Présentation du livre FACE AU RISQUE SANITAIRE
France | 26 juillet 2023
par son auteur Michel Setbon
Par Monique R | 10 05 2021
Le sociologue et chercheur Michel Setbon s’intéresse depuis des années aux crises sanitaires successives : VIH, maladie de la vache folle, chikungunya, grippe H1N1, grippe aviaire, covid… Il focalise son attention sur la perception du risque du public, mais aussi des experts, des décideurs et des politiques.
Nous l'avons interviewé à l'occasion de la sortie de son ouvrage FACE AU RISQUE SANITAIRE S’ouvre dans une nouvelle fenêtre
Moins on sait, plus on croit
Voici quelques extraits de la vidéo de son interviewElsevier Masson : quelle est l’origine de votre intérêt pour la perception du risque (PR)?
Michel Setbon : J'ai découvert progressivement l'importance que tenait cette perception du risque qu'on peut qualifier comme une évaluation subjective que les individus font à propos d’une menace à laquelle ils sont confrontés, et qui se fonde sur des croyances, mélange de ce qu'on sait, ce qu'on apprend par les media etc… et d'émotions, c'est à dire essentiellement - mais pas que seulement - la peur, l’inquiétude, le souci de perdre quelque chose. Donc c'est devenu pour moi le sujet central quand on veut s'intéresser aux risques, et surtout aux risques sanitaires.
EM : Vous écrivez dans l’avant-propos de votre ouvrage que vous avez consacré trois décennies à l’étude de la PR : pourriez-vous donner quelques exemples ?
M.S. : En 2005- 2006 on a travaillé sur le chikungunya, (…) transmis par les moustiques (…) et on a fait donc des enquêtes pour essayer de comprendre comment les gens percevaient ce risque et comment ils se protégeaient contre ce risque, alors que les pouvoirs publics, l'autorité sanitaire, avaient diffusé de nombreux messages pour dire comment se protéger contre les moustiques. Mais par exemple, paradoxe dans notre enquête, en 2005, 30% de la population de l'échantillon représentatif de la population que nous avions interrogée ne croyait pas - 30% : un tiers ! - ne croyait pas que le moustique était à l'origine du chikungunya et de la maladie, malgré un immense travail d'information qui disait ce qu'on sait sur les moustiques et leur pouvoir pathogène.
(…) Les croyances se distinguent des connaissances, même quand elles sont bien diffusées par les média, par les pouvoirs publics, et ces croyances déterminent des comportements, qui peuvent être plus ou moins protecteurs face à une épidémie. Et on va voir ça dans toutes les crises.
E.M. : Vous avez parlé des croyances qui affectent les décisions du grand public, mais est-ce que ces croyances affectent aussi les médecins et les décideurs au plus haut niveau ?
M.S. :La perception du risque est un phénomène profondément humain. Il n'est pas spécifique ni d'une catégorie sociale ni d'une catégorie ethnique ni d’une époque même. On peut qualifier ça comme un sixième sens, quelque chose d'intuitif donc les experts, les médecins, les décideurs, les hommes politiques sont aussi l'objet de croyances à travers leur perception du risque. Ils le sont d'autant plus en fonction du niveau de connaissances dont on dispose : moins on sait, plus on croit et donc vous comprenez très bien que lors des émergences de nouvelles crises épidémiques, la perception du risque devient assez commune entre experts - même si c'est pas la même - les fondements cognitifs sont trop insuffisants pour neutraliser cette dimension qu'on va qualifier intuitive, émotionnelle, et subjective pour juger de l'importance et des comportements.
E.M. : A qui s’adresse cet ouvrage ?
M.S. Cet ouvrage s'adresse à plusieurs publics. En premier lieu bien entendu, tous les professionnels de santé qui sont confrontés à la difficulté de faire croire à leur patient ce qui est juste et qui sont confrontés à l’inobservance des traitements, l’inobservance des conseils de santé publique etc.. Également, autre public important, tous les professionnels experts travaillant sur le risque, et il y en a de nombreux, qu’ils soient toxicologues, qu’ils soient épidémiologistes, qu’il soient de différentes natures : ceux qui travaillent sur les risques environnementaux etc…Bien entendu aussi, tous ceux qui se destinent à travailler sur la santé et les risques sanitaires, c'est-à-dire les étudiants en médecine etc… et enfin le public général aussi, que je qualifie de public profane, qui va retrouver dans cet ouvrage des situations qu'il aura lui-même vécues et connues et donc qui sera interpellé et intéressé par en comprendre les mécanismes.
E.M. Dernière question, si je devais acheter ce livre, que me diriez- vous pour me convaincre de l'acheter ?
M.S. Bonne question. Ce livre parle de ce qui est très important dans votre vie, de la façon dont vous percevez et vous jugez des événements incertains qui peuvent affecter ou au contraire vous aider à les surmonter et donc vous apporter une meilleure connaissance de vous-même et des autres.
Vous n'avez ici qu'un très court extrait de l'interview avec feuilletage et présentation complète de l'ouvrage en video.
Découvrez l'intégralité de l'interview et feuilletez l'ouvrage avec l'auteur
Interview Médecine Générale Face au risque sanitaire. Perceptions, émotions, décisions de Mr Setbon
FACE AU RISQUE SANITAIRE Perceptions, émotions, décisions Michel Setbon ISBN 9782294775628 2021
Plan de l'ouvrage et préfaces
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