Protozoaires et vers
France | 27 novembre 2017
Dermatologie : l'essentiel de Bolognia Par Anne Claire Nonnotte
Issu de l’ouvrage de référence anglo-saxon, Dermatology, de Jean L. Bolognia et al.
Découvrez le chapitre 70 Protozoaires et vers
Protozoaires et vers
Leishmaniose
* Trois formes principales : (1) cutanée ( fig. 70.1 ) ; (2) cutanéomuqueuse ( fig. 70.2 ) ; et (3) viscérale (p. ex. foie, rate). * Causée par plus de 15 espèces différentes de Leishmania ( tableau 70.1 ). * Vecteur = phlébotome ( Phlebotomus et Lutzomyia spp.) ( fig. 70.3 ). * La maladie est observée dans le monde entier, mais elle est endémique en Asie, Afrique, Amérique latine et bassin méditerranéen ( fig. 70.4 ). * La maladie cutanée atteint la peau seulement, c’est communément une papule qui s’étend et s’ulcère (fig. 70.5) ; la présentation peut être sporotrichoïde ( fig. 70.6 ) ; la (les) lésion(s) peu(ven)t guérir spontanément ( fig. 70.7 ). * La forme cutanéomuqueuse, souvent due à Leishmania brasiliensis, atteint les muqueuses (p. ex. nez, lèvres, oropharynx) aussi bien que la peau. * La leishmaniose viscérale (kala-azar) atteint la moelle, la rate et le foie, elle est due habituellement à Leishmania donovani ; les symptômes incluent fièvre, toux, lymphadénopathies et hépatosplénomégalie ; une leishmaniose postkala- azar dermique peut suivre le traitement. * TT : pour une lésion isolée, un traitement conservateur (p. ex. surveillance, chaleur, cryothérapie) ou paromycine topique peut être utilisé ; pour une maladie plus étendue antimoine pentavalent IV ou IM (sodium stibogluconate, méglumine antimoniate), miltéfosine orale. * Pour une assistance diagnostique ou thérapeutique les sources d’information incluent lesCenters for Disease Control et l’Organisation mondiale de la santé.
Amibiase
* Infection par protozoaire (Entamoeba histolytica) qui cause le plus souvent une colite ; transmission orofécale. * Produit occasionnellement des ulcérations cutanées nécrotiques qui peuvent ressembler au pyoderma gangrenosum ou des plaques verruqueuses ressemblant à un carcinome spinocellulaire ou à des condylomes acuminés. * L’atteinte cutanée est généralement secondaire à l’extension d’une amibiase rectale à la peau périanale ou périgénitale ou à l’extension d’un abcès hépatique à la peau et à la paroi abdominale. * TT : pour Entamoeba histolytica , métronidazole ; les autres traitements incluent diloxanide, tinidazole.
Infections par amibes libres
* Balamuthia mandrillaris peut infecter des sujets immunocompétents (en particulier des enfants) et des sujets immunodéprimés ; la lésion cutanée typique est une plaque indurée de croissance lente de la partie centrale du visage avec une éventuelle diffusion hématogène vers le système nerveux central. * Acanthamoeba spp. peuvent être responsables de papulonodules cutanés et d’une encéphalite chez des patients immunodéprimés.
Trypanosomiase américaine
* Trypanosoma cruzi est transmis par des insectes (triatomes ou réduves). * Endémique dans certaines zones d’Amérique centrale et du Sud. * Maladie systémique qui peut affecter le système nerveux autonome, le tractus gastro-intestinal et le cœur. * Phase primaire aiguë : érythème local et œdème au site d’inoculation ± lymphadénopathies régionales ; quand elle est périorbitaire, elle est appelée signe de Romaña ( fig. 70.8 ). * La phase chronique survient après des décennies : insuffisance cardiaque congestive, arythmies incluant un bloc cardiaque, mégacôlon, méga-oesophage.
Trypanosomiase africaine
* Vecteur = mouche tsé-tsé (glossine). * Trouvée aussi bien en Afrique de l’Ouest ( Trypanosoma brucei gambiense ) que de l’Est ( Trypanosoma brucei rhodesiense ). * Manifestations cutanées : chancre trypanosomal ou trypanome (réaction cutanée de piqûre ; fig. 70.9) et éruption érythémateuse annulaire avec fièvre. * Signe de Winterbottom – hypertrophie des ganglions lymphatiques cervicopostérieurs et supraclaviculaires – manifestation classique de la forme Ouest-Africaine.
Toxoplasmose
* Infection mondiale secondaire à des oocytes de Toxoplasma gondii ; présents dans les déjections de chats ou des aliments infectés. * Atteinte cutanée rare ; les infections congénitales comportent des papules nécrotiques ou hémorragiques du tronc (« T » dans l’acronyme TORCH). * Les présentations fréquentes incluent une lymphadénite cervicale ou une choriorétinite. * Des kystes tissulaires peuvent conduire à une recrudescence chez des personnes immunodéprimées.
Larva migrans cutanée
* Secondaire à la larve d’un animal (p. ex. habituellement chiens/chats sauvages/domestiques), an
kylostomes (nématodes intestinaux), p. ex. Ancylostoma braziliense. * Dans le monde entier, mais particulièrement fréquente dans les zones tropicales/subtropicales et le sud-ouest des États-Unis. * Les larves présentes dans le sol infecté, dont le sable, pénètrent dans la peau. * Des traînées prurigineuses, inflammatoires, serpigineuses sont produites par la migration des parasites (fig. 70.10) ; migration moyenne 1–2 cm/j. * Les localisations les plus fréquentes sont les membres inférieurs, notamment les pieds et les fesses suite à la marche et la position assise sur une plage. * DD : ne doit pas être confondue avec la larva currens (secondaire à des Strongyloides ; cf. tableau 70.2). * La maladie est autolimitée mais peut-être traitée par albendazole ou ivermectine orale ; thiabendazole topique pour la maladie localisée.
Onchocercose
* Secondaire à Onchocerca volvulus, un nématode tissulaire. * Vecteur = mouche noire (Simulium). * Endémique en Afrique, au Yémen et dans certaines zones d’Amérique centrale ou du Sud ; près des rivières à courant rapide. * Manifestations cutanées : nodules sous-cutanés contenant des vers adultes (onchocercomes), dermite papuleuse prurigineuse, peau dépigmentée, lichénifiée, en particulier sur les faces antérieures des jambes (sowda) (fig. 70.11). * Atteinte oculaire chronique conduisant à une kératite sclérosante, une iridocyclite et finalement une cécité, d’où le nom de « cécité du fleuve ». * TT : ivermectine orale.
Filariose
* Des nématodes tissulaires (Wuchereria bancrofti ou Brugia malayi/B. timori) infectent le système lymphatique. * Vecteur = moustique (Culex, Anophèles, Aedes spp.). * Endémique dans les régions tropicales et subtropicales de l’Inde, l’Amérique et l’Afrique. * Forme aiguë : lymphangite et orchite. * Forme chronique : lymphoedème, éléphantiasis (les membres hypertrophiés deviennent indurés avec des plis cutanés et des modifications verruqueuses au-dessus), hydrocèle, chylurie. * Compliquée par une cellulite récurrente.
Bilharziose
* Infection secondaire à trois espèces principales avec une distribution géographique spécifique (Afrique – Schistosoma hematobium, Asie – S. japonicum, Amérique du Sud – S. mansoni) ; l’hôte intermédiaire est un mollusque vivant dans l’eau douce ; les organismes pénètrent dans la peau. * Variantes de la maladie cutanée – dermite cercarienne (érythème transitoire, urticaire ou papules prurigineuses), fièvre de Katayama (réaction allergique systémique avec urticaire, fièvre, frissons, sueurs, céphalées, éosinophilie périphérique). * Maladie fibro-occlusive chronique du foie (S. japonicum), de l’intestin (S. mansoni) ou du tractus urinaire (S. hematobium).
Dermite des nageurs
* Cercaires de > 20 espèces de schistosomes animaux (p. ex. Ornithobilharzia) pouvant pénétrer dans la peau et causer la dermite des nageurs. * Dans le monde entier ; endémique dans la région des Grands Lacs. * Papules érythémateuses de la peau exposée (fig. 70.12). * Autolimité (7–10 jours). * Ne pas confondre avec l’éruption des tenues de bain (secondaire à Linuche, Edwardsiella spp.), qui affecte les zones situées sous les vêtements de bain (cf. chapitre 72).
Cysticercose
* Les cestodes (vers solitaires, p. ex. Taenia solium) qui infectent plus fréquemment les animaux peuvent aussi infecter les humains ; diffusent à partir de l’ingestion d’aliments contaminés ou par transmission orofécale. * Manifestations cutanées : petits papulonodules asymptomatiques. * Il peut y avoir une atteinte du cerveau, des yeux, du coeur, des muscles ou de la cavité péritonéale.
Échinococcose
* Cestode (ver solitaire Echinococcus) qui infecte habituellement les chiens ; s’étend à partir de l’ingestion de déjections de chiens contaminées. * Les humains peuvent être un hôte intermédiaire et développer des kystes hydatiques du foie ou des poumons. * Entraîne rarement urticaire, asthme ou anaphylaxie.
Gnathostomiase
* Due à l’ingestion de poisson cru ou peu cuit d’eau douce (p. ex. ceviche) et d’anguilles ou de grenouilles qui contiennent des larves de Gnathostoma spp. (nématodes). * Des gonflements sous-cutanés transitoires pouvant être prurigineux sont dus à la migration de la larve.
Cf. tableau 70.2 pour un résumé des autres vers parasites pouvant causer des manifestations cutanées.
Pour plus d’informations, cf. ch. 83 de Dermatology, Third Edition.
© 2018, Elsevier Masson SAS
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Les Auteurs
Jean L. Bolognia Julie V. Schaffer Karynne O. Duncan Christine J. Ko Traduit par Gérard Lorette
Cet ouvrage a été traduit par Gérard Lorette, dermatologue, Professeur émérite, ancien chef de service et chef de pôle au CHU de Tours.
Dermatologie : l'essentiel J.L Bolognia, J.V Schaffer, K.O Duncan, C.J Ko, G.Lorette ISBN 9782294750199 2018
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