Référentiel des Collèges Chirurgie maxillo-faciale
29 juillet 2024
Découvrez l'édition 2024 du Référentiel des Collèges Chirurgie maxillo-faciale S’ouvre dans une nouvelle fenêtre à travers le chapitre 16.
Fracture-disjonction du zygoma
I. Rappel anatomique II. Définition III. Signes cliniques IV. Examens complémentaires V. Suivi et pronostic : complications
Situations de départ
174 Traumatisme facial.
225 Découverte d’une anomalie cervico-faciale à l’examen d’imagerie médicale.
Hiérarchisation des connaissances
I. Rappel anatomique
rang A Le zygoma, correspond à l’os de la pommette. Il s’agit d’un os pair (droit et gauche) décrit comme un trépied, et ne présentant pas de surface articulaire.
rang B Il présente une forme pyramidale ou de tripode. Il rejoint :
l’os frontal (suture fronto-zygomatique) : au niveau de la paroi latérale de l’orbite ;
l’os temporal : au niveau du processus zygomatique ;
le maxillaire : au niveau du plancher de l’orbite et du sinus maxillaire. L’os zygomatique est en lien avec les muscles élévateurs de la mandibule :
le masséter, qui s’insère sur le processus zygomatique et sur le bord postérieur du corps du zygoma ;
le muscle temporal, qui chemine en dedans du processus zygomatique.
L’os zygomatique est en lien avec la périorbite et constitue une partie de la paroi latérale et du plancher de l’orbite respectivement en dehors et en bas de l’orbite. À noter la branche infraorbitaire du nerf sensitif V2, en lien avec l’os maxillaire, qui chemine ensuite dans le plancher orbitaire (fig. 16.1).
II. Définition
Les fractures classiques du zygoma (= fractures-disjonctions du zygoma) sont des fractures survenant après un choc direct sur la pommette.
Elles associent toujours trois foyers de fracture (fig. 16.1) :
autour de la suture fronto-zygomatique : fracture de la paroi latérale de l’orbite ;
autour de la suture temporo-zygomatique : fracture du processus zygomatique ;
autour de la suture maxillo-zygomatique : fractures du sinus maxillaire (paroi antérieure, latérale, postérieure, supérieure = plancher de l’orbite).
Vignette clinique
Un jeune homme se présente au service d’accueil des urgences dans les suites d’une rixe. Il a reçu un violent coup de poing à gauche.
Il présente un œdème du tiers moyen à gauche, avec un œdème de la paupière inférieure, une hémorragie sous-conjonctivale, une épistaxis minime.
La palpation du tiers moyen de la face est douloureuse, vous percevez des crépitants autour de la paupière gauche. Il présente par ailleurs une bonne acuité visuelle, malgré une diplopie quand il élève le regard. Il se plaint par ailleurs d’une diffi culté à ouvrir la bouche et une insensibilité de la lèvre supérieure gauche.
III Signes cliniques
La localisation des foyers de fracture permet aisément de comprendre les signes cliniques et radiologiques (fig. 16.2).
Traumatisme direct :
enfoncement/effacement de la pommette (fig. 16.3) ;
œdème facial et palpébral (± atteinte conjonctivale de type chémosis ou hémorragie sous-conjonctivale).
Fracture des parois sinusiennes :
emphysème palpébral ;
épistaxis du fait de l’hémosinus.
Douleur à la palpation, et palpation d’une marche d’escalier au niveau des trois foyers de fracture :
margelle infraorbitaire ;
cintre zygomatique dans le vestibule labial supérieur ;
processus zygomatique ;
paroi latérale de l’orbite.
Limitation de l’ouverture buccale : par contusion (trismus) du muscle masséter (insertion sur le processus zygomatique) et par conflit avec le muscle temporal (passant en arrière de l’arcade).
Diplopie verticale binoculaire, défaut d’élévation de l’œil, par atteinte du plancher orbitaire associé. Il peut être associé à une énophtalmie (par augmentation du volume orbitaire).
Une hypoesthésie dans le territoire de la branche sensitive infraorbitaire liée au traumatisme souvent associé du nerf alvéolaire inférieur.
rang B
Quiz 1
Vous recevez, au service d’accueil des urgences, une jeune femme de 34 ans, victime d’un accident de sport (boxe). Elle présente un œdème palpébral inférieur droit, une hypoesthésie dans le territoire para-latéro-nasal droit.
1) Quelles sont les deux fractures les plus probables à éliminer chez cette patiente ?
A Fracture de Le Fort II B Fracture-disjonction du zygoma C Fracture de la paroi médiale du plancher de l’orbite D Fracture du plancher de l’orbite E Fracture des os nasaux
Vous suspectez fortement une fracture du zygoma.
2) Quels signes cliniques avez-vous pu trouver, qui n’existent pas dans les fractures du plancher de l’orbite ? A Exophtalmie B Énophtalmie C Douleur à la palpation de rebord orbitaire inférieur D Modification de l’articulé dentaire E Ouverture buccale mesurée à 22 mm F Emphysème palpébral G Diplopie binoculaire verticale H Enfoncement de la pommette I Ecchymose muqueuse au niveau du vestibule labial supérieur
(voir les réponses à la fin de cet article)
IV. Examens complémentaires
Avant tout, il est nécessaire d’éliminer une urgence ophtalmologique, avec un examen ophtalmologique.
Par ailleurs, il faudra demander un test d’oculomotricité : Hess-Lancaster (fig. 16.4).
L’examen diagnostique de référence est le scanner du massif facial en coupes osseuses millimétriques et reconstruction 3D, non injecté, dans un délai de moins 48–72 heures en l’absence de signes évoquant une fracture des parois orbitaires associée avec signes de gravité (baisse d’acuité visuelle et limitation de l’oculomotricité) (fig. 16.5 et 16.6).
Le scanner montrera les traits de fracture comme décrits dans la définition de la fracture :
fracture de la jonction fronto-zygomatique : fracture de la paroi latérale de l’orbite ;
fracture temporo-zygomatique : fracture du processus zygomatique ;
fracture de la jonction maxillo-zygomatique : fracture de la paroi antérieure postérolatérale du sinus maxillaire, hémosinus, fracture du plancher de l’orbite.
rang B
Quiz 2
Vous prescrivez un scanner du massif facial dont une image clé vous est présentée (fig. 16.7).
1) De quelle coupe s’agit-il ? 2) À quelle structure anatomique corrrespond (1) ?
V. Suivi et pronostic : complications
Au stade aigu, deux complications sont à craindre, nécessitant une prise en charge en urgence (fig. 16.8) :
fracture du plancher de l’orbite avec incarcération du muscle droit inférieur ;
hématome intraorbitaire (ou rétro-bulbaire), à évacuer en urgence (car risque de cécité) : les signes cliniques sont une amaurose, une exophtalmie, une mydriase aréactive, une douleur.
À distance, les complications sont directement liées aux signes cliniques de la fracture (fig. 16.8) :
déformation résiduelle ;
diplopie résiduelle ;
hypoesthésie résiduelle ;
énophtalmie par diminution du contenu orbitaire (fonte de la graisse) ou augmentation du volume orbitaire par élargissement du cadre osseux orbitaire.
Points clés
Signes cliniques en lien avec les trois zones de disjonction : ils sont résumés sur la figure 16.2.
(rang A) Éliminer une urgence ophtalmologique +++.
Examen complémentaire de référence : scanner du massif facial sans injection de produit de contraste.
Pour aller plus loin
Le traitement des fractures du zygoma peut être :
fonctionnel, en cas de fracture non déplacée sans déformation, ni retentissement oculomoteur : antalgique, lavage de nez et contre-indication au mouchage (risque d’emphysème) ;
la réduction chirurgicale : réduction par voie chirurgicale (au crochet ou levier par exemple) sans ostéosynthèse, si la fracture est déplacée mais stable (+ traitement fonctionnel) ;
la réduction–ostéosynthèse chirurgicale : réduction et ostéosynthèse par plaque par voie ouverte (+ traitement fonctionnel).
Réponses aux quiz
Quiz 1 1) B, D 2) C, E, G, H, I Quiz 2 1) Coupe axiale 2) Arcade (ou processus) zygomatique
Chirurgie maxillo-faciale © 2024, Elsevier Masson SAS. Tous les droits sont réservés.
Chirurgie maxillo-faciale Réussir ses EDN CNECMF (Collège National des Enseignants de Chirurgie Maxillo-Faciale) ISBN 9782294785436 6e édition, 2024
Toutes nos publications sont sur elsevier-masson.fr S’ouvre dans une nouvelle fenêtre