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L'aide-soignante : accompagnement psychologique et cancer du sein

5 octobre 2023

Par Monique Remillieux

Nous vous proposons de découvrir un article de la revue L'Aide-SoignanteS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

Cet article appartient au dossier du numéro de mars 2023 : L’accompagnement autour de la mastectomie

L’aide psychologique en contexte de chirurgie mammaire

Les personnes atteintes d’un cancer du sein se voient proposer un accompagnement psychologique. Des temps d’écoute, où tout peut se dire, sont mis en place avant la chirurgie et dans les suites opératoires, où le devenir est encore incertain. Toute l’équipe contribue à redonner à ces femmes confiance en elles.

Mots clés – cancer du sein; chirurgie mammaire; écoute; mastectomie préventive; psychologue

Mireille Guillou (Psychologue)

Chaque femme est différente dans son rapport à la douleur, à la maladie et aussi à la dualité vie/mort.

Le diagnostic de cancer du sein chez la femme (plus rarement chez l’homme) est un choc psychologique. Au-delà de la gravité de la maladie se dessine rapidement le spectre des différents traitements à vivre.

Il n’y a pas un cancer du sein mais des cancers du sein. Pour chacun, un parcours spécifique est déterminé. Les trois grands volets thérapeutiques sont : la chimiothérapie, la chirurgie, la radiothérapie. Ils ne seront pas toujours administrés dans le même ordre, mais redoutés pour des raisons différentes.

L’avant-chirurgie

La mastectomie peut être partielle ou complète.

État d’esprit

Pour certaines patientes, c’est une étape attendue. Ce qu’elles désirent le plus est que “disparaisse” la partie malade. Cette attitude existe également quand il s’agit d’autres parties du corps. Pour d’autres, le sein n’est justement pas une partie du corps comme une autre. L’opération devient une phase redoutée, qui va stigmatiser la localisation de la maladie en laissant des traces, des cicatrices, des creux, voire une complète amputation.

Car le sein n’est pas n’importe quel endroit. Chaque partie de notre anatomie a des spécificités réelles et symboliques. Le sein raconte la féminité et la maternité aussi. Il est endroit de plaisir, zone érogène ; il est nourricier. Le sein a différentes fonctions qui jalonnent les étapes de la vie d’une femme.

L’âge de la femme a donc également toute son importance. Et, même s’il est rarement exposé dans la vie de tous les jours, le sein est visible, même vêtu. Très souvent, c’est un jeu féminin subtil de le montrer sans le montrer. Mais comment jouer avec une absence ?

Rencontre avec la psychologue

Chaque patiente qui en exprime le besoin, ou chez laquelle les soignants ont identifié une fragilité, peut bénéficier d’un accompagnement psychologique préparatoire. Ce suivi est mené sur mesure. Une femme n’est pas l’autre dans son lien au corps, à sa féminité, aux marqueurs de sa féminité. Chacune est différente dans son rapport à la douleur, à la maladie et aussi à la dualité vie/mort.

De même, une personne chez qui il a été diagnostiqué un gène mutant la programmant à développer un jour un cancer du sein et qui décide de se soumettre à une mastectomie préventive (prophylactique) doit obligatoirement commencer sa démarche par quelques rencontres avec la psychologue. Cela est en effet loin d’être une démarche anodine, surtout lorsque la maladie n’est pas encore déclarée. Et il s’agira d’une double mastectomie, car le gène mutant exprime le danger, mais ne renseigne pas sur le sein qui est menacé en premier.

Dans tous les cas, la préparation à la chirurgie passe par une écoute des peurs, des anticipations de tristesse, de douleur physique et morale. C’est un espace-temps d’accueil au plus près de ce qu’elles nous disent. La psychologue n’a pas la posture du chirurgien qui explique, ni celle de l’infirmière de parcours qui explique encore, rassure et accompagne. Elle écoute et aide la patiente à réfléchir, à mettre en mots, à oser dire. C’est dans cet espace que cette dernière peut exprimer sa crainte de ne plus se sentir femme, de ne plus être désirée par son compagnon et bien d’autres choses.

Être entendue est essentiel. Pouvoir pleurer sur soi sans aucun jugement l’est tout autant. L’endroit de rencontre avec la psychologue complète les autres phases de soin. C’est un endroit plus neutre, bienveillant. Cet espace va donner la possibilité de lâcher prise, de libérer ses émotions. Un endroit pour soi, de soi à soi où il n’y a besoin de protéger personne. Un espace de liberté.

Rencontrer la psychologue c’est se rencontrer : pouvoir tout se dire à soi-même et à voix haute, absolument tout, sans jugement, sans tabou, sans plan de bataille en réponse, sans « il faut que… », sans « vous devez… ».

Le cancer est comme une parenthèse de vie

L’après-chirurgie

L’importance du travail avant chirurgie prépare l’après. Il y a tout ce qu’on avait imaginé ; après l’opération, la femme vit l’épreuve de réalité de ce qui est vraiment pour soi.

Retourner vers la vie

De fait, l’après-chirurgie est comme un temps de relativisation positive ou négative. Tout peut sembler plus simple que ce que l’on avait envisagé. Il y a le soulagement d’en avoir terminé avec la peur du bloc opératoire, le soulagement d’avoir validé une étape redoutée. Il peut y avoir aussi un refus de rencontrer ce nouveau corps, de regarder la cicatrice, d’accepter la nouvelle réalité. La nécessité de comprendre que ce qui se passe là est un temps transitoire, ce qui est perçu dans ce présent est différent de ce qui paraîtra plus tard.Toutefois, c’est la chirurgie qui détermine de quoi il est question in situ. L’imagerie médicale est précieuse, les biopsies également, mais c’est l’accès réel à l’endroit atteint qui permet de faire le bilan exact de l’étendue des dégâts. Ce sont les retours d’analyse, l’anatomopathologie, qui déterminent les éventuelles étapes de soin.Accompagner de nouvelles étapes, exactement comme la psychologue a accompagné la chirurgie peut être la suite de cette rencontre. Selon les besoins particuliers de la patiente, toujours.Le chirurgien surveille ses sutures ; la psychologue surveille le processus qui consiste pour la patiente à “se recoudre” à sa vie et à la vie. Le corps marqué, même si un peu plus tard il sera réparé plus finement par le chirurgien plasticien, doit refaire alliance avec le psychisme de la patiente.Nous travaillons la confiance, celle envers ce corps qui a trahi d’une certaine façon. Nous travaillons la confiance en soi, la découverte ou la redécouverte de soi.Le cancer est comme une parenthèse de vie, il a été nécessaire d’entrer dans cette parenthèse et il est tout aussi indispensable d’en ressortir.

Accompagnement d’une équipe

Retourner à la rencontre de la vie, de tout ce qui fait “en vie”, de tout ce qui génère du plaisir, tout ce qui remet en mouvement, c’est le travail de tout une équipe au-delà de la psychologue. La socio-esthéticienne est une précieuse ressource. Les coachs sportifs, toutes les propositions de remise en mouvement du corps, de stimulations créatives sont des atouts à glisser dans le jeu des patientes.Chacun participe à les recoudre point par point, avec patience et à leur rythme, à toutes leurs identités, souligner leurs progrès et recueillir leurs ressentis. Car il est nécessaire que la vie refasse sens et que ces patientes ne restent pas figées dans le trauma que le cancer et la peur de la récidive génèrent. Nous les accompagnons pour qu’elles identifient leurs valeurs, ce qui est essentiel pour elles.Il est plus facile de se remettre en marche vers ses valeurs, vers ce qui compte vraiment. Et nous sommes là pour les écouter encore et toujours, les encourager et continuer un morceau de chemin avec elles après la fin des soins si elles en ont besoin. Car chaque histoire est particulière, chaque vécu mérite que l’on s’y arrête.

Déclaration de liens d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.Vous venez de découvrir un article de la revue L'Aide-SoignanteS’ouvre dans une nouvelle fenêtre

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