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Traumatologie en athlétisme : épidémiologie des blessures

30 août 2022

Par Anne Claire Nonnotte

Traumatologie en athlétisme

Traumatologie en athlétisme

Nous vous proposons de découvrir un extrait du chapitre 6 de l'ouvrage  Médecine de l'athlétisme S’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Médecine de l'athlétisme

Médecine de l'athlétisme

Traumatologie en athlétisme : Épidémiologie des blessures liées à la pratique de l’athlétisme

P. Edouard, F. Depiesse, A. Bruneau, J. Pruvost

Résumé

La pratique de l’athlétisme est associée à un risque de survenue de pathologies de l’appareil locomoteur, appelées aussi blessures. Une bonne connaissance de l’épidémiologie des blessures, et donc des principales blessures que l’on peut rencontrer chez les athlètes, permet d’aider le praticien dans sa formation et de le guider dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique. De plus, compte tenu de l’importance et l’impact de ces blessures, il est fondamental de continuer à développer des mesures qui visent à réduire le risque de survenue et/ou la gravité des blessures en athlétisme.

La pratique de l’athlétisme induit un risque non négligeable de pathologies de l’appareil locomoteur, appelées aussi blessures, qui ont un impact important pour l’athlète, avec des conséquences négatives pour sa pratique sportive, mais aussi dans sa vie quotidienne [1]. Elles sont l’un des facteurs d’échec de la performance, voire d’une carrière [2-4]. Les blessures sont ainsi la cause de grandes préoccupations pour les athlètes de tous niveaux ainsi que leur entourage (entraîneurs, professionnels de santé, famille, dirigeants…). Ainsi, il est important que les professionnels de santé qui vont prendre en charge des athlètes aient des notions concernant les blessures spécifiques liées à la pratique de l’athlétisme afin de mieux les gérer. Ces notions permettent au clinicien d’orienter sa prise charge diagnostique, d’anticiper les services médicaux pour l’encadrement d’athlètes, mais aussi d’orienter les stratégies de prévention vers les pathologies les plus fréquentes et/ou les plus graves. Nous allons discuter dans ce chapitre de l’épidémiologie des blessures en athlétisme, puis présenter les spécificités de certaines blessures plus caractéristiques et fréquemment rencontrées en athlétisme, et enfin aborder les aspects de prévention des blessures en athlétisme. Dans le cadre de cet ouvrage, nous traiterons principalement des disciplines de l’athlétisme inscrites au programme des jeux Olympiques, comprenant les disciplines de sprint, haies, sauts, lancers, épreuves combinées, demi-fond, fond, marathon et marche athlétique (voir tableau 4.1).

Épidémiologie des blessures liées à la pratique de l’athlétisme

La présentation des connaissances actuelles sur l’épidémiologie des blessures en athlétisme est séparée en fonction du contexte de pratique de l’athlétisme  : durant les championnats d’athlétisme et durant une saison d’athlétisme, car les méthodologies de recueils et calculs des données sont différentes.

Blessures durant les championnats d’athlétisme

Depuis 2007, lors d’un certain nombre de championnats internationaux (jeux Olympiques, mondiaux et européens) d’athlétisme, des données sur les blessures nouvellement survenues en championnats sont recueillies de manière systématique, selon les méthodes consensuelles développées par le Comité internationale olympique et adapté à l’athlétisme [5, 6]. Lors de chaque championnat, les médecins et/ou les kinésithérapeutes des équipes médicales nationales et du comité d’organisation local ont collecté de manière prospective les nouvelles blessures survenues chez les athlètes inscrits aux championnats sur la base des mêmes définitions des blessures (c’est-à-dire blessures médicales) et classifications [5, 6]. Cela a permis une vision objective et détaillée des blessures que les athlètes peuvent subir lors des championnats internationaux d’athlétisme [7-12]. Lors d’un championnat international d’athlétisme, environ 100 blessures étaient répertoriées pour 1 000 athlètes inscrits. Ce taux variait selon le sexe : il était significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (110 ± 7 contre 89 ± 7 blessures pour 1 000 athlètes inscrits) [8]. La localisation de la blessure variait aussi selon le sexe : les athlètes masculins souffraient plus de blessures à la cuisse, à la jambe et au bassin que les athlètes féminines [8]. Le type de blessure variait également selon le sexe : les athlètes masculins souffraient plus de blessures musculaires que les athlètes féminines, tandis que les athlètes féminines souffraient plus de fractures de fatigue que les athlètes masculins [8]. Le taux de blessures variait selon les disciplines, avec un taux de blessures plus élevé dans les épreuves combinées, le marathon et la course longue distance [10]. Les caractéristiques des blessures  S’ouvre dans une nouvelle fenêtrevariaient entre les disciplines pour la localisation, le type, la cause et la gravité  : les blessures musculaires de la cuisse étaient les principaux diagnostics de blessures dans le sprint, les haies, les sauts, les épreuves combinées et la marche, les blessures musculaires de la jambe au marathon, les lésions cutanées de la jambe en demi-fond et fond, et les lésions musculaires du tronc et de la jambe en lancers [10]. Le diagnostic le plus fréquemment rapporté était la lésion musculaire des ischiojambiers S’ouvre dans une nouvelle fenêtre (environ 17 % de toutes les blessures), avec une proportion plus élevé dans le sprint et autres disciplines nécessitant des sprints [9, 12]. Les principales blessures en fonction des disciplines sont présentées dans les figures 6.1 et 6.2. Lors de trois des championnats internationaux, des données sur la santé des athlètes durant les quatre semaines précédant les championnats ont été collectées [13-15]. Environ 30 % des athlètes ont signalé une plainte à type de blessure au cours de cette période de préparation, dont un tiers qui a dû réduire sa charge d’entraînement [13-15]. Ces résultats confirment qu’une proportion importante d’athlètes de haut niveau vivent et s’entraînent avec une plainte de blessure. En utilisant la même méthodologie que lors des championnats internationaux d’athlétisme [5, 6], d’autres études ont rapporté des données lors de championnats nationaux. Lors des championnats de France d’athlétisme en plein air de 2014 à 2019, le taux de blessures était d’environ 50 blessures pour 1 000 athlètes inscrits. La cuisse était le premier site de blessures (environ 30 %) et le muscle le premier type de blessures (environ 30 %) (données non publiées). Lors des championnats de France d’épreuves combinées 2010, 477 blessures pour 1 000 athlètes inscrits ont été recueillies et le diagnostic le plus fréquent était une blessure musculaire à la cuisse (18 %) [16]. Lors des sélections olympiques 2016 aux États-Unis, 60 blessures pour 1 000 athlètes inscrits ont été rapportées, les lésions des ischio-jambiers étaient les blessures les plus fréquentes (17 %) [17].

Figure 6.1

Figure 6.1

Figure 6.2

Figure 6.2

En conclusion, bien qu’un tel contexte de championnat ne représente que peu de jours dans la saison (3 à 9  jours par rapport aux 357 à 363 autres jours), il représente l’objectif de la saison pour les athlètes et leurs intervenants, il est donc intéressant d’avoir une vision claire des « risques » dans cette période cruciale de la saison. L’un des enseignements est que le nombre, l’incidence et les caractéristiques des blessures variaient selon le sexe et les disciplines.

Blessures durant une saison d’athlétisme

La saison entière représente une période significativement plus longue de pratique que les championnats, donc une période d’exposition au risque de blessures plus importante. Les informations sur les blessures en athlétisme pendant toute la saison ne sont cependant pas aussi importantes que pour les championnats, possiblement liées aux difficultés de conduire ce type d’études [18]. Bien que les méthodes et les populations diffèrent, les études rapportent qu’environ deux tiers des athlètes ont au moins une blessure par saison d’athlétisme, cela représentait une incidence 3 à 4 blessures par 1 000 heures d’entraînement en athlétisme [19-23]. Les principales localisations des blessures en fonction des disciplines sont présentées dans le tableau 6.1. Il semble que les caractéristiques des blessures soient assez constantes quelles que soient les études et variées selon les disciplines [19-26]. Cela pourrait être interprété comme si, les disciplines par leurs spécificités induisaient des contraintes et des blessures spécifiques quelles que soient les circonstances et la population [10].

Table 6.1

Table 6.1

Blessures en trail

La pratique du trail est, comme les autres disciplines de l’athlétisme, à l’origine d’un risque augmenté de blessures. Une récente revue systématique de la littérature a rassemblé 16 études portant sur l’épidémiologie des blessures et maladies en trail correspondant à une population de 8 644 traileurs [27]. L’incidence des blessures allait de 2 à 4  300 blessures pour 1  000  heures de pratique du trail. Le pied était la localisation anatomique la plus touchée, suivi du genou, de la jambe, de la cuisse et de la cheville [27]. La peau était le type de tissu le plus touché, suivi des muscles et des ligaments [27]. Une autre récente revue systématique de la littérature a analysé les facteurs de risque des blessures en trail incluant 10 études portant sur 2 785 traileurs [28]. Les facteurs de risque intrinsèques associés aux blessures étaient une expérience plus importante de course, un niveau de course relevé, et un score de propension à l’accident sportif supérieur, les facteurs de risque extrinsèques étaient la négligence de l’échauffement, l’absence de plan de course spécialisé, l’entraînement sur bitume, les séances doubles d’entraînement par jour et les métiers requérant une dépense énergétique élevée [28].

Conclusions sur l’épidémiologie des blessures liées à la pratique de l’athlétisme

Bien que la poursuite de ces travaux épidémiologiques soit nécessaire, ils nous permettent de bien cerner la problématique des blessures en athlétisme. L’athlétisme est composé de plusieurs disciplines avec des exigences physiques, mécaniques, techniques et psychologiques différentes, qui entraînent des contraintes différentes sur le système musculosquelettique, et par conséquent des blessures différentes selon ces disciplines.

Les auteurs

Pascal Edouard, Professeur des universités, praticien hospitalier, MD, PhD, Service de physiologie clinique et de l’exercice, unité de médecine du sport, hôpital nord, bâtiment IRMIS, campus santé innovations, CHU de Saint-Etienne, Saint-Etienne ; laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (EA 7424), université Jean Monnet, université de Lyon, Saint-Etienne. Frédéric Depiesse Praticien hospitalier, Service de soins de suite et réadaptation, centre hospitalier de Chalons-en-Champagne Service de médecine du sport, Institut mutualiste de Montsouris, Paris Antoine Bruneau, praticien hospitalier, MD, médecin des équipes de France d’athlétisme, service de médecine du sport, CHU Angers, 49933 Angers, Fédération française d’athlétisme, 33 avenue Pierre de Coubertin, Paris Jacques Pruvost, MD, médecin élu au comité directeur de la FFA (1988-2000), président de la commission médicale de la FFA (1990-1997), médecin d’équipe sur les compétitions internationales et stages des équipes de France d’athlétisme (1988-2018), HOMA pôle santé Castellane, 7 rue de Gènes, Marseille

Vous venez de lire un extrait de l'ouvrage Médecine de l’athlétisme S’ouvre dans une nouvelle fenêtre © 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

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Références

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