Axe cerveau – intestin – pelvis et ostéopathie
2019年8月29日
Par Anne-Claire N
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Sources de stress
Déterminer les sources de stress permet de cerner les problématiques possibles du patient et d’augmenter notre efficacité thérapeutique. Il existe différentes sources de stress. Pour en faciliter la compréhension, trois types de stresseurs ( S ) peuvent être distingués : physiques (structurel), émotionnels (mental) et biochimiques. Les 2 premiers S sont plus facilement identifi ables par le patient et le thérapeute alors que le 3 e oeuvre trop souvent à bas bruit, demeure incompris et généralement inabordé.
Ces 3 S sont en constante interinfluence et doivent figurer au sein de notre approche. Chacun de ces stresseurs agit et affecte l’expression de nos gènes (figure 4.1). C’est en fait l’essence de l’épigénétique.
Par exemple, un stress social pourra, dans sa même catégorie de stresseurs émotionnels, générer à la fois un changement comportemental et psychologique pouvant influer sur les systèmes gastro-intestinal, endocrinien et immunitaire [1] et se refléter par conséquent en tensions physiques. Ces changements psychologiques à long terme peuvent être repérables par les changements structuraux de l’encéphale comme nous le verrons partie 5. Autre exemple courant : une infl ammation chronique abdominale due à un stresseur caché biochimique (microbiote, parasites, virus, intolérances alimentaires) peut provoquer des changements structuraux de l’encéphale, entraîner des douleurs physiques au niveau lombaire et affecter l’individu dans sa vie quotidienne, ses activités sportives, sa vie sociale et être, fi nalement, à l’origine de certaines émotions, voire d’anxiété et de dépression qui, à leur tour, infl uencent la structure physique et toute la biochimie du patient. Le patient peut s’avérer confiné à cette trilogie des 3 S et des différents stresseurs qui lui sont propres, et souffrir des cascades conséquentielles de chacun d’eux et ce, peu importe le point de départ. Si la trilogie n’est pas abordée spécifi quement, le patient se voit enlisé dans un processus de plus en plus chronique. En bout de ligne, un problème systémique s’installe. L’agent stresseur, celui qui brise l’homéostasie, peut provenir de sources diverses et prédisposer à certaines maladies et favoriser la psychopathologie. Tous les stress, qu’ils soient de sources endogènes ou exogènes, agissent et se répercutent sur l’axe C-I-P de façon bidirectionnelle (figure 4.2).
Stresseurs émotionnels psychologiques et sociaux
Les dernières recherches sur les liens entre le corps et l’esprit expliquent comment pensées et émotions affectent le cerveau, ainsi que les systèmes hormonal et immunitaire, grâce aux neuropeptides (neuromodulateurs) libérés à chacune de nos émotions. Ces derniers sont rapidement captés par les cellules immunitaires, endocrines et celles du système nerveux autonome (SNA) pour en affecter leur fonction. Par exemple, une émotion « positive » comme l’amour, la joie et l’enthousiasme produit des messagers chimiques. Ceux-ci affectent le cerveau et les systèmes immunitaire et endocrinien, en augmentant la résistance aux maladies et en améliorant la santé en général. En contrepartie, les émotions « négatives » comme la peur, la colère et la tristesse affectent ces mêmes systèmes mais, cette fois, en réduisant la résistance aux maladies et en engendrant une moins bonne santé.
C’est de cette façon, que se sentir stressé peut entraîner une altération de la physiologie et engendrer des problèmes de santé : du cancer aux maladies cardiovasculaires en passant par l’asthme, les troubles digestifs, les problèmes de peau, l’anxiété et la dépression.
Stresseurs émotionnels
Selon le Centre d’études sur le stress humain (CESH) de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, les stresseurs psychologiques correspondent correspondent à des évènements, situations, dangers, ou tout commentaire interprétable négativement. Selon Beck , père de la thérapie cognitivocomportementale , les problèmes individuels dont les troubles émotionnels découlent en grande partie de certaines distorsions de la réalité, fondées sur des hypothèses erronées. L’interprétation qui s’ensuit est généralement en lien avec la réalité de vie construite au travers du parcours de vie. Selon plusieurs études consultées, le stress interpersonnel et le rejet social constituent les stresseurs psychologiques les plus néfastes et les meilleurs prédicteurs d’apparition de l’anxiété et de la dépression.
Comment expliquer ce fait ?
À l’époque des chasseurs-cueilleurs, si quelqu’un était rejeté de la communauté, ses chances de survie étaient très minces. Nous avons donc porté à travers les âges cette peur du rejet ou cette réaction face à celui-ci comme s’il pouvait encore menacer notre survie. Or, il importe de concevoir que de nos jours, la question de survie ne se pose plus et qu’il existe des solutions concrètes face au rejet pour se tourner tout simplement vers un autre groupe, un nouvel emploi, etc.
Physiologiquement, c’est donc l’interprétation du « stresseur » par le « stressé » qui importe. Ainsi, toute situation, même banale ou irréelle, interprétée comme une menace, provoque la cascade neuro-endocrino-immunologique, comme si le danger existait [2] !
Intérêt ostéopathique
Outils pour différencier une pensée rationnelle d’une pensée irrationnelle Voici quelques questions que le patient doit apprendre à se poser afin de vérifier s’il est aux prises avec des pensées irrationnelles, sources de ses troubles émotionnels et génératrices de stress. Les 5 critères de Beck l’aident à confirmer si une pensée est rationnelle ou non. Cette pensée :
Est-elle fondée sur des faits objectifs ?
M’aide-t-elle à protéger ma vie et ma santé ?
M’aide-t-elle à atteindre mes buts à court et à long terme ?
M’aide-t-elle à empêcher des conflits indésirables avec les autres ?
M’aide-t-elle à ressentir les émotions que je veux ressentir dans des situations identiques ?
Un nombre de réponses négatives supérieures à 2 témoigne d’une pensée irrationnelle, le corps entre en état de stress. Il doit trouver une pensée qui l’amène à répondre 3 fois oui afin d’objectiver une pensée rationnelle. Les accords toltèques (cf. annexe 2) sont des grandes lignes de comportements et d’attitudes à adopter fort utiles pour toutes les situations vécues et aident à contrer les distorsions et les charges émotionnelles. De même, la méthode de guérison ho’oponopono, pour les traumatismes et situations diffi ciles, est fort efficace (cf. chapitre 19).
Stresseurs sociaux
Il faut aussi savoir que la causalité entre facteurs psychosociaux et fonctions gastro-intestinales est nette. Parmi ces facteurs, encore une fois, nous retrouvons les traumatismes de l’enfance mais aussi ceux de l’environnement actuel, le faible statut socioéconomique, l’isolement social, le harcèlement moral prolongé, le fait d’être proche aidant, la surcharge domestique ou professionnelle qui peuvent tous participer à l’apparition du syndrome du côlon irritable impliquant douleurs abdominales et pelviennes, infl ammation et modifi cations au niveau du comportement, pouvant conduire à la dépression [3] .
Ceci illustre bien l’importance et l’impact du stress social et émotionnel sur l’entièreté de l’axe C-I-P.
Stresseurs inconscients et alexithymie
Stresseurs inconscients
Plus profondément encore, un stress peut être la résultante d’un refoulement inconscient : peurs, manques, deuils non résolus, mémoire transgénérationnelle, etc.
Il est aujourd’hui reconnu par la communauté scientifique que les effets néfastes non résolus des traumatismes peuvent se transmettre de génération en génération en laissant une empreinte biologique transmise sur les trois à cinq générations à venir [4].
Ainsi, il est fort concevable qu’une peur inexpliquée chez un individu puisse venir d’un événement appartenant à une génération antérieure ! Si l’inconscient ne peut informer le conscient du trouble qui lui pèse et si le barrage perdure, le problème est ressenti dans le corps ; c’est le début de la somatisation et aussi de problématiques de certaines peurs et réactions de protection parfois inappropriées.
Alexithymie
L’alexithymie fait référence à la difficulté à exprimer ses émotions. Elle est associée à une hyporéactivité de l’axe corticotrope, laquelle favorise l’apparition de pathologies psychosomatiques. On retrouve aussi, par perturbation de la sécrétion et de l’activité du cortisol en cas de stress chronique, plus d’inflammation. Ainsi, les personnes qui peinent à verbaliser leurs souffrances seraient plus enclines à développer des affections physiques et inflammatoires. Faute d’expression, les manifestations émotionnelles se somatisent davantage et sont pauvrement régulées, ce qui augmente la probabilité de survenue d’un état de stress post-traumatique [5] et de développement de manifestations psychopathologiques [6] . En effet, les personnes utilisant plusieurs mécanismes de défense tels que le déni et le désengagement par exemple, affi chent des niveaux de cortisol plus bas en situation de stress. Au niveau biochimique, cela se traduit par un déséquilibre entre les deux branches de la réponse au stress, avec un cortisol bas en regard d’une hyperactivité sympathique et donc davantage de douleur et d’anxiété (figure 4.3) [7].
Intérêt ostéopathique Les émotions, qu’elles soient conscientes ou inconscientes, sont engrammées dans le corps, d’autant plus si elles sont inconscientes ou non exprimées. En tant qu’ostéopathe, nous intervenons dans ce schéma. En levant le barrage tensionnel, nous permettons le passage du « stockage émotionnel » de l’inconscient vers le conscient. Ceci permet au patient de prendre conscience de son schéma tensionnel et d’exprimer ce qui peut s’y rattacher (figure 4.4). Accéder ainsi à ses ressources peut l’aider à mettre en oeuvre tous ses mécanismes d’autorégulation physiologique et psychologique afin de tendre vers la résolution du stress vécu. Il faut donc encourager le ressenti, la prise de conscience de la tension inscrite dans le corps, perçue par nos mains, et aider le patient à verbaliser ce qu’il ressent. En toutes circonstances, la verbalisation et l’écriture devraient être encouragées par le thérapeute afi n de favoriser une meilleure homéostasie. Notons toutefois que si le stress verbalisé génère une désorganisation importante, il est de mise de suggérer de consulter un psychologue afi n d’aider le patient à gérer les émotions présentes.
Cas clinique
Au moment de la normalisation d’une tension somatoémotionnelle au thorax en utilisant la méthode de focusing (cf. chapitre 19), une patiente revoit en images une scène détaillée du viol d’une femme qui n’est pas elle. Elle vit à ce moment toutes les émotions comme si cet événement lui était réellement arrivé et ce, tout au cours du dénouement de la tension perçue au thorax. Suite au traitement, elle demeure perplexe quant à la signifi cation de ce que son inconscient lui a manifesté en images. Elle se sent en revanche soulagée alors nous évitons toute supposition et rééquilibrons le SN (système nerveux) en guise d’intégration. Suite à ce traitement, son utérus, qui avait été jusqu’alors toujours en rétroversion, s’est vu se normaliser en antéversion et demeurer dans cette position par la suite. Était-ce un traumatisme transgénérationnel ? On ne peut le confi rmer mais les résultats obtenus sont toutefois surprenants. Cette patiente affi rme s’être vue soulagée, par la suite, d’un poids qu’elle portait depuis des années (cf . figure 4.4).
Stresseurs électromagnétiques
Actuellement, le champ magnétique terrestre se modifie et le bombardement électromagnétique augmente de toutes parts : satellites, téléphones intelligents, ordinateurs, compteurs électriques intelligents, domotique, Wi-Fi, micro-ondes, etc. Ceci entraîne une perturbation des êtres humains, engendrant des réponses de stress, de dépression, d’anxiété, d’insomnie, de vertiges, de céphalées, de spasmes musculaires, etc. En 2007, des scientifiques américains ont exposé des cellules humaines (cultures de neurones et d’astrocytes) à un téléphone cellulaire. Au bout de 2 heures seulement, les résultats démontrent que le téléphone cellulaire augmente les voies apoptotiques (la mort cellulaire) dans les cellules du cerveau, et que les neurones semblent plus sensibles à cet effet [8]. En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les champs de radiofréquences (dont ceux provenant des téléphones cellulaires) parmi les causes possibles de cancer, notamment le cancer du cerveau [9]. La psychologue américaine J.M. Twenge étudie depuis 25 ans le comportement social et affectif des jeunes. Elle a observé ces dernières années, en fait depuis 2012, à quel point les téléphones intelligents, smartphones, ont entraîné un effet catastrophique chez les jeunes. Aux États-Unis, en 2012, plus d’un adolescent sur deux était équipé d’un smartphone. Aujourd’hui, c’est quatre sur cinq. De plus en plus de gens souffrent aussi d’électrosensibilité entraînant toutes sortes de désordres physiques et mentaux.
Intérêt ostéopathique Conseils pour réduire au minimum ces sources de stress
Ne pas utiliser d’écran au moins une heure avant d’aller au lit.
Arrêter le Wi-Fi au moins pendant la nuit.
Éloigner du lit toute source électrique à un minimum d’un mètre, incluant le téléphone cellulaire.
Retirer les téléviseurs de la chambre à coucher.
Éviter autant que possible de parler avec les téléphones cellulaires ou, du moins, utiliser un système mains libres. Les enfants devraient limiter l’utilisation du téléphone cellulaire pour ses effets délétères, leur cerveau n’étant pas à pleine maturité.
Faire changer le compteur intelligent d’électricité pour un modèle plus ancien et ne pas le faire installer sur la maison.
Éviter d’habiter près de tours de téléphonie cellulaire qui émettent des champs magnétiques parfois jusqu’à 7 km environnants.
Virtualité
Dans le même ordre d’idées, on peut supposer qu’à l’ère technologique actuelle, le temps passé devant les écrans, les simulateurs virtuels et les jeux vidéo peut générer une tendance à la dissociation sociale, familiale, mentale, voire à une diminution de l’empathie. En effet, lorsqu’une personne regarde un combat télévisé ou y participe en s’adonnant à des jeux vidéo, la sollicitation des systèmes hormonaux et nerveux peut être la même que lors d’un stress réel. Ainsi, l’accumulation de médiateurs du stress dans le corps, non exploitée physiquement, peut favoriser trop souvent et à moyen terme des états anxieux et, éventuellement, dépressifs.
Intérêt ostéopathique
En tant que société, nous devons faire ce malheureux constat. En tant que thérapeutes, nous devons conseiller les parents et adolescents au meilleur de nos connaissances actuelles. Comme l’utilisation du cellulaire et des jeux vidéo peut également devenir source de dépendance, il faut inculquer, dès le plus jeune âge, une certaine hygiène face à l’utilisation de ces technologies, en limitant leur usage. Limiter leur usage, c’est prévenir la dépression, l’insomnie, l’isolement, les idées suicidaires. Steve Jobs, patron d’Apple, avait interdit le smartphone à ses enfants. De même, Bill Gates, fondateur de Microsoft, ne voulait pas d’ordinateur chez lui. Ces « génies de l’informatique » avaient-ils compris avant nous ?
Rythme de vie
Le rythme de vie effréné auquel la plupart d’entre nous sommes soumis s’avère être un facteur de stress particulièrement important. Non seulement la technologie nous incite désormais à faire plusieurs choses en même temps, mais elle nous garde davantage à l’intérieur. Nous passons donc moins de temps dehors, à faire de l’exercice, etc. La conciliation travail/repos s’en trouve trop souvent affectée, puisque l’accumulation de ces sollicitations mentales mène à une surcharge énergétique qui n’est malheureusement pas assez exploitée physiquement. Il faut bouger plus afi n d’éliminer les métabolites du stress accumulés dans notre corps et notre cerveau. Aussi, il est important de noter que les femmes doivent quotidiennement jongler avec leurs rôles de mère, d’épouse et de travailleuse. Bien qu’elles travaillent depuis longtemps le même nombre d’heures que les hommes à l’extérieur de la maison, elles sont toutefois encore très nombreuses à assumer la grande majorité des tâches domestiques. Il est probable que ce double standard contribue à ce que davantage de femmes vivent un niveau élevé de stress pouvant éventuellement conduire à des problèmes de dépression et d’anxiété.
Intérêt ostéopathique Lors de l’anamnèse, je demande fréquemment quel est le ratio travail/repos et quel est le temps attribué à faire de l’exercice ou réservé pour soi. Force est de constater que trop fréquemment, ce ratio est disproportionné en faveur du travail et des tâches familiales, laissant peu de place à l’exercice, au repos et au temps pour soi. À l’opposé, l’exercice extrême et l’entraînement intense peuvent constituer un facteur de stress. Des mesures doivent être entreprises afi n de contrer cette surcharge. Si ces changements sont impossibles à réaliser, je recommande la méditation pleine conscience et enseigne quelques exercices facilitant la cohérence des différents systèmes : cohérence cardiaque, Wonder Woman posture, points kinésiologiques, etc. (cf. chapitre 20).
Manque de sommeil
Les effets du manque de sommeil sont aussi désormais bien documentés : dépression, vieillissement prématuré, augmentation des maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, etc. Une étude de 2017 révèle qu’il existe des cellules dans le cerveau, les astrocytes, qui éliminent les synapses entre les neurones lorsqu’elles sont privées de sommeil [10]! Ainsi, les synapses, sous l’effet du manque de sommeil, deviennent trop fragiles et se brisent. Les astrocytes, de leur côté, sont stimulés et deviennent plus actifs en cas de manque de sommeil. Ces fonctions sont naturelles mais amplifi ées par le manque de sommeil. On peut donc affi rmer qu’en cas de manque de sommeil, le cerveau… s’autodétruit ! Il semble qu’un tiers des Français souffre d’insomnie et le chiffre est en constante augmentation. Selon l’INSV (Institut national du sommeil et de la vigilance), nous ne dormons plus en moyenne que 6 h 58 heures par nuit, contre 8 h 30 dans les années soixante. C’est pendant la nuit que nos glandes et notre système nerveux se régénèrent. Alors, inutile de penser récupérer des différents facteurs de stress si le corps et l’esprit sont en manque de sommeil…
Intérêt ostéopathique Conseils pour favoriser le sommeil
S’exposer à une lumière réduite le soir (bas voltage) et éviter l’exposition à des lumières fluorescentes, ordinateur, télé, téléphones, tablettes, écran au moins 2 heures avant d’aller au lit. La lumière bleue qu’ils émettent stimule le cerveau et nuit au sommeil.
Favoriser des activités calmantes en soirée.
Prendre des minéraux le soir ainsi que des herbes apaisantes et des vitamines plutôt le matin.
Aller au lit seulement lorsque fatigué.
Éviter de rester au lit sans trouver le sommeil. Changer de pièce au besoin, manger un peu.
Ne pas utiliser la chambre à coucher pour y regarder la télé, y travailler intellectuellement.
Ne pas faire de siestes pendant la journée.
Se lever toujours à la même heure le matin.
Ne pas faire d’exercices tard en soirée.
Prendre un bain tiède (et non chaud) avant d’aller au lit avec si nécessaire des huiles essentielles calmantes : camomille, lavande, fleur d’oranger.
Porter des chaussettes : les pieds froids peuvent empêcher de dormir.
Éloigner toute source électrique du lit. Éteindre le Wi-Fi.
Réduire le tabac, l’alcool, le chocolat noir et le café, les repas lourds tard en soirée.
Apprendre à mettre de côté son stress par des techniques de méditation, de respiration ou en mettant les mains sur le front pour calmer le mental. Écrire sur un papier la To do list du lendemain afin de ne pas y repenser la nuit.
Pollution et vie urbaine
De plus en plus d’indices nous laissent croire que les polluants, dont certains ont une présence plus marquée en ville, ont un effet non seulement sur les stéroïdes sexuels, mais aussi sur les hormones de stress en créant une augmentation de cortisol dans le sang. Ceci provoque un risque accru de stress chronique et de maladies métaboliques ou psychiatriques associées d’après P. Plusquellec, du CESH de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal [11] . Il étudie, entre autres, le lien entre les polluants et le stress. Selon lui, cet effet serait potentiellement plus marqué chez les enfants et les personnes âgées. Parmi les contaminants les plus étudiés, nous retrouvons le plomb, le mercure, les biphényles polychlorés ainsi que les pesticides organochlorés, tous ces contaminants étant reconnus pour leurs impacts négatifs sur les systèmes nerveux et hormonaux. Les questions relatives aux effets neurotoxiques des produits chimiques deviennent de plus en plus pressantes et devraient être examinées de plus près par nos gouvernements. Les recherches visant à identifi er les liens entre les expositions toxiques et les conséquences sur la santé mentale ont une valeur immense pour la santé publique et la société. Quant à la pollution de l’air, une étude récente menée dans la ville de Shanghai confirme que le sang et les urines d’étudiants de la ville respirant de l’air pollué chargé de particules fines contiennent de très hauts niveaux d’hormones du stress (cortisol, cortisone, adrénaline et noradrénaline), de même qu’un fort taux de sucre, de lipides et d’acide gras, à des seuils d’autant plus élevés que le niveau de particules fines dans le dortoir était important [12] . À l’opposé, les étudiants qui dorment dans un dortoir équipé d’un système de purifi cation d’air affichent une moins forte concentration de ces marqueurs de stress. Or, on peut confi rmer que l’exposition à la pollution est corrélée à une pression artérielle plus élevée, une moins bonne réaction à l’insuline et plus de marqueurs de stress moléculaires dans les tissus. Le mode de vie urbain affecterait aussi le microbiote [13] et la santé mentale. Par exemple, en Allemagne, la dépression atteint 40 % de citadins et la fréquence des troubles anxieux est augmentée de près de 20 %. « Le risque de schizophrénie est encore plus fréquent pour les personnes qui sont nées dans une ville et qui y ont passé leurs premières années. » On parle d’un risque 2 à 3 fois plus élevé pour les enfants de la ville par rapport aux enfants de la campagne, selon Andreas Meyer-Lindenberg directeur de l’Institut de santé mentale de Mannheim, en Allemagne. En 2011, des chercheurs allemands et montréalais ont réussi à démontrer, grâce à l’imagerie médicale, que des régions du cerveau réagissent différemment selon que l’on habite en ville ou à la campagne ! En effet, ils ont observé une augmentation de l’activité du corps amygdaloïde chez les personnes vivant dans les grandes villes (100 000 personnes et plus) comparativement à celles vivant dans des petites villes (20 000 habitants). La vie à la campagne solliciterait très peu le corps amygdaloïde. On sait qu’un corps amygdaloïde hyperactif est plus courant chez les gens qui souffrent de dépression et d’anxiété. De plus, ces chercheurs ont noté que les enfants ayant grandi en milieu urbain affi chaient une activité accrue du cortex cingulaire antérieur (CCA) et ce, de façon proportionnelle à la taille de la ville. On sait déjà que le stress chronique est un facteur de risque majeur de troubles psychiatriques et ces chercheurs ont réussi à en montrer le mécanisme neural.
Intérêt ostéopathique
Malheureusement, il n’est pas offert à tous de pouvoir habiter à la campagne. Il est en revanche judicieux, si l’on habite dans une ville ou près d’un axe de circulation important, de prendre un complexe de vitamines B . Les vitamines B sont non seulement importantes pour le cerveau et la santé mentale mais des recherches récentes montrent qu’elles peuvent également être utiles pour se protéger contre la pollution de l’air et les particules fi nes en constatant « une disparition quasi totale des effets néfastes de la pollution » sur les cellules, les mitochondries et l’ADN des participants de l’étude [14] . Prendre l’habitude de marcher dans un endroit où il y a beaucoup d’arbres comme dans un parc urbain est aussi bénéfique.
Métaux lourds
Les minéraux toxiques, dits métaux lourds à tort, constituent l’ensemble des métaux, métalloïdes et non métaux présentant un caractère toxique pour la santé et l’environnement : plomb (Pb), aluminium (Al), mercure (Hg), arsenic (As), cadmium (Cd), nickel (Ni), zinc (Zn), manganèse (Mn), brome (Br), etc. pour ne citer que les plus connus. Certains métaux comme le cuivre, le zinc, le chrome peuvent être nécessaires à l’organisme en petites quantités, mais peuvent aussi devenir toxiques à des doses plus importantes. Dans l’organisme, les minéraux toxiques ont une fâcheuse tendance à s’accumuler et à provoquer des maladies dont la maladie mentale et/ou à accélérer le vieillissement, voire la dégénérescence. Nous pouvons tout simplement nous imprégner de métaux et de non-métaux toxiques en respirant les gaz d’échappement des automobiles, des avions, des industries, etc. Nous en ingérons en mangeant des aliments contaminés, résultat des pratiques agroalimentaires utilisant des composés chimiques qui ont mené à l’explosion des quantités de cuivre, de mercure, de cadmium et de plomb dans les sols et les cours d’eau, contaminant les aliments. Le plomb peut provenir de la vieille plomberie des maisons, ou encore des raccords à l’aqueduc de la ville. Le mercure est un terrible poison marin et sa concentration semble avoir été multipliée par trois depuis la révolution industrielle. Le taux de mercure est ainsi remarquablement haut, en particulier chez les gros poissons comme le thon, l’espadon et l’anguille. Ces poissons sont presque à éviter. Le poulpe, le crabe et l’araignée de mer sont aussi très chargés en métaux lourds. Une intoxication au mercure peut affecter, entre autres, la fonction thyroïdienne [15]. Les femmes enceintes doivent éviter de manger du poisson plus de 2 fois/semaine ainsi que les enfants de moins de 3 ans, à cause des effets du mercure sur le cerveau du foetus et des jeunes enfants. L’utilisation de batteries de cuisine en aluminium ou du papier d’aluminium favorise aussi l’intoxication de la thyroïde. Les vaccins dont les adjuvants contiennent du mercure et/ou de l’aluminium contribuent également à une potentielle intoxication. Certains amalgames dentaires contiennent du mercure et de l’argent. Si l’on suspecte une intoxication, il peut être convenable de faire analyser les métaux lourds par un test de cheveux auprès d’un naturopathe spécialisé. L’analyse de cheveux (non traités) permet de détecter le taux de métaux lourds, ainsi que des oligoéléments et des minéraux. Ce test, peu coûteux, donne une bonne image du terrain. Pour ceux qui s’y sont formés, un test kinésiologique ou la question posée au corps peut aussi donner une idée.
Intérêt ostéopathique Afin de favoriser l’élimination des métaux toxiques, il est important de libérer les émonctoires (intestins, reins, vésicule biliaire, peau, poumons) d’abord en ostéopathie. Le sport et le sauna infrarouge sont excellents car ils font transpirer. La transpiration est une des meilleures voies pour éliminer les métaux lourds.
Pour protéger l’intestin et sa muqueuse, stimuler le drainage hydrique par un apport quotidien majoré de liquide sous forme de tisanes et de thé vert biologique et de décoctions de queues de cerise. Ajouter de la chlorophylle à son eau est tout à fait facile et approprié.
Plusieurs études ont démontré les effets bénéfiques de la chlorelle lors d’une détoxication aux métaux lourds. La membrane fibreuse de cette algue absorbe de nombreux polluants présents dans l’environnement [16]. La consommation d’algues offre également une action à la fois détoxifiante et reminéralisante.
La zéolithe, une sorte d’argile volcanique, est aussi fort efficace. Différentes études ont mis en exergue qu’elle peut piéger le plomb, le cadmium, l’arsenic, le mercure et d’autres métaux potentiellement dangereux. La zéolite semble éliminer les toxines dans un ordre particulier. Durant les premières semaines, elle éliminerait les métaux lourds ci-dessus mentionnés pour ensuite éliminer les toxines issues des pesticides, des herbicides et des plastiques. La zéolite constitue un des éléments les plus efficaces de lutte contre la contamination radioactive dans les sols et au sein de la chaîne alimentaire. Elle aurait aidé à la décontamination de la viande et des animaux vivants touchés par la radioactivité lors du désastre nucléaire de Tchernobyl. La zéolithe riche en clinoptilolite semble constituer un des meilleurs draineurs des radioéléments aussi bien chez les animaux que chez les humains.
Encore une fois, il ne faut pas suggérer d’entreprendre un traitement de détoxication avant d’avoir drainé et s’être assuré de la normalisation des émonctoires, au risque de favoriser une circulation en circuit fermé des minéraux toxiques. Il faut donc s’assurer que les portes de sortie soient ouvertes, donc de l’absence de constipation.
Les reins et les voies urinaires peuvent être aidés par la racine d’ortie et l’aubier de tilleul, le pissenlit, etc., le foie, par une prise de chardon-marie, de curcuma ou de Desmodium.
Une abondance de fi bres doit être consommée pour favoriser un transit régulier.
Le sélénium est antagoniste du mercure, du cadmium et du cuivre.
Le calcium est antagoniste de l’aluminium et du plomb.
Le zinc est antagoniste du plomb, de l’aluminium, du mercure, du cuivre et du cadmium.
Virus
La charge virale n’est pas négligeable comme facteur de stress. En effet, plusieurs personnes subissent des effets à long terme de la contraction d’un virus à l’adolescence ou à l’âge adulte. Le virus peut rester en dormance dans notre système ou dans certains organes et se réactiver plus tard dans la vie, ou encore entretenir de la fatigue et engendrer une cascade neuro-endocrino-immunitaire comme c’est le cas pour l’EBV (Epstein-Barr Virus), le CMV (cytomégalovirus), la maladie de Lyme et l’herpès. Par exemple, une étude a révélé la présence de l’EBV (mononucléose) dans les cellules thyroïdiennes chez 80% des personnes atteintes de thyroïdite d’Hashimoto et chez 62,5% de celles atteintes de maladie de Graves, tandis que les témoins n’avaient pas d’EBV dans leurs cellules thyroïdiennes [1]. Les cellules immunitaires spécifi ques T CD8+ nécessaires pour lutter contre ce virus diminuent avec l’âge et se retrouvent en moins grand nombre chez les femmes et lorsque l’apport en vitamine D est faible. En effet, on constate que les personnes exposées à l’EBV après l’âge de 15 ans ont trois fois moins de ces lymphocytes par rapport à l’enfance, avec davantage d’effets délétères [18]. Le virus réactivé a le potentiel d’induire la production d’anticorps thyroïdiens et est impliqué dans de nombreux symptômes autoimmuns pouvant également grandement affecter l’humeur. Cela dit, la recherche avance dans le domaine de la virologie et l’on découvrira de plus en plus l’impact néfaste des virus EBV et CMV sur la santé, engendrant trop souvent de la fatigue chronique et d’autres symptômes qui demeurent actuellement des mystères pour la science médicale.
Intérêt ostéopathique Si une personne souffre de fatigue chronique, il peut être aidant de demander au médecin de faire une analyse sanguine afi n de déterminer si ces virus sont présents dans le sang, qu’ils soient actifs ou anciens. Ces virus peuvent être parfois traités par un antiviral afin d’abaisser la charge virale et ainsi soulager le système nerveux et endocrinien. Dans le même temps, il convient d’adopter un mode de vie sans stress et de régénérer la flore. La mycothérapie semble avoir des effets positifs pour diminuer la charge virale, ainsi que les vitamines C et D. De plus, il faut toujours s’asssurer d’une fonction optimale de la rate, du thymus et de l’intestin par un traitement ostéopathique approprié.
Alimentation
Hippocrate mentionnait déjà au Ve siècle avant J.-C. que l’origine de toute maladie se trouvait dans l’intestin ! « Nous sommes ce que nous mangeons» , nous sommes aussi, en partie, le reflet de ceux qui nous habitent ! Le microbiote modulé par notre alimentation, comme nous le verrons éventuellement avec le cerveau abdominal, module tout aussi notre humeur et nos comportements. Déjà, Still avait remarqué que l’alimentation jouait un rôle important dans le traitement de la dépression. C. Kousmine, une pionnière des années cinquante, a aussi avancé, malgré l’ostracisme dont elle aurait été victime de la part de ses collègues, que les maladies dégénératives pouvaient découler d’une alimentation inadéquate.
Bien manger est primordial. Aujourd’hui, il y a abondance de littérature sur le sujet : une alimentation riche en fruits et légumes, pauvre en sucres raffinés et dépourvue d’allergènes favorise un mieux-être sur les plans immunitaire, hormonal, infl ammatoire, nerveux et mental.
Ajoutons qu’une dizaine d’études d’universités canadiennes, américaines et britanniques, publiées entre 1997 et 2015, font état d’une chute de la concentration en nutriments dans nos aliments. Même dans les aliments soi-disant sains, les teneurs en vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligoéléments ont été divisées par 2, par 25, voire par 100, en un demi-siècle, sans compter la présence importante de pesticides et d’insecticides ! Pour retrouver les qualités nutritionnelles d’un fruit ou d’un légume des années 1950, il faudrait en manger une très grande quantité, soit environ 10 fois plus ! À titre d’exemple, la vitamine A, importante pour notre vue et nos défenses immunitaires, est en chute libre dans 17 des 25 fruits et légumes scrutés par des chercheurs canadiens. Notre alimentation moderne industrielle, appauvrie et polluée, ne contient pas tous les éléments nutritifs indispensables à notre santé. Voilà pourquoi, malgré une alimentation parfois très saine, peut subsister une certaine dénutrition, d’où le besoin essentiel de recourir à une supplémentation en certains nutriments (cf. chapitre 21).
Outre la présence de pesticides et insecticides ainsi que la dénutrition de nos aliments, le sucre et les intolérances alimentaires représentent un des plus grands stresseurs au quotidien. L’alimentation peut devenir une importante source de stress métabolique mais aussi psycho-comportementale.
Produits laitiers , blé, soja, oeufs, poisson, crustacés, noix, arachide, constituent 90 % des réponses d’allergies alimentaires [19] , et peuvent mener entre autres à des dysfonctions endocriniennes (hypothyroïdie, diabète) et à des troubles psycho-comportementaux : autisme [20] , TDAH (trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité), troubles anxieux, troubles dépressifs et inflammation chronique. Une intolérance aux produits laitiers peut engendrer une accumulation de mucus (ou de flegme) et ainsi entraîner des otites chroniques et des troubles gastro-intestinaux (diarrhée, constipation, gastrite). Les produits laitiers augmentent la fermentation dans l’intestin, l’infl amment et, de ce fait, contribuent à la porosité intestinale. Ils contiennent aussi le facteur de croissance semblable à l’insuline ou IGF-1 qui tend à favoriser la croissance anarchique des cellules, d’où de plus en plus de liens dans la littérature entre le cancer (sein, prostate, etc.) et les produits laitiers. Les produits laitiers contiennent ainsi plusieurs composantes potentiellement problématiques, entre autres du lactose et de la caséine (protéine). Il est inutile de manger des produits sans lactose, ils sont également dommageables car ils contiennent toujours de la caséine. Les réactions néfastes à l’allergie ou à l’intolérance alimentaire sont tributaires d’une réponse immunitaire [21]. Ainsi, la sursollicitation du système immunitaire et l’infl ammation qui en découle peuvent entraîner des dysfonctions endocriniennes et l’apparition de maladies chroniques, cardiaques, auto-immunes, neurodégénératives et psychiatriques [22]. Une étude suggère qu’une exposition au gluten va jusqu’à induire des symptômes de la dépression [23] . De plus, selon une étude récente, la gliadine , contenue dans le blé, entraîne une inflammation de la paroi intestinale et donc une perméabilité intestinale chez tous les individus, qu’ils soient symptomatiques ou non [24] . La porosité intestinale est en lien avec la porosité de la barrière hématoencéphalique d’où sont issues les psychopathologies secondaires à une alimentation inadéquate. Plusieurs études soulignent également qu’une surconsommation de sucre altère aussi bien les fonctions cognitives que notre bien-être psychologique. Les choix alimentaires sont donc primordiaux afi n de garantir l’équilibre du microbiote, influer sur notre capacité à lutter contre les dommages causés par l’inflammation et l’oxydation, renforcer le système immunitaire et fi nalement, contrer les troubles d’humeur, d’anxiété et de dépression.
Intérêt ostéopathique J’ose ici répéter que la correction de l’alimentation constitue une clé au sein du traitement ostéopathique dans l’obtention de résultats à long terme pour contrer le stress, l’infl ammation, toute forme de dysfonction endocrinienne, d’anxiété et de dépression. Nous notons une différence colossale dans la palpation de l’intestin et de l’encéphale lorsque le patient coupe les allergènes et améliore son alimentation. Toutefois, il est important de noter que même ceux qui soignent leur alimentation subissent aussi une certaine pollution alimentaire omniprésente par le biais des pesticides, insecticides, sucres ajoutés, acides gras trans, colorants, glutamate, nitrates, aspartame, antioxydants synthétiques, etc. Une alimentation biologique devrait donc être adoptée autant que possible ou du moins appliquée aux « 12 salopards » selon David Suzuki qui contiennent le plus de pesticides : 1. pomme ; 2. céleri ; 3. poivron ; 4. pêche ; 5. fraise ; 6. nectarine ; 7. raisin ; 8. épinard ; 9. laitue ; 10. concombre ; 11. bleuet ; 12. pomme de terre. Pour ceux qui éprouvent déjà des problèmes de santé et qui souffrent d’inflammation, une alimentation hypotoxique ou de type paléo devrait être envisagée. Plusieurs livres de référence sont disponibles sur le sujet. Ce type d’alimentation, exempt d’allergènes dont entre autres, le gluten, les produits laitiers et exempte de grains pour le paléo, a pour but de diminuer la réponse immunitaire et ses répercussions infl ammatoires sur les cerveaux crânien et abdominopelvien. La responsabilité des acides gras oméga-6, tout comme celle du gluten dans le déclenchement de l’infl ammation chronique, est aujourd’hui bien connue. En revanche, on ignore souvent que des aliments très ordinaires, comme la tomate ou le riz, peuvent être tout aussi problématiques à cause des lectines qu’ils contiennent. De même, les baies de Goji, souvent vendues comme un « superaliment », ne devraient être consommées que très rarement. Les aliments qui contiennent le plus de lectines sont :
les légumineuses, celles du soja étant spécialement néfastes ;
les céréales, le sarrasin ;
les graines crues ;
les produits laitiers ;
le maïs ;
la famille des solanacées : tomates, pommes de terre, aubergines ;
tous les poivrons.
D’autres fruits ou légumes en contiennent mais ils ne posent aucun problème. Les lectines endommagent la muqueuse intestinale car elles ne sont pas digérées par le système digestif humain. Elles déclenchent ainsi une inflammation chronique dans le corps en induisant une porosité intestinale progressive. Le système immunitaire considère éventuellement comme des corps étrangers des aliments ou substances saines passées dans le sang et produit des anticorps contre ceux-ci, exposant la personne au risque de réactions auto-immunes futures. Le fait de ne pas aborder l’alimentation avec nos patients les maintient dans un état de chronicité que l’on ne pourra soulager que momentanément avec notre approche. L’épigénétique prend ici toute son importance. Consulter un naturopathe afin de répondre aux besoins spécifi ques de chacun peut ainsi s’avérer complémentaire. Dans un autre ordre d’idée, notons aussi que certains utilisent l’alcool comme automédication afin d’abaisser leur niveau de stress. Il est vrai que son usage ponctuel peut produire un effet de bien-être mais, consommé de façon régulière, l’alcool engendre un effet dépresseur sur le système nerveux central (SNC). En effet, le risque de dépression caractérisée est 3 fois plus élevé chez les alcooliques [25]. La consommation d’alcool est donc aussi un facteur important à considérer dans notre anamnèse. La consommation de café devrait être limitée pour les gens anxieux ou pour les insomniaques, voire éradiquée pour son effet stimulant.
Cas clinique
Vestibulite, anxiété, insomnie, syndrome prémenstruel
Une patiente de 28 ans est venue un jour me consulter pour une vestibulite et un fort syndrome prémenstruel. Lors de l’anamnèse, je constate qu’elle souffre également d’anxiété (6/10) et qu’elle éprouve des difficultés avec son sommeil depuis l’adolescence. Son énergie est évaluée à 4/10. Elle est capable d’avoir des relations sexuelles mais avec douleur surtout localisée au niveau du vestibule à gauche. Son anxiété se manifeste par des symptômes de diffi cultés respiratoires pouvant être ressenties tout au cours du cycle et majorées en SPM (syndrome prémenstruel). À l’examen, la sphère abdominopelvienne est primaire. Son intestin est douloureux à la palpation et congestif. Son cæcum est augmenté de volume, son sigmoïde spasmé. Son foie est tendu et sa sphère pelvienne, congestive. Son intestin et son foie sont normalisés. Le test kinésiologique et les questions posées au corps confirment qu’elle doit diminuer le sucre et cesser le gluten et les produits laitiers. L’utérus est en latéroflexion gauche avec un col et un corps adhérents au sigmoïde qui contribuent, lors de leur normalisation par voie interne, à diminuer la douleur du vestibule à gauche. Ses dorsales sont par la suite normalisées, tout comme la SSB, sa fosse postérieure et sa 2 e cervicale. Au niveau de l’encéphale, son CPF (cortex préfrontal) droit et le corps amygdaloïde droit relâchent plus facilement lorsqu’elle pose sa main sur son ventre en inhibition, ce qui confirme l’influence montante. Je la revois 3 mois plus tard : son énergie est à 8-9/10, pas de SPM, plus d’anxiété et elle dit dormir comme un bébé. Je lui demande ce qu’elle a fait, elle me répond : Je t’ai vue en traitement ! Puis elle me dit avoir cessé gluten, sucres et produits laitiers au cours des 3 derniers mois… Certes, le traitement aura été sans doute effi cace mais je n’aurais jamais obtenu cette amélioration si signifi cative à moyen terme et ce, dans toutes ces sphères, sans ces changements alimentaires.
Microbiote et parasitose
L’ensemble des micro-organismes habitant notre tube digestif constitue le microbiote, autrefois appelé flore intestinale, essentielle au bon fonctionnement non seulement du tube digestif mais aussi du système immunitaire. Son déséquilibre au profit de mauvaises bactéries et de parasites peut grandement jouer comme facteur de stress internes, oeuvrant à bas bruit et engendrant une cascade neuro-endocrino-immunologique pouvant conduire à des affections mentales. Pour beaucoup, ce déséquilibre peut commencer dès la naissance si la flore de la mère n’est pas saine ou si la personne est née par césarienne. Ici, on parle d’absence de transmission de la flore de la mère vers son bébé, qui se produit normalement lors de son passage dans le canal vaginal. La surutilisation des antibiotiques, l’eau chlorée et fluorée, le manque d’aliments riches en probiotiques contribuent tous au déséquilibre des bonnes et des mauvaises bactéries.
Intérêt ostéopathique Facteurs de stress Le stress, sous toutes ses formes, constitue donc un puissant modulateur des fonctions immunitaires en étroite relation avec le système endocrinien [26] et ces facteurs sont également mis en cause dans la dépression et l’anxiété. Tous les différents types de stress peuvent être cumulatifs dans le corps d’un individu. Ce sont le nombre, l’intensité, la fréquence de chacun des stress et leur durée dans le temps qui conduiront l’individu vers une décompensation progressive, sa capacité d’adaptation étant dépassée (charge allostatique). De plus, chaque individu ne possède pas la même capacité d’adaptation face au stress et ce, dès sa naissance [27] . On comprend donc l’importance de faire une bonne anamnèse afin d’éclaircir tous les aspects potentiellement impliqués dans l’état actuel du patient et de le compléter avec un examen ostéopathique qui prendra en compte ces différentes composantes. L’anamnèse, afin de nous aider à dresser un portrait général, doit tenir compte :
de l’histoire personnelle et hormonale de la naissance à l’âge adulte : type de naissance, stress qu’aurait pu vivre la mère pendant la grossesse, prises d’antibiotiques fréquentes au cours de sa vie, charge virale (EBV, CMV, etc.), adolescence. La personne a-t-elle grandi en milieu urbain ?
de la symptomatologie physique, hormonale, digestive et nerveuse : SCI, éructation, transit, gaz, ballonnement ;
de la sphère gynécologique : cycles, ovulations, menstruations, SPM, préménopause, ménopause, grossesses et accouchements, avortements, dyspareunie ;
des facteurs génétiques et antécédents familiaux d’anxiété, de dépression, de maladies mentales, de troubles endocriniens pour nous aider à déterminer le terrain ;
des voyages : la personne a-t-elle voyagé et été malade ? Des symptômes sont-ils apparus par la suite ? (suspicion de parasites) ;
de la quantité de stress vécus (deuils, abus, rejet, séparation, harcèlement au travail, accidents, maladies graves, déménagements, etc.) : charge allostatique ;
de la perception du stress/10 ;
du niveau d’énergie/10 ;
de la qualité du sommeil/10, de sa quantité ;
de la gestion du stress, des moyens utilisés ;
de l’exercice physique ;
de l’alimentation, de la prise de suppléments alimentaires.
Conclusion
Nous savons désormais que le mode de vie infl ue sur la santé et le cerveau. Le fait de se faire traiter régulièrement en ostéopathie, les choix alimentaires, l’activité physique, de même que la gestion du stress, infl uent sur l’expression de l’ADN. Espérons que ce chapitre aura du moins sensibilisé le lecteur à ces différents perturbateurs pouvant agir négativement sur le potentiel humain et favoriser chez lui, tout comme chez sa patientèle, une prise de conscience plus élargie, une approche plus intégrative des soins ostéopathiques et de la santé en général.
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Nathalie Camirand : Ostéopathe, Montréal, Canada.
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