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La santé mentale des étudiants

25 février 2022

Par Anne-Claire Nonnotte

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La santé mentale des étudiants

État des lieux de la santé mentale des étudiants

Ce premier chapitre débute avec un état des lieux des problématiques de santé mentale rencontrées par les étudiants francophones. L’objectif de cette revue de la littérature est de donner un aperçu des données récentes dans ce champ en proposant une synthèse des études scientifiques et des enquêtes nationales. C’est en dressant ce portrait, malheureusement assez sombre, qu’il sera ensuite possible d’identifier les mécanismes et leviers d’action en faveur de la promotion de la santé mentale des étudiants.

De l’adolescence à l’âge adulte  : une transition de vie aux multiples facettes

Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est une transition de vie majeure au cours de laquelle s’opèrent des transformations multiples et profondes ( Faurie & Giacometti, 2017 ). Tout d’abord, au niveau individuel, puisqu’il s’agit d’une période où chaque jeune est amené à construire sa personnalité, en posant ses premiers choix de vie et en dessinant la direction qu’il souhaite donner à son existence. Avec une autonomie grandissante, il est amené à façonner son mode de vie, à se prendre en charge dans tous les domaines, en gérant son quotidien et en assumant ses responsabilités. Aux niveaux familial et social, il s’agit aussi d’une transition importante puisque de nombreux jeunes quittent à la fois leur ville, leur foyer et leur cercle d’amis. La distanciation avec la famille leur ouvre de nouveaux horizons et leur permet de créer de nouveaux liens sociaux, ce qui les inscrit dans un double processus d’émancipation et de socialisation. Durant cette période transitoire, les jeunes sont dans un entre-deux et multiplient les rôles. Cette transition de vie est qualifiée de phase de l’ adulte émergent par Arnett (2000) qui propose cinq facettes caractéristiques de la tranche d’âge des 18-25 ans ( figure  1.1 ). Ces nombreux changements sur le plan interne (physique, biologique, cognitif, affectif, émotionnel) et externe (contexte social, nouveaux repères, normes sociales) nécessitent une adaptation graduelle du jeune à son statut émergent et à son environnement ( Spitz et al., 2007 ) qui établissent les fondements de sa vie d’adulte ( Martineau et al., 2015 ).

Figure 1.1

Pour la majorité des jeunes, cette phase de transition vers l’âge adulte est enrichissante mais, pour les plus vulnérables, elle est source d’instabilité et peut entraîner un stress important. Les étudiants doivent composer à la fois avec des dimensions personnelles en développement (changement de statut, construction identitaire) et avec l’éloignement familial qui peut s’accompagner d’une perte de repères. Ils sont également confrontés à un nouvel environnement où ils peuvent se sentir perdus dans la masse et l’anonymat, et doivent s’adapter aux nouvelles modalités académiques (rythme et façon de travailler spécifiques à l’enseignement supérieur). Pour certains, cette transition rime avec difficultés fi nancières et nombreux sont les étudiants qui cumulent travail alimentaire et universitaire. L’ensemble de ces changements peut se traduire par des tensions internes susceptibles d’avoir des répercussions sur leur état de santé psychologique ( Nelson & Padilla-Walker, 2013  ; Strenna et al., 2009 ). Si ces perturbations sont majeures, elles seront susceptibles de déséquilibrer leur bien-être, voire d’engendrer des troubles psychopathologiques ( de Moissac et al., 2019 ).

L’entrée dans le monde universitaire vient s’ajouter à ces changements, le passage vers les études supérieures étant éprouvant pour certains ( Carayon & Gilles, 2005 ). Au-delà des nouvelles opportunités qui se présentent, les étudiants sont exposés aux tracas du quotidien et du monde universitaire qui peuvent générer un stress important ( Boujut et al., 2009 ). Ces sources de stress peuvent nuire à leur adaptation et à leur parcours universitaire, surtout lorsqu’ils pensent ne pas disposer de ressources suffisantes pour y faire face ( Dumont et al., 2003 ). Ainsi, les stresseurs qui accompagnent la transition vers les études post-secondaires et ceux qui sont présents tout au long du cursus peuvent avoir un effet délétère sur la santé physique et mentale des étudiants ( Bitsika et al., 2010 ). Plusieurs études indiquent que la façon dont les jeunes composeront avec les difficultés inhérentes à cette phase de transition influencera leur développement futur ( Martineau et al., 2015 ).

Un passage obligé : la construction d’un projet professionnel

La construction du projet d’études et du projet professionnel est un enjeu essentiel de la transition vers l’enseignement supérieur. Lors de cette étape, le jeune est invité à réfléchir sur lui-même, à identifier ses centres d’intérêt et ses domaines de compétence, ainsi que ses aspirations et ses valeurs ( Faurie & Giacometti, 2017 ). Il s’agit alors aussi d’apprendre à composer avec ses doutes et ses peurs, de même qu’avec les contraintes et les exigences du supérieur. Le futur étudiant est amené à se projeter en envisageant la place qu’il pourrait prendre dans la société pour s’épanouir. À cette étape, la connaissance de soi et l’estime de soi représentent des alliées fondamentales, de même que la motivation, l’optimisme et l’espoir, sur lesquels nous reviendrons. Explorer et s’engager sont des tâches développementales complexes ( Vignoli, 2015 ), qui peuvent engendrer du stress pour certains étudiants qui ne s’en sentent pas capables. La pression des proches et des acteurs éducatifs est d’ailleurs croissante sur ces choix d’orientation ( Biémar et al., 2003 ). Élaborer son projet peut ainsi provoquer de l’anxiété quand l’étudiant le met en perspective avec ses attentes, celles de son entourage, de la société et la crainte du chômage ( Cazals & Baubion-Broye, 1997 ). Notons que le stress des étudiants est plus élevé en cas d’indécision de carrière ( Lacoste et al., 2005  ; Sharma, 2014  ; Strenna et al., 2009 ) et, inversement, la satisfaction de vie est alimentée par le fait d’avoir un projet de carrière identifié ( Uthayakumar et al., 2010 ). En outre, ce projet est associé à une plus grande motivation et à la réussite universitaire ( Biémar et al., 2003 ). D’ailleurs, les sorties sans diplôme sont accentuées lorsque les étudiants n’ont pas clairement identifié leur projet ( Lemaire, 2000 ). Ainsi, la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur marque le passage de l’enfance au monde du travail ( Lacoste et al., 2005 ). La réforme de 2008 relative à l’orientation et à la réussite étudiante vise à accompagner les élèves au mieux dans leur orientation universitaire et professionnelle. Du lycée jusqu’au niveau Bac + 3, le projet de chaque élève fait l’objet d’une attention particulière. Par exemple, 54 heures annuelles au cours des trois années de lycée sont consacrées à l’orientation, avec une implication accrue des enseignants et psychologues de l’Éducation nationale. Sur le fond, l’accompagnement propose de découvrir le monde professionnel, mais aussi les formations et débouchés possibles, puis d’élaborer son propre projet à partir de ses motivations, intérêts et compétences. Impliquer le lycéen de cette manière permettra de nourrir son besoin d’autonomie, sa motivation et son implication dans son parcours ( Deci & Ryan, 1985 ). Bien que la mise en place de cette réforme présente des disparités sur le plan national, cette nouvelle pédagogie de l’orientation pourra se renforcer grâce à des formations et à une structuration des programmes proposés.

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