Comment les réseaux sociaux peuvent-ils aider les sociétés savantes et les revues à gagner en visibilité
France | 8 septembre 2021
Le rédacteur d’une revue médicale partage ses conseils et stratégies pour réussir la communication sur les réseaux sociaux
Par Libby Plummer (traduit de l'anglais)
Les réseaux sociaux sont un outil essentiel pour les sociétés savantes et les revues qui se disputent l'attention des lecteurs. Ils peuvent non seulement contribuer à améliorer l'image de la revue au sein de sa communauté, mais aussi constituer un important lieu d'échange.
"Si vous parvenez à créer différents types d'interaction avec le public, vous allez réussir à augmenter la visibilité de votre journal", a déclaré le Dr Chad A.Krueger S’ouvre dans une nouvelle fenêtre, rédacteur en chef adjoint du Journal of Arthroplasty S’ouvre dans une nouvelle fenêtre et chirurgien orthopédiste au Rothman Institute S’ouvre dans une nouvelle fenêtre de Philadelphie.
Le Journal of Arthroplasty (JOA) est l'une des deux revues affiliées à l'American Association of Hip and Knee Surgeons (AAHKS) S’ouvre dans une nouvelle fenêtre et il est publié par Elsevier. Grâce aux efforts de Chad Krueger et de ses collègues, le JOA a considérablement accru son empreinte digitale au cours des deux dernières années. Lorsque l’équipe a pris la responsabilité du journal en octobre 2019, ce dernier ne comptait que 400 followers sur Twitter, aucune présence sur Facebook ou Instagram. Le Journal approche désormais les 6 000 followers sur Twitter (@JArthroplasty) et développe régulièrement ses communautés sur Facebook ((@JArthroplasty S’ouvre dans une nouvelle fenêtre) et Instagram (@jarthroplasty S’ouvre dans une nouvelle fenêtre). Twitter étant davantage axé sur le monde universitaire, il s'agit actuellement de la principale plateforme du journal.
Outre la rédaction du JOA et le pilotage de la stratégie de communication sur les médias sociaux, Chad Krueger est spécialisé dans le remplacement de la hanche et du genou et a été officier dans l'armée américaine pendant neuf ans tout en pratiquant la chirurgie orthopédique. Pour aider le journal et la société savante à atteindre ses objectifs, il surveille tous les messages du journal sur les médias sociaux et utilise en particulier les graphical abstracts. Il explique :
Les graphical abstracts suscitent certainement le plus d'intérêt sur les trois plateformes des réseaux sociaux. Il s'agit d'un résumé de l'information visuellement attrayant, et lorsque vous le présentez sous cette forme que les gens peuvent partager, regarder et étudier, elle reste davantage en mémoire - et il est plus facile de s'en souvenir.
Publier des graphical abstracts sur les réseaux sociaux aide le journal à mettre en évidence les articles qui pourraient avoir un impact sur les traitements ou intéresser les patients. Avec la limite de 280 caractères imposée par Twitter, les informations qui peuvent être données dans un tweet sont réduites, c'est donc l'infographie qui complète le résumé :
Il y a une telle quantité d'informations à notre époque qu'il est vraiment difficile de suivre. Et j'ai trouvé que Twitter était un excellent moyen de partager des informations et de nous connecter en tant que communauté. C'est particulièrement utile actuellement, car il reste difficile de se réunir.
Lorsqu’il décide quels articles seront mis en avant sur les réseaux sociaux avec un graphical abstract, Chad Krueger suit une stratégie claire:
Nous avons trois critères importants. D'abord, la qualité de l'article. Je veux récompenser les auteurs qui font de bons travaux de recherche. Deuxièmement, nous recherchons les résultats intéressants qui, selon moi, pourraient intéresser le public. Et enfin, nous recherchons les sujets d'actualité. Globalement, nous essayons de récompenser les articles de qualité dont nous savons que la profession dans son ensemble profitera le plus.
Elsevier soutient la stratégie des graphical abstracts du JOA de plusieurs manières et travaille avec l'équipe du journal pour créer des format types et/ou conseille comment rendre chaque infographie plus lisible. Outre le partage par Chad Krueger au JOA, les graphical abstracts sont également publiés sur le site Web du journal S’ouvre dans une nouvelle fenêtre et twittés par Elsevier Orthopedics (@ELSORTHOPAEDICS S’ouvre dans une nouvelle fenêtre). Il est également étudié comment les inclure dans l'édition print du journal.
Pour les comptes du JOA sur les réseaux sociaux, Chad Krueger utilise Hootsuite S’ouvre dans une nouvelle fenêtre et vise à programmer les tweets avec une semaine d’avance si possible. Graphical abstracts sont créés après plutôt qu’avant la publication d’un article. Cela garantie que l’information postée sur les réseaux sociaux est à jour et n’a pas subi de changements durant le peer review ou la production de l’article.
Chad Krueger souligne également l’importance d’avoir un rédacteur dédié à la création des graphical abstracts:
Quand on essaie de résumer l’information qu’apporte un article, il faut obligatoirement comprendre ses messages essentiels. Pour un rédacteur, c’est en général plus simple de s’en occuper dès le départ que pour des personnes qui sont obligées de passer par des échanges via email pour faire valider l’information.
Les données, sont-elles en faveur des graphical abstracts?
Quel est donc l'impact des graphical abstracts sur les réseaux sociaux et agrandissent-ils la visibilité des articles d’une revue ? Dans une première étude sur le sujet, Chad Krueger et ses collègues ont comparé les tweets contenant des résumés écrits avec ceux qui contenaient les mêmes informations sous forme de graphical abstracts. Ils ont analysé un certain nombre d'indicateurs de performance, notamment les commentaires, les likes et les clics sur les articles. Chad Krueger explique :
Les résumés visuels ont généré beaucoup plus d’intérêt sur les réseaux sociaux. Les résultats de l’étude n’ont pas été publiés pour le moment car l’équipe continue à collecter les données pour voir si les articles présentés à travers un graphical abstract sont davantage cité. Je suppose que ce sera le cas.
L'analyse des données pour tester l'efficacité de différentes stratégies sur les réseaux sociaux est un élément important qui contribue à la politique générale de communication. Et si les graphical abstracts sont au cœur de la stratégie actuelle de communication sur les réseaux sociaux du JOA, "il est important de continuer à innover", précise Chad Krueger. Dans cet esprit, il développe actuellement de nouvelles idées avec son équipe. Ils envisagent par exemple de mettre en avant un chirurgien ou un cas clinique chaque semaine pour provoquer une conversation en ligne, puis d'y donner suite avec des articles en référence à ce sujet. "Je pense que l'interaction avec le public prend la plus grande part du projet", a-t-il ajouté.
Alors que de nombreux journaux ont déjà fait le saut dans le monde des médias sociaux, certains y réussissent mieux que d'autres. Il est évident que l'on peut toujours s'améliorer. Chad Krueger reconnaît que l'on doit commencer quelque part et que les graphical abstracts du JOA se sont considérablement améliorés au fil du temps. Certains collègues des surspécialités ont également contribué à la création de résumés numériques ce qui a permis de maintenir le contenu à jour.
Quels conseils aux sociétés savantes et revues ?
Donc quels sont les conseils que donne cette équipe aux sociétés savantes et revues qui cherchent à augmenter leur impact à l’aide des réseaux sociaux ?
Vous devez trouver quelqu'un qui s'intéresse aux réseaux sociaux et qui a la capacité de coordonner les choses. Je pense qu'attendre d'une seule personne qu'elle fasse tout est une très grande tâche, il faudrait donc que ce soit plutôt un travail d'équipe. Il faut également être prêt à expérimenter, car les réseaux sociaux évoluent rapidement, et il faut être réactif.
Cela ne peut pas être une voie à sens unique où le journal publie quelque chose mais ne répond jamais aux commentaires des gens. Vous devez réellement interagir avec votre public, et je pense que si vous faites cela, vous pouvez certainement en tirer plus de bénéfices.
Les stratégies de communication sur les médias sociaux varient forcément d'une revue à l'autre et d'une société savante à l'autre en fonction de leur domaine, de leur audience et des objectifs mais il est essentiel d'expérimenter pour découvrir ce qui fonctionne. Qu'il s'agisse d'articles en série ou de contenu vidéo, il existe de nombreuses façons pour les sociétés savantes et les revues de dynamiser leur offre sur les réseaux sociaux.
Il est également important de trouver quelqu'un qui puisse bien représenter le journal ou la société savante pour répondre poliment à tout commentaire négatif. "Vous ne voulez pas mal gérer cela car à ce moment-là les réseaux sociaux porteraient préjudice à votre société savante ou à votre revue", prévient Chad Krueger.
Une fois votre stratégie affinée et la bonne approche pour atteindre votre public déterminée, le plus grand défi est de trouver le temps pour publier sur les réseaux sociaux, d'où l'importance d'en faire un travail d'équipe. "C'est la partie la plus difficile des réseaux", dit Chad Krueger, "Le résultat de votre stratégie dépend directement de l'effort que vous déployez. Mais tant que vous n'abandonnez pas et que vous êtes prêt à essayer des choses différentes, le succès est à votre portée."
Un article de
Libby Plummer
Libby Plummer est une journaliste et rédactrice indépendante, spécialiste dans les domaines de la technologie, les sciences et l'espace. Basée à Londres, Libby a près de vingt ans d'expérience et a travaillé avec un grand nombre de publications spécialisées et grand public ainsi qu’en salle de presse.
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