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Période de la prime enfance

7 mars 2022

Par Anne Claire Nonnotte

Guide pratique de sémiologie en pédopsychiatrie

Période de la prime enfance

Cette période est comprise entre l’âge de 3 et 5 ou 6 ans. Systématiquement, le thérapeute analyse la qualité de l’alimentation, le sommeil, l’acquisition de la propreté, les rapports sociaux du patient et bien d’autres informations cliniques.

Alimentation

Il est important de noter les différents troubles alimentaires que pourrait présenter le patient durant sa petite enfance. L’essentiel de l’exploration des conduites alimentaires du patient ne se limite pas à la seule la petite enfance, le thérapeute fait un lien avec les données récentes ou actuelles des conduites alimentaires du patient. Le thérapeute peut ainsi rechercher le comportement actuel du patient face aux aliments (légumes, fruits, protéines animales et végétales, sucreries, pâtisseries, etc.). Avait-il développé un refus alimentaire , une anorexie ou une boulimie ? Le patient fait-il des caprices devant le repas ? A-t-il une tendance à la potomanie ? Fait-il des régurgitations , des vomissements ? Présente-t-il des troubles alimentaires de type pica, mérycisme, etc. ? Comment l’entourage familial ou les parents réagissent-ils face aux difficultés de leur enfant ? La notion de conflit entre parents et patient pendant ou devant le refus du nourrissage (alimentation) est à examiner. On constate des troubles alimentaires assez fréquemment chez les patients ayant un trouble hyperactif avec déficit de l’attention. On recherche de probables antécédents familiaux de troubles alimentaires.

Sommeil

L’anamnèse devrait nous fournir des informations nécessaires sur la qualité, la quantité et les modalités de sommeil du patient. A-t-il fait ses nuits tardivement ou non ? Quelles étaient les réactions des parents vis-à-vis du trouble du sommeil de leur enfant ? Quelles explications donnent-ils à ce trouble ? Est-ce que le patient continue ou non à dormir dans la chambre ou dans le lit de ses parents ? Quelles sont les raisons qui ont amené les parents à garder près d’eux leur enfant toutes les nuits ? À quel âge le patient a-t-il intégré sa chambre ? Arrive-t-il à dormir seul ou non ? Demande-t-il à dormir dans la chambre des parents ou avec ses frères ou ses sœurs ? Est-ce que le patient présente des peurs avant de dormir ?

Le rituel du coucher doit être évalué minutieusement. Le thérapeute recherche tous les rituels d’endormissement ou les autres rituels mis en place par le patient ou ses parents pour s’apaiser ou éviter d’être envahis par diverses angoisses et peurs. Ces questions se complètent par celles qui sont orientées pour examiner les rapports des parents entre eux. Certains couples invitent, proposent ou laissent la place ou le choix à leur enfant de dormir dans leur lit conjugal dans l’objectif de cacher ou d’éviter d’aborder le conflit latent entre eux. Le thérapeute recherche si le patient présente des insomnies ou non. Fait-il des cauchemars , des terreurs nocturnes , du somnambulisme ou des hypersomnies ? Comme pour le trouble alimentaire, le thérapeute étudie le trouble de la naissance à l’âge actuel du patient.

Acquisition de la propreté

Patient propre : contrôle des sphincters

L’acquisition de la propreté chez le patient est un élément important pour sa socialisation. L’enfant qui n’est pas propre risque d’être sujet de rejet de la part des certains adultes ou de ses pairs. Tous les enfants ne contrôlent pas le sphincter urétral et anal au même âge. Certains, sinon tous, passent par un apprentissage. Il est important de chercher comment le patient a acquis la propreté et le contrôle de ses sphincters. À quel âge est-il devenu propre le jour et la nuit ? Comment était l’acquisition de cette propreté le jour et la nuit ? Les parents étaient-ils très exigeants ou sévères vis-à-vis de la propreté ? Le patient a-t-il présenté des résistances aux apprentissages de la propreté ? Était-il timide ou réservé à cette période-là ? A-t-il présenté des périodes où il n’était plus propre ? Les différents troubles psychopathologiques peuvent être relevés. Le patient peut avoir une énurésie primaire ou secondaire, organique ou non, il peut présenter des constipations ou une rétention urinaire et fécale. Le thérapeute recherche le rituel, l’étalage des selles, la polyurie , les douleurs et infections des voies urinaires et abdominales, etc. Le patient a-t-il présenté une incontinence urinaire après l’âge de 5 ans ou une incontinence fécale après l’âge de 4 ans ? Avait-il déjà acquis la propreté avant de redevenir sale ? Le cas échéant, quelles étaient les causes de cette rechute (maladie somatique, opération chirurgicale, traumatisme psychologique facile à objectiver pour l’entourage, etc.) ? Le plus important dans l’investigation des acquisitions de la propreté est le fait d’analyser l’attitude ou le comportement de l’entourage familial ou scolaire face aux difficultés de l’enfant. Quel sens ou quelle importance accordent le patient ou ses proches à l’acquisition ou non de la propreté ? Est-ce que le patient cache ses culottes quand elles sont sales ? Essaie-t-il de les nettoyer seul ? Quel sentiment éprouve-t-il le matin à son réveil ? Comment réagissait l’entourage vis-à-vis de sa propreté ? Est-il harcelé ou se moque-t-il de lui ? Reçoit-il du soutien de la part de sa famille ? Est-ce que ces difficultés l’empêchent de garder ses relations amicales (par exemple : le patient ne peut pas aller dormir chez ses amis, les parents lui refusent de passer des soirées « pyjama » avec les autres, le patient a peur de mouiller le lit d’un ami, etc.) ?

Patient constipé à répétition

Qu’en est-il de la constipation des enfants ? Certains patients contrôlent consciemment ou non leurs sphincters jusqu’au point de développer des constipations. Le thérapeute ne doit pas confondre ou mettre toutes les causes des constipations sur le compte d’un contrôle. La constipation peut être due à une mauvaise alimentation, à l’introduction d’un nouvel aliment, à une cause psychologique, à une cause médicamenteuse, etc. Nous invitons le thérapeute à s’y atteler, une fois que le patient se plaint des constipations idiopathiques ou même celles qui ont une cause donnée. Quelles sont les réactions des uns et des autres au sein de la famille envers les constipations ? Quelles sont les habitudes alimentaires du patient ?

Période préscolaire et scolaire

En général, le moment d’aller à l’école ou à la crèche demande aux parents et au patient d’adopter certains aménagements sur le plan relationnel. Le thérapeute essaie de retracer le parcours du patient dès l’entrée à la crèche, la fréquentation scolaire dès l’entrée à l’école maternelle jusqu’au jour de l’entretien. La grande question est de savoir comme s’est passé son parcours scolaire sur le plan qualitatif et quantitatif, comment se sont déroulés les années d’école primaire, le collège et la suite (lycée, filières de formation professionnelle).

Séparation des parents

Les séparations n’ont jamais été faciles pour certaines personnes. Il est intéressant de voir comment les parents et l’enfant s’y sont pris quand est arrivé le jour d’aller à l’école, à la crèche, etc. Comment le patient a-t-il vécu les premières séparations avec ses parents en allant à l’école, à la crèche, etc. ? Le thérapeute demande à l’entourage de décrire les différentes réactions du patient et de ses parents face à la séparation.

Exploration de la période préscolaire

Le thérapeute demande si le patient a été confié à une nounou, à une crèche, à une maman de jour, aux oncles ou tantes, aux voisins, aux grands-parents, etc. Comment étaient l’entrée et le début de son placement à la crèche ? Comment ses parents ont-ils vécu cette séparation ? La question de la séparation est très centrale car elle donne la tonalité de la qualité d’attachement du patient. Comment les parents ont-ils aidé leur enfant à se séparer d’eux ? Il ne faudrait surtout s’arrêter sur la séparation, mais impérieusement chercher la qualité de la retrouvaille en fi n de journée ou fi n de semaine, au retour de vacances, etc. Le thérapeute aide les parents à déployer toute information ou tout souvenir de cette période qui leur revient à l’esprit. Tout comme les patients, ils doivent être invités à donner de la narration de cette époque. Tous les souvenirs sont accompagnés par les affects et émotions ressenties à cette époque. Dans l’ici et maintenant il est intéressant d’entendre ou de demander la position ou les commentaires des parents et du patient sur tel ou tel autre comportement passé.

Rapports sociaux

Il est important que le thérapeute se renseigne sur les relations ou les rapports sociaux du patient. C’est l’âge aussi d’aller à l’école (école maternelle et école primaire). À cet âge, les enfants commencent à avoir de plus en plus des amitiés avec leurs pairs. C’est le temps de rechercher les éventuels conflits entre le patient et ses pairs. Comment s’organisent ses jeux, éprouve-t-il du plaisir ? Est-il victime de mauvais traitement ou du rejet de la part des pairs ?

Sur le plan scolaire et parascolaire

Comment le patient se comporte-t-il en présence d’autres enfants de son âge ? Préfère-t-il jouer avec les enfants de son âge ou avec des plus grands que lui ? Accepte-t-il de partager ses jouets ? Est-il victime de harcèlement de la part des plus grand ou de plus petit que lui ? En parle-t-il aux adultes de l’école ? Recherche-t-il de l’aide auprès d’un tiers ? Comment se positionnent ses parents ou l’école vis-à-vis de ses abuseurs ou ceux qui le maltraitent ? Etc.

Sur le plan extrascolaire et extrafamilial

Est-il invité à des anniversaires ou des cérémonies de baptême de ses amis ? Parle-t-il de ses fréquentations à ses parents ? Se plaint-il d’être victime des maltraitances de la part des plus grands ? Qu’est-ce que les autres adultes ou enfants rapportent à ses parents à son sujet ? Le thérapeute doit chercher la notion d’hyperactivité , de timidité, d’isolement ou retrait social, etc. Le patient peut se décrire comme étant le caïd de son groupe alors que c’est contraire. Ne se laisse-t-il pas embrigader facilement dans les bêtises par ses pairs ? Etc.

Vous venez de découvrir un extrait de l'ouvrage Guide pratique de sémiologie en pédopsychiatrieS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Mugisho Nfizi Koya Pédopsychiatre, médecin assistant et responsable thérapeutique à l’Office médico-pédagogique, département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse de Genève

Guide pratique de sémiologie en pédopsychiatrieS’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

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