Penser l'accueil en réanimation néonatale et pédiatrique

L’accueil comme acte de soin

Marion Borenstein : Psychologue clinicienne Hôpital mère-enfant de l’Est parisien, Hôpital de jour parent-bébé, Unité “Préludes”, 9 rue des Bluets, 75011 Paris, France

Les services de réanimation néonatale et pédiatrique accueillent des enfants âgés de 0 à 18 ans dont le pronostic vital se trouve engagé. Les hospitalisations dans ces services somatiques et de haute technicité entraînent des séparations, des appareillages, des opérations, des stimulations sonores et lumineuses. De surcroît, elles surviennent dans des périodes de construction et de bouleversement identitaires.

Il s’agit de traiter la pathologie des jeunes patients. Dans le même temps, la clinique quotidienne éprouvée par les soignants, étayée par la recherche, témoigne de l’importance du care et de la prise en compte de l’intégrité psychique de l’enfant et de sa famille. Dans cette perspective, penser l’environnement sonore et lumineux, l’installation du bébé ou le maintien des liens familiaux représente des soins, certes indirects, mais tout aussi cruciaux dans le parcours d’hospitalisation. Il pourrait paraître simple d’intégrer cette idée dans les pratiques professionnelles. Par exemple, mettre un lit à disposition des parents dans les chambres, définir des horaires de visites pour les fratries, adapter l’intensité des lumières. Pourtant, pour avoir un effet de soins, pour être thérapeutiques, ces pratiques et ces aménagements ne peuvent, et ne doivent, être réduits à une pensée simplifiante qui se centrerait sur le faire. La réflexion sur la singularité des besoins de l’enfant et sur son environnement exige une pensée complexe, telle que développée par Edgar Morin, et issue de discussions contradictoires menées par ceux qui font le travail.

C’est ce dont rendent compte les auteurs de ce dossier. À travers leurs regards professionnels croisés et le témoignage vivant de leurs cheminements, ils partagent leurs pratiques. Toutes différentes et en lien avec les spécificités du territoire, des pathologies, de l’âge des patients, etc. Mais tous semblent s’accorder sur un point : l’importance de l’accueil de l’enfant, de ses parents, de sa fratrie, dans leurs singularités et leurs besoins. Comment le penser et l’incarner ? Ils donnent à voir combien l’exercice quotidien des professionnels est issu, avant tout, d’une éthique du soin et d’un processus de réflexion et d’élaboration. Des protocoles prêts à l’emploi ou des boîtes à outils imposées paraîtraient ainsi inadaptés sans pensée préalable.

Mais pour que les soignants puissent penser et apporter ce soin, prodiguer cet accueil inconditionnel, il faut qu’ils puissent disposer, de manière reconnue et formelle, d’espaces d’élaboration, de coopération et de transformation.

Déclaration de liens d’intérêts

L’autrice déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Vous venez de découvrir l'avant propos du dossier du numéro de  juillet de la revue  Soins Pédiatrie/PuéricultureS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

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