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Virus émergents et ré-émergents Interview du Pr Hervé Fleury

28 septembre 2023

Par Monique Remillieux

Virologie tropicale et subtropicale

L'interview de Véronique Gardet, pour la librairie Mollat

Découvrez l'interview du Professeur Fleury, auteur de l'ouvrage Virus émergents et ré-émergentsS’ouvre dans une nouvelle fenêtre, par la librairie Mollat.S’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Voici un extrait :

Pourquoi parlez-vous précisément de virus émergents ou ré-émergents ? Pourriez-vous expliquez cette distinction ?

Oui il y a une distinction : un virus émergent est un virus nouvellement connu comme le sars cov  2 aussi appelé COVID-19, comme le HIV à partir de 1981/83, ce sont des virus nouvellement connus et on peut dire des virus émergents. Par contre, il y a des virus qui sont connus depuis très très longtemps, dont on pensait qu'ils avaient disparu, et qui sont un peu ignorés maintenant et il y en a un emblématique, c'est celui par exemple de la fièvre jaune. Lorsque vous parlez de la fièvre jaune, on peut imaginer que vous parlez d’une pathologie qui avait été décrite au 18e siècle et qu'elle n'existe plus, en fait il existe toujours des épidémies de fièvre jaune en Afrique, en Amérique comme récemment au nord de Rio de Janeiro.

Alors justement quels sont les facteurs qui favorisent l'émergence de virus jusque-là inconnus en pathologie humaine ou chez les animaux domestiques ?

L'émergence est favorisée par les contacts accrus entre les humains et les animaux, parce que très clairement - on va le voir tout au long de cet entretien- c'est les animaux qui sont les réservoirs de virus pour l'homme, donc des contacts accrus, une déforestation, des modifications écologiques et puis il y a aussi un élément très important à prendre en compte -comme je le dis souvent ce sont les Airbus - c'est-à-dire ceux qui déplacent les humains sur le globe de façon extrêmement rapide et de façon massive et ça participe à la propagation de maladies respiratoires par exemple.

Vous décrivez dans votre livre plusieurs catégories de virus émergents ou ré-émergents, la liste est trop longue bien évidemment pour les citer tous, aussi je vous propose que nous nous attardions sur les plus préoccupants en santé publique. La première catégorie regroupe des virus qui ne sont pas véhiculés par les insectes. Dans la famille des filovirus, les plus célèbres sont les virus Marburg ou Ebola qui sont caractérisés par une mortalité très élevée, plus de 90% dans certains cas. Ils sont responsables d'une fièvre hémorragique avec défaillance multiviscérale. D'où proviennent-ils et comment sont-ils transmis à l'homme ?

On peut penser maintenant, mais on le sait déjà depuis un certain nombre d'années, que leur réservoir, ce sont les chauves-souris et vous verrez d’ailleurs tout au long de l'entretien que les chauves-souris jouent un rôle considérable comme réservoir de beaucoup de virus notamment le sars cov 2 par exemple. Donc la chauve-souris est le réservoir de Marburg et d'Ebola, elle transmet le virus à des singes et à des antilopes et généralement l'homme va être contaminé au contact du singe, parce qu'en Afrique centrale, on achète des singes morts pour la viande dans les marchés et on peut être contaminé à partir du singe. Plus rarement, l'homme va être contaminé à partir d'une chauve-souris, ça a été le cas de la fameuse épidémie de Guinée en 2014 où la biologie moléculaire a montré que c'est une petite fille qui avait été la première contaminée au contact d'une chauve-souris qui était porteuse d’Ebola. Donc au total, la chauve-souris est le réservoir de base, elle transmet à un animal intermédiaire qui est généralement le singe, et l'homme va être contaminé à partir du singe.

Depuis cette époque justement on entend régulièrement qu'une épidémie flambe en Afrique, dans la région du Kivu au Congo par exemple, alors aujourd'hui quelles sont les avancées dans le domaine des antiviraux et des vaccins contre cette famille de virus ?

Le Kivu est un endroit où il y a des épidémies rurales à répétition, parce qu’il y a des mouvements de guerre civile, que c'est très difficile pour des médecins d'avoir accès à certaines populations dans certains villages pour les prendre en charge et les soigner. C'est la raison pour laquelle il y a des épidémies récurrentes dans cette zone-là. Mais on a progressé, notamment en cours de l'épidémie de Guinée en 2014/2015 qui a été extrêmement importante puisqu'il y a eu 30000 cas et 10000 morts. On a progressé d'une part sur le traitement de la maladie avec quelques antiviraux qui laissent quelques espoirs, et puis surtout des anticorps monoclonaux qu'on a injectés à des patients et qui permettait de les sauver. Et puis deuxièmement, il y a un vaccin qui a été notamment fabriqué par la société américaine Merck qui est un vaccin qu'on utilise en ring, c'est-à-dire autour des cas dans un village et qui permet de de protéger les gens qui ne sont pas encore infectés. Au total, pour Ebola Marburg, il y a eu des progrès considérables qui ont été réalisés.

Les hantavirus sont tout aussi redoutables puisqu'ils provoquent également une fièvre hémorragique avec un syndrome rénal pour le virus Hantaan ou une pneumopathie pour le virus SNV. En quoi sont-ils encore plus inquiétants que les précédents ?

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L'auteur

HJA Fleury Professeur honoraire de virologie médicale, université de Bordeaux et CNRS. Ancien chef de service du laboratoire de virologie, CHU de Bordeaux, et ancien directeur du laboratoire OMS spécialisé HIV ResNet