques comportent : vomissements, refus d'alimentation, malaise avec hypotonie, bradycardie, troubles neurologiques avec somnolence ou irritabilité, convulsions, troubles de la conscience et coma. Des séquelles sont possibles avec handicap majeur.

Le médecin laisse le temps aux parents d'exprimer leurs inquiétudes, leurs questionnements. Une écoute active permet de comprendre pourquoi ils pensent « qu'ils n'y arriveront pas ». Il repère les parents vulnérables en raison d'une faible tolérance aux pleurs. Leur perception subjective des pleurs est à prendre en compte. L'examen clinique vérifie la bonne croissance staturopondérale du nourrisson et élimine les 5 % de pleurs excessifs secondaires (cf. encadré). Ce temps est indispensable pour rassurer les parents. Par l'écoute empathique et l'examen clinique, le médecin crée l'alliance nécessaire pour justifier une non-prescription. Il s'inscrit dans une guidance parentale et délivre des conseils pour aider les parents à se sentir à nouveau compétents (cf. encadré) [5, 6]. En amont, les visites de suivi de la grossesse sont l'occasion d'explorer les représentations des futurs parents sur les pleurs et de les informer sur cette étape du développement de leur futur bébé. Pleurs excessifs secondaires

Ils représentent 5 % des causes de pleurs prolongés.

  • Situations urgentes : hernies étranglées, invagination intestinale aiguë, torsion testiculaire, traumatologie.

  • Situations avec retentissement staturo-pondéral : RGO pathologique, affection cardiovasculaire ou neurologique, allergie aux protéines de lait de vache.

  • Situations douloureuses : constipation avec fissure anale, infections.

  • Situations d'inconfort : température, air dégluti lors de la tétée, prurit (irritation, dermatite atopique), constipation, alimentation inappropriée.

  • Situations parentales, dont la dépression maternelle du post-partum.

Conseils devant des pleurs excessifs primaires

  • Chasser les fausses croyances : les pleurs excessifs ne reflètent pas un caractère capricieux et porter plus un bébé ne lui donne pas de mauvaises habitudes.

  • Apaiser le nourrisson : le porter, lui parler, le bercer doucement, le promener, lui masser le ventre, dans une ambiance douce.

  • Poursuivre l'allaitement à la demande et, en cas d'allaitement artificiel, donner le biberon en position verticale.

  • Conseils pour les parents : – réévaluation cognitive : « mon bébé pleure mais ce n'est pas grave, il n'est ni malade ni blessé » ; – sensibiliser à la communication sur l'élimination (position accroupie, soutenue et sécurisée après les tétées et lors des réveils pour favoriser la défécation); – identifier et solliciter des personnes ressources pour prendre le relais; – proposer une consultation dédiée en cas de suspicion de dépression maternelle.

Faire ses nuits et faire ses dents

Autonomisation du sommeil [7]

Le nourrisson découvre son sommeil naturellement. Les réveils nocturnes physiologiques deviennent pathologiques si l'enfant a besoin d'une intervention extérieure pour se rendormir. À partir du premier mois de vie, le bébé va espacer ses tétées nocturnes. Entre deux et quatre mois, il approche de la maturité cérébrale de sommeil avec des périodes d'éveil diurne plus longues. Il apprend à se détacher de l'endormissement dans les bras ou au sein après les tétées, pour s'endormir seul. Apaisé, il fera de même après les micro-éveils de la nuit. Il a besoin de se sentir en sécurité dans son lit pour s'endormir seul. Cette sécurité est transmise par les parents. Le médecin accompagne l'autonomisation du sommeil au cours des visites de suivi du nourrisson. Il valorise les compétences des parents à connaître et soutenir leur enfant.

Score clinique de déshydratation

  • Pli cutané persistant.

  • Temps de recoloration capillaire > 2 secondes.

  • Aspect «malade » du bébé.

  • Absence de larmes.

  • Respiration « anormale ».

  • Sécheresse des muqueuses.

  • Orbites creusées.

  • Pouls radial filant.

  • Pouls > 150/min.

  • Diminution de la diurèse.

    Si 3 signes → Probabilité de déshydratation × 5. Si 7 signes → Probabilité × 8.

Vomissements et/ou diarrhées

Parents, ayez le bon réflexe ! Préparez la SRO : 1 sachet dans 200 cl d'eau. Proposez régulièrement au bébé, une cuillérée à café toutes les deux minutes en cas de vomissements. Si votre bébé la refuse, ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, mais c'est qu'il n'en a pas besoin à ce moment-là. La diarrhée peut être augmentée transitoirement, sans gravité, en début de traitement. La SRO reconstituée se conserve 24 heures au réfrigérateur.

Constipation

Un nourrisson alimenté au lait artificiel a des selles plus compactes qu'en cas d'allaitement maternel. Le rythme des selles varie entre une, après chaque tétée, à une tous les cinq à sept jours. La constipation est définie par des selles moins fréquentes, dures, et une défécation difficile ou douloureuse. L'examen clinique recherche l'existence d'une fissure, parfois responsable de rectorragies. Le premier traitement est diététique avec l'augmentation des apports hydriques. Il n'existe pas de données sur l'utilisation d'une eau riche en magnésium, ou d'un lait artificiel adapté. Le recours ponctuel à un suppositoire de glycérol est envisageable en cas d'échec des mesures précédentes ainsi que la prescription d'un laxatif osmotique pour une durée courte.

Références

[1] Roskam I, Mikolajczak M. Stress et défis de la parentalité. Thématiques contemporaines. Paris: De Boeck Supérieur; 2015. [2] Wiley M, Schultheis A, Francis B, et al. Parents' Perceptions of Infant Crying: a possible path to preventing abusive head trauma. Acad Pediatr 2020 ;20:448–54. [3] Kidd M, Hnatjiuk M, Barber J, Woolgar MJ, Palacios Mackay M. “Something is wrong with your milk.” Qualitative study dietary restriction and beliefs about infant colic. Can Fam Physician 2019 ;65:204–11. [4] Pleurs prolongés et inexpliqués des nourrissons. Évaluer le besoin de soutien des parents dans une période délicate mais temporaire. Rev Prescrire 2016 ;36(393):515–20. [5] Riem MME, Karreman A. Experimental manipulation of emotion regulation changes mothers' physiological and facial expressive responses to infant crying. Infant Behav Dev 2019 ;55:22–31. [6] Jordan GJ, Arbeau K, McFarland D, Ireland K, Richardson A. Elimination communication contributes to a reduction in unexplained infant crying. Med Hypotheses 2020 ;142, 109811. [7] Abramson I. Les troubles du sommeil chez le nourrisson. Psychol Clin 2016 ;42:62–75. [8] Comat P. Les signes et symptômes cliniques associés à la poussée dentaire chez l'enfant : revue systématique de la littérature. Thèse de médecine. Toulouse, Université Toulouse III Paul-Sabatier; 2015. [9] Haute Autorité de santé. Prévention des déformations crâniennes positionnelles et mort inattendue du nourrisson. [En ligne]. SaintDenis: HAS ; 2020. Disponible sur : www.has-sante.fr/. [10] Bodin T. Facteurs intervenant dans la décision parentale de consulter un médecin devant une fièvre de l'enfant de 3 mois à 6 ans. Thèse de médecine. Lyon: université Lyon-Sud Charles-Mérieux ; 2020. [11] Haute Autorité de santé. Prise en charge du 1er épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois. [En ligne]. Saint-Denis: HAS ; 2019. Disponible sur : www.has-sante.fr/. [12] Lagier L, Mazereeuw-Hautier J, Raffin D, Beneton N, Lorette G, Maruani A. Les dermites du siège du nourrisson. Ann Dermatol Venereol 2015 ;142:54–61. [13] Amat F, Paluel-Marmont C, Lambert N, Bourgoin-Heck M, Jus J. La dermatite atopique au sein des autres maladies atopiques : première étape du syndrome de multi-morbidité atopique ? Analyse de la littérature. Rev Fr Allergol 2019 ;59:110–2. [14] Carroll AE, Garrison MM, Christakis DA. A systematic review of non-pharmacological and non-surgical therapies for gastro-oesophageal reflux in infants. Arch Pediatr Adolesc Med 2002 ;156:109–13. [15] Reflux gastro-œsophagien chez un nourrisson. L'essentiel sur les soins de premier choix. Rev Prescrire 2020 ;40(445):850–4. [16] Steiner MJ, DeWalt DA, Byerley JS. Is this child dehydrated? JAMA 2004 ;291(22):2746–54. Élise Benedini maîtresse de conférences associée de médecine générale, université Claude-Bernard Lyon 1.

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